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Trois expériences tunisiennes pilotes à l'ordre du jour Colloque africain, aujourd'hui et demain, à Ouagadougou sur le développement de l'agriculture en Afrique
• Objectif : pour une agriculture pérenne capable de s'adapter aux changements climatiques à l'horizon 2030 • Mise en place, depuis 2007, d'une stratégie nationale agricole adaptée aux changements climatiques • L'agriculture, une source de revenu pour près de 60% de la population rurale en Afrique La Tunisie ne cesse de contribuer aux efforts déployés par les pays africains en matière de lutte contre les changements climatiques et de garantie de la sécurité alimentaire. La participation de la Tunisie au colloque africain 2010 qui se tiendra aujourd'hui et demain à Ouagadougou (Burkina Faso) au sujet du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture en Afrique (Pddaa), sera marquée par la présentation de trois expériences pilotes dans le domaine agricole. Le choix s'est porté sur ces recherches qui seront exposées parmi un ensemble d'autres expériences pilotes maghrébines, et ce, après avoir bénéficié de l'unanimité lors de l'atelier régional tenu à Tunis, les 14 et 15 septembre 2010, sur "les stratégies des petits agriculteurs pour réaliser la sécurité alimentaire et le développement en Afrique" en prévision du forum de Ouagadougou. La première expérience concerne la valorisation des déchets organiques dans le milieu rural. Initiée par M.Younès Bellagui, ingénieur spécialisé en énergie, cette technique consiste en la fermentation méthanique des déchets organiques animaux et végétaux. Il s'agit d'un processus naturel de dégradation de la matière organique en absence d'oxygène qui s'accompagne d'une production de gaz méthane combustible. L'ingénieur a déclaré à l'Agence Tunis-Afrique Presse (TAP) que cette méthode de fermentation présente plusieurs avantages, dont la sauvegarde de l'environnement, notamment en milieu rural, et ce, à travers la lutte contre les déchets anarchiques, garantissant ainsi une nette amélioration de la qualité de la production. La deuxième expérience comprend la conception de deux techniques visant l'optimisation de l'utilisation des ressources en eau et l'adaptation aux changements climatiques dans les régions arides et semi-arides dans le continent Africain. Economie de l'eau Conçue par M. Chahbani Belachhab, chercheur à l'Institut des régions arides (IRA) et PDG d'une entreprise industrielle à Médenine, cette invention constitue une solution pour faire face au déficit hydrique dans ces régions. Elle constitue, en effet, l'une des meilleures techniques d'économie de l'eau d'irrigation et d'amélioration du rendement des réservoirs d'eau de pluies (bassins, majels, lacs collinaires, barrages). Elle permet également de développer les cultures pluviales, dont l'arboriculture fruitière. La première technique consiste en le pompage et la distribution gravitaire des eaux des réservoirs d'eau pluviale et des eaux de rétention des petits barrages et lacs collinaires. La deuxième technique brevetée à l'échelle nationale et internationale est basée sur la mise en place de diffuseurs enterrés pour l'irrigation des cultures maraîchères, des arbres fruitiers et des plantes d'ornementation et pour l'injection de l'eau. Cette technique a enregistré des résultats fort encourageants, perceptibles, notamment, à travers l'amélioration du rendement, l'économie de l'eau, la réduction de la salinité du sol et la garantie de l'esthétique de l'environnement. Il convient de rappeler que le chercheur à l'origine de cette technique a obtenu plusieurs prix dans ce domaine, dont le prix 7-Novembre de l'innovation scientifique pour 2009 et celui de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) dans le domaine de l'eau. Des expériences maghrébines présentées La troisième expérience a été développée par M. Adnane Abd Rabou, agriculteur de la région d'El Krib (gouvernorat de Siliana). Elle consiste en l'ensemencement direct des céréales (ensemencement après désherbage de la terre sans travaux de labour). Il a souligné que ce projet a été lancé, en 1999, en s'inspirant des méthodes adoptées dans ce domaine par bon nombre de pays, à l'instar de la France et du Brésil. Ces méthodes, a-t-il dit, ont ensuite été adaptées au climat de la Tunisie. Cette technique, a-t-il indiqué à l'Agence TAP, permet d'accroître le taux de rotation des cultures, d'améliorer la composition et la fertilisation du sol, outre le stockage de l'eau et la lutte contre la pollution de la nappe phréatique et de l'air. Autres résultats positifs enregistrés par cette méthode, largement adoptée par les agriculteurs du Nord- Ouest, la préservation de la biodiversité animale et végétale, l'amélioration de la qualité des semences et des plants, la réduction de l'utilisation des engrais, des quantités de semences et des intrants à la production de manière générale. Plusieurs expériences maghrébines dans le domaine agricole seront également présentées dans le cadre du forum du Pddaa. Il s'agit des expériences relatives à la réduction du taux de déperdition de l'eau et la valorisation des excédents pluviométriques (El Kabail- Algérie), la préservation des écosystèmes (Figuig -Maroc), le renouvellement de certaines variétés d'arbres fruitiers et la sauvegarde des variétés de dattes en voie de disparition ( Meknès-Maroc), la consolidation du système des oasis en matière de lutte contre les changements climatiques (Guelmim-Maroc), le développement des dattiers à travers l'utilisation des énergies renouvelables (Rachidia-Maroc), en plus de la rénovation des terres menacées par l'érosion et l'irrigation par la méthode californienne(Gorgol-Mauritanie). Concertation et copération Ces expériences s'inscrivent dans le cadre du plan d'action sous-régional (Pasr) visant la lutte contre la désertification, l'adaptation aux changements climatiques et la garantie de la sécurité alimentaire dans la région maghrébine. Ce plan a pour objectif d'intensifier la concertation et la coordination au plan maghrébin afin de préserver l'environnement et réaliser le développement durable, à travers la valorisation des résultats de la recherche scientifique et l'élaboration d'une base de données devant favoriser l'échange de données entre les différentes parties concernées par ce domaine. Le Pasr ambitionne également de promouvoir la coopération nord-sud et sud-sud dans des domaines prioritaires (sécurité alimentaire, lutte contre la désertification, les changements climatiques) et de soutenir les efforts déployés au plan national et régional en matière de lutte contre les aléas climatiques. Autres objectifs recherchés, la mise en place d'une stratégie à même de jeter les bases d'une agriculture pérenne capable de s'adapter aux changements climatiques, à l'horizon 2030. Ce plan d'action sous-régional est en parfaite harmonie avec les objectifs fixés par le Pddaa, mécanisme lancé par l'Union africaine et le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad). Partenariat à long terme Evoquant la situation en Afrique, M.Ousmane Djibo, représentant du Pddaa, a mis l'accent sur la recrudescence de la famine dans plusieurs pays africains depuis les années 80, relevant que près des 2/3 des habitants du continent sont actuellement en état de sous-alimentation. Cette situation, a-t-il dit, est appelée à s'aggraver, si rien n'est fait à temps, recommandant de mettre en place des stratégies à même d'identifier les moyens de réaliser les objectifs socio-économiques escomptés. Faut-il rappeler que l'agriculture représente une source de revenu pour près de 60% de la population rurale en Afrique et contribue à hauteur de 17% au PIB. Autre fait marquant dans le continent, l'accroissement du nombre des personnes qui souffrent de la famine à 300 millions depuis la crise alimentaire de 2008. Le programme Pddaa du continent africain vise à approfondir la réflexion sur les politiques agricoles futures, l'utilisation à bon escient des investissements et la mise à profit des opportunités de partenariat. Il s'agit également de porter à 10% du budget la part de l'agriculture et d'atteindre un taux de croissance de 6 %. M. Djibo a ajouté qu'une charte a été élaborée pour fixer les fondements du partenariat à long terme au niveau stratégique, politique et budgétaire, outre la définition des responsabilités des différentes parties (gouvernement, secteur privé, organisations des producteurs, société civile, bailleurs de fonds). Environ 23 pays ont adopté cette charte, jusqu'à ce jour. M. Mabrouk Bahri, président de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) et président de l'Union maghrébine des agriculteurs (Umagri), a affirmé au cours d'une déclaration à la TAP que le forum de Ouagadougou constitue un espace de choix pour la mise en place d'un réseau de partenariats avec plusieurs pays africains, de manière à ouvrir de nouveaux marchés face aux produits agricoles nationaux et faire connaître l'expérience de la Tunisie et ses compétences dans le secteur agricole. Un rendez-vous annuel d'envergure La Tunisie a, dès l'année 2007, réalisé une étude sur les changements climatiques et les écosystèmes, laquelle a permis la mise en place d'une stratégie destinée à adapter le secteur agricole à ce phénomène naturel et en maîtriser la gestion. La stratégie vise essentiellement à promouvoir le système de veille en créant un mécanisme d'alerte précoce doté des techniques de télédétection les plus avancées de manière à consolider les programmes et interventions des multiples structures et mécanismes concernés. La rencontre de Ouagadougou demeure un rendez-vous annuel d'envergure non seulement en tant qu'espace d'échange d'expériences et d'expertises sur l'amélioration d'un secteur stratégique mais également en tant qu'évènement réunissant les décideurs politiques et les parties intervenantes dans le secteur agricole, constituant ainsi une passerelle entre la réalité de l'activité agricole, les expertises que les parties spécialisées offrent et la coordination pour la mise en œuvre des politiques fixées. Le programme du forum mettra notamment l'accent sur l'échange d'informations et de bonnes pratiques concernant l'adaptation aux changements climatiques et la réduction de leurs effets nocifs. Les participants examineront, dans ce cadre, les possibilités d'accès des organisations de producteurs aux mécanismes internationaux finançant les programmes de lutte contre ce phénomène et les techniques offertes pour s'y adapter ainsi que les opportunités pour les petits producteurs de les utiliser (techniques de gestion de l'eau, les intrants agricoles et la production d'énergie).