Certains citoyens préfèrent utiliser les moyens de transport en commun gratuitement. A chaque fois qu'ils trouvent le moyen de resquiller, ils ne s'empêchent pas de le faire. Et tant pis si la société de transport enregistre un manque à gagner! L'Etat est toujours là pour éponger les déficits, il a les moyens pour le faire, pensent nombre de citoyens pourtant cultivés et instruits. En effet, les sociétés nationales de transport ne vont jamais fermer leurs portes et déclarer faillite même si elles n'arrivent pas à couvrir les frais d'exploitation. Et cela rassure plus d'un. De temps en temps, dans le bus, une querelle se déclenche entre le contrôleur et un usager qui n'a pas payé sa place. Ce dernier n'hésite pas à utiliser sa force physique pour le laisser tranquille même s'il est un resquilleur. D'autres usagers sont obligés de payer sur place l'amende ou de fournir la carte d'identité nationale afin que le contrôleur puisse noter leur identité et leur envoyer un avertissement pour paiement. Jihène estime que «les Tunisiens doivent apprendre à payer leurs places quand ils montent dans un bus ou un train. Pourquoi paient-il le téléphone, l'Internet et le pain alors qu'ils hésitent à acheter leurs tickets de transport ? C'est une mentalité à changer». En cas de refus de payer l'amende sur place, la société menace de porter l'affaire au tribunal. Et c'est écrit noir sur blanc. La resquille est une pratique qui date d'une longue période et concerne tous les moyens de transport collectifs (bus, train, métro), surtout ceux relevant du secteur public. Appliquer strictement la loi Les transporteurs privés ont pris leurs dispositions pour contrecarrer ce phénomène. Quand le bus est immobilisé, et avant de monter dans le bus, les usagers doivent payer l'hôtesse. Si le bus est déjà en route, c'est l'hôtesse qui se dirige vers l'usager pour lui vendre le ticket. «C'est le problème de la petite monnaie qui est souvent posé», remarque, cependant, Sami. Il faut distinguer, cependant, entre un usager qui a l'intention de resquiller et un autre qui veut bien payer mais qui n'a pas pu le faire faute de temps. C'est le cas parfois dans le train de la banlieue sud (Société nationale des chemins de fer tunisiens) ou nord (Transtu). Presque tous les jours, des querelles éclatent entre les usagers et les contrôleurs qui ne veulent rien savoir, surtout ceux de la Transtu qui sont assermentés. Ils sont là pour appliquer strictement la loi, ce qui ne plaît pas forcément aux usagers qui pensent que les contrôleurs doivent faire preuve de plus de souplesse et de compréhension. Fadia, étudiante, pense qu'il faut «apprendre à l'enfant dès l'âge scolaire à payer le prix d'un service donné pour que son comportement change à l'avenir». En tout cas, le ministère du Transport et de l'Equipement a lancé, le jeudi 7 avril, une campagne de sensibilisation, intitulée "Mansit Chaii? Khalis et Mokhles Libladi" (Tu n'as rien oublié ? Paie et reste fidèle au pays. L'objectif consiste à sensibiliser les usagers des moyens de transport public collectif (bus, trains et métros) à l'impératif de payer leurs tickets. Il s'agit aussi de préserver le droit du citoyen à un transport décent, de garantir aux sociétés de transport public la protection du matériel roulant et leurs revenus et de limiter les pertes financières «alarmantes», estimées à 14 millions de dinars, que les sociétés de transport public collectif ont subi au cours de ces trois derniers mois. On estime, selon une source au ministère, que les recettes provenant du paiement des tickets de transport ont diminué de 9 millions de dinars, sans compter les dégâts matériels qui ont dépassé les 5 millions de dinars. Les pertes résultant des manifestations et des grèves sont, elles aussi, comptabilisées. Un tour à la gare de bus et de métro de la place Barcelone permet de constater ces affiches de sensibilisation collées sur les vitres des guichets et dans les moyens de transport en commun. A travers cette campagne – qui devrait concerner aussi les différents médias –, le ministère cherche à améliorer un tant soit peu les recettes des sociétés nationales de transport, en attendant l'amélioration des prestations qui restent encore en deçà des attentes des usagers. Au cours des heures de pointe, les bus sont encore bondés et les contrôleurs n'ont pas la possibilité de vérifier le nombre de resquilleurs!