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Les médias ne reflètent pas les préoccupations réelles de la gent féminine «La femme tunisienne dans les médias après la révolution : entre visibilité et absence ?»
Le ministère des Affaires de la femme a organisé une conférence sur le thème «La femme tunisienne dans les médias après la révolution : entre visibilité et absence ?» qui a été présidée par Mme Lilia Laâbidi, avec la participation de l'ambassadrice du Sénégal en Tunisie Médecins, avocates, ingénieurs, artistes, agricultrices venues des régions, femmes au foyer, elles sont toutes descendues à la rue le 14 janvier animées par le désir de mettre fin à l'oppression. «La révolution a brisé les barrières religieuses, culturelles…unifiant tous les Tunisiens de différentes obédiences et appartenances politiques autour d'un seul et même objectif», a relevé Amel Grami, docteur d'Etat et enseignante universitaire à la Faculté des Lettres, des Arts et des Sciences humaines de La Manouba. Lors de la conférence nationale organisée par le ministère des Affaires de la femme sur le thème de «La femme tunisienne dans les médias après la révolution : entre visibilité et absence ?». L'oratrice qui a présenté une communication sur le thème «Femme tunisienne et médias : entre la visibilité et l'absence» a soulevé plusieurs questions relatives à la visibilité de la femme tunisienne post-révolutionnaire dans les médias après le 14 janvier. Si au début, des compétences reconnues, qu'elles soient avocates, journalistes, sociologues ou politologues, ont été bien conviées pour prendre part à des débats politiques et donner leur avis, leur présence a commencé à se faire de plus en plus rare dans l'espace public dans les semaines qui ont suivi la révolution, a observé Mme Grami. Autant la femme a brillé par sa présence et son engagement dans la révolution, contribuant de toutes ses forces à vouloir changer les choses, autant elle brille aujourd'hui par son absence dans les médias et les grandes prises de décisions politiques. Les médias donnent aujourd'hui l'impression d'avoir échoué à véhiculer les questionnements et les préoccupations des femmes après la révolution et qui pourtant représentent la moitié de la population tunisienne. Sous l'ancien régime, la forte visibilité des femmes dans les médias servait un objectif bien précis, à savoir faire miroiter l'image d'un pays moderne et avant-gardiste qui accorde une place importante aux droits de la femme tunisienne. Aujourd'hui, il semble que ces mêmes médias cherchent à se démarquer de cette stratégie, délaissant du coup ce qui devrait être leur véritable objectif, à savoir refléter les préoccupations réelles des femmes appartenant à toutes les franges sociales et notamment de celles vivant dans les régions. «Quels sont les programmes qui cherchent à s'intéresser aux préoccupations des femmes vivant dans les campagnes ? A-t-on cherché à connaître leur avis sur les enjeux actuels de la nouvelle politique du pays, sur la représentation de la femme à l'Assemblée constituante, sur les prochaines échéances électorales…». Or le pays passe par une phase de transition démocratique dont la réussite découle de la conjugaison des efforts émanant à la fois des hommes et des femmes, a par ailleurs affirmé l'intervenante, qui a proposé que les médias présentent une feuille de route axée sur une meilleure visibilité des femmes et de leurs préoccupations réelles dans les médias. Après la présentation de l'enquête réalisée par Fathia Saïdi, docteur en sociologie, sur la présence et la participation active de la femme sur le réseau virtuel Facebook. Senim Ben Abdallah, sociologue universitaire, a, à son tour, donné une communication sur «L'image de la femme dans les médias post-révolution : regard analytique». L'intervenant a mis l'accent sur le fait que le contenu des médias a profondément changé après la révolution suscitant l'intérêt des Tunisiens qui jusqu'au 14 janvier préféraient plutôt suivre l'information sur les médias étrangers. Mais, «il y a une faible prise en compte des femmes, a relevé le communicateur. La chute du régime a poussé certains médias à prendre leurs distances par rapport à la question de la femme et la société civile n'exerce pas suffisamment de pression pour jouer un rôle de contre-pouvoir par rapport aux dérapages de certains médias sexistes». L'expérience du Sénégal a été présentée par Eugénie Rokhaya, docteur spécialiste en communication et directrice du Centre d'études, des sciences et techniques de l'information de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui a relevé que les préjugés sexistes ont encore la peau dure au Sénégal, freinant ainsi la réelle émergence de la femme dans les postes de décision politiques et dans le paysage médiatique. La deuxième séance s'est articulée autour du thème «Femmes, médias et construction démocratique». Prenant la parole, Anouar Moalla, enseignant universitaire, spécialisé dans la communication et le marketing social, a donné une communication sur le thème «Femmes, médias et transition démocratique : image et engagement», relevant qu'en dépit du rôle majeur que jouent les femmes dans le développement du pays, ces dernières continuent à ne pas peser dans les grandes décisions concernant le pays. Ce dernier, qui a choisi un panel de femmes influentes évoluant dans la sphère politique à qui il a posé plusieurs questions relatives à la visibilité de la femme dans la sphère politique, a exposé les réponses au cours de cette conférence.