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Bénédiction ou malédiction pour la gestion durable des ressources en eau
Opinions - La révolution tunisienne
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 04 - 2011


Par Raoudha Gafrej*
La Facilité africaine de l'eau (FAE) vient d'attribuer un don au ministère de l'Agriculture et de l'Environnement (MAE) pour l'élaboration de la vision et de la stratégie Eau à l'horizon 2050 de la Tunisie. Ce projet dont le coût global est de 1,5 million d'euros entre dans le cadre de la réalisation de l'un des objectifs du XIIe Plan. Quel avenir pour ce projet après le 14 janvier 2011?
La modeste expérience, acquise à partir de ma participation à la réalisation de trois études nationales stratégiques et à d'autres études dans différents domaines relatifs à l'eau ainsi qu'à l'environnement, m'a permis de comprendre que le diagnostic est fondamental dans la réalisation des études mais aussi que la vision du décideur politique est également cruciale. Il me semble que si les précédentes stratégies nationales sur l'eau n'ont été mises que partiellement en application, c'est qu'elles ne satisfaisaient pas la vision du décideur. Par ailleurs, si elles n'ont pas donné tous les résultats escomptés, c'est aussi qu'elles n'appréhendaient pas correctement les réalités du terrain.
En effet, nous venons de vivre une révolution qui a mis en exergue des anomalies, des débordements ainsi qu'une corruption dans tous les secteurs et les corps du métier. Cette révolte a mis en évidence aussi qu'un grand nombre de données publiées étaient erronées. De mon point de vue, la révolution a remis en cause des chiffres essentiels sur lesquels toutes les études antérieures se sont fondées. La révolution nous a libérés de la dictature, tout en montrant le flou dans lequel nous nous trouvions pour notre planification future et cela dans tous les domaines.
Un grand nombre de chiffres, de données de base qui sont nécessaires pour la mise en place de stratégies et pour une révision de notre mode de développement sont fausses. Elles sont fausses parce qu'elles ont été modifiées sur ordre du pouvoir, à la hausse ou à la baisse, pour prouver que les orientations et les stratégies initiées par nos dirigeants atteignaient leurs objectifs. Elles sont fausses aussi parce que certains projets n'existent même pas ou ont existé et n'existent plus car ils ont été mal faits ou ne remplissent pas les objectifs pour lesquels ils étaient prévus. N'est- ce pas un énorme défi que de réfléchir à l'approche et aux moyens à mobiliser pour assainir cette situation ?
En effet, pourra-t-on construire notre avenir sans une connaissance réelle et sincère de notre histoire ? Sommes-nous capables d'apprendre de notre histoire sur tous les plans pour construire notre avenir ? Comment pourra-t-on faire la part des choses entre le vrai et le faux, car pendant des années, les chiffres, les conclusions, les orientations furent rédigés de façon à satisfaire des objectifs politiques particuliers.
En conséquence, les Tunisiens n'ont pas pris suffisamment conscience des problèmes liés à la gestion durable des ressources en eau et n'ont pas une idée claire des enjeux et des défis qui attendent l'ensemble de la société pour garantir la sécurité hydrique du pays.
L'eau est une ressource fondamentale pour tous les secteurs socioéconomiques et pour les écosystèmes dont dépend notre vie également. C'est pourquoi je ne peux imaginer l'élaboration d'une vision et d'une stratégie pour l'eau à l'horizon 2050 sans construire ensemble un diagnostic partagé, étayé sur une base de données communes, fiables et justes, qui reflète la réalité du terrain. La corruption a malheureusement atteint ce niveau également. Mêmes si les ingénieurs et les experts sont dotés de conscience et d'une honnêteté scientifique pour la réalisation des études, les chiffres publiés ont été tellement trafiqués que je ne vois pas comment il est possible de construire sur cette base «pourrie» une vision et une stratégie pour l'eau à l'horizon 2050.
De la même manière que notre jeunesse a forcé le destin et a initié une révolution exemplaire en renversant ce régime corrompu, nous devrions pouvoir réussir une autre révolution : une révolution de la connaissance, pour l'amélioration de la connaissance de notre environnement, de nos ressources, de nos infrastructures bref, de notre capital, de ses caractéristiques, de ses composantes, de ses atouts, de ses défaillances. Nous devons construire un diagnostic commun, redessiner notre base de données car, et il est malheureux de le dire, la quasi-totalité des informations, des données est tout simplement corrompue. Tout cela me laisse perplexe quand je sais que les ingénieurs et experts n'ont pas été intégrés dans une commission technique en vue de réaliser les objectifs que je viens d'évoquer.
Monsieur le chef du gouvernement, mesdames et messieurs les représentants des partenaires techniques et financiers de la Tunisie, je n'arrive pas à comprendre sur quelle base et avec quels chiffres peut-on planifier des actions et des aides dans tel ou tel secteur ?
Il me semble pourtant clair que la priorité, à l'aube de cette révolution, est de reprendre sur le terrain toutes les données permettant de mettre en place une nouvelle vision de planification, de nouvelles stratégies et tout particulièrement celle de l'eau à l'horizon 2050. Il ne suffit pas de faire et de refaire des études, il faudrait tirer profit des erreurs de gestion, accepter nos erreurs. Il s'agit bien de bâtir une stratégie démocratique de l'eau, car si l'être humain tolère le mensonge, la nature ne le supporte pas. Aussi, dans cet objectif, il conviendrait que tous les projets stratégiques qui engagent le pays à court et moyen terme fassent l'objet d'une consultation publique, ce qui permettrait à une multitude d'acteurs, nationaux et internationaux, d'exprimer leurs opinions et d'apporter, d'une manière démocratique, leurs contributions pour une meilleure efficacité et rentabilité de nos projets. Je cite, à ce titre, le dessalement de l'eau de mer ou le transfert d'eau d'une région à une autre. Tous ces projets doivent être soumis à l'avis du peuple. N'est- ce pas le peuple qui paye les subventions et tout particulièrement celles du secteur de l'eau ?
La stratégie de l'eau à l'horizon 2050 implique également de réfléchir à la question de l'énergie, au devenir de notre agriculture, de notre industrie, de notre tourisme… En effet, elle dépend étroitement du modèle de développement que désire suivre le peuple tunisien et cela en fonction des ressources non seulement en eau mais aussi de toutes les ressources dont dispose notre pays, y compris ses ressources humaines, ses infrastructures, son modèle éducatif et de santé, ses écosystèmes. Une connaissance du réel et du terrain est primordiale. Ne connaissant pas nos vulnérabilités réelles et nos atouts et ne reconnaissant pas nos défaillances, il demeurera difficile de construire une stratégie de l'eau à l'horizon 2050 qui vise la sécurisation de cette ressource en intégrant les effets directs et indirects des changements climatiques sur tous les autres secteurs tributaires de cette ressource.
Est-ce que je peux rêver de voir se former des groupes d'étudiants faisant le tour de la Tunisie pour une mise à jour de nos données de base?
Est-ce que je peux rêver de voir se former des groupes d'ingénieurs faisant l'analyse des périmètres irrigués en vue d'obtenir un diagnostic minutieux des équipements, des types de cultures, des superficies réellement irriguées, des systèmes d'irrigation ?
Est-ce que je peux rêver de groupes d'ingénieurs et de techniciens faisant le diagnostic minutieux des travaux de conservation des eaux et du sol existants réellement sur le terrain, de tous les ouvrages hydrauliques, des puits de surface, des forages, faisant des prélèvements pour connaître la qualité réelle de toutes les eaux continentales, inventoriant les usines polluantes, les rejets illicites, analysant le mode de gestion des déchets et l'efficacité des équipements mis en place ? La liste est longue et ne diminuera que si on commence tout de suite à relever ce défi.
Enfin, Monsieur le chef du gouvernement, voilà de quoi occuper utilement nos jeunes, voilà du travail pour éradiquer la corruption qui a affecté la connaissance de notre environnement. En mobilisant notre jeunesse dans l'élaboration des diagnostics et des inventaires appropriés, nous avons de quoi occuper des milliers de diplômés à la recherche d'emploi, nous avons de quoi les former dans le respect et l'amour de leur patrie, nous avons de quoi apporter du sens à leur avenir.
N'oublions pas le proverbe tunisien qui nous rappelle que « la différence entre un jardin et le désert, ce n'est pas l'eau, c'est l'homme. »


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