Le mouvement de grève qu'ils viennent d'observer leur aurait-il fait perdre les instruments d'un arbitrage lucide, impartial et autonome ? «Ragaillardis» par une solidarité infaillible qu'on ne leur connaissait pas jusque-là, à l'occasion du boycottage de la compétition qui fera date, les hommes en noir ont tristement et maladroitement «étrenné» cet acte qui aura eu le mérite d'interpeller les consciences sur leurs malheurs au quotidien. L'enjeu était de taille‑: leur sécurité et leur intégrité physique dans l'exercice de leur fonction. Mais voilà qu'une fois tues les clameurs de ce mouvement sans précédent, ils brillent par des erreurs monumentales qui ont influé sur le cours des rencontres. Et comme par hasard, ces bourdes «involontaires», se défendront-ils en bonne logique, ont profité à trois grosses cylindrées opposées en la circonstance à des clubs dits de second plan. Le leader espérantiste a bénéficié dans les dernières minutes de sa rencontre face à El Gawafel de Gafsa de la magnanimité de Yassine Harrouche, lequel a fermé les yeux sur un penalty sacro-saint «ignoré» en faveur d'Amir Omrani. Ce penalty aurait eu pour conséquence un tout autre résultat que le (0-0) final. Le dauphin étoilé n'a pas été en reste, l'emportant à Béja sur un penalty que le referee, Slim Jedidi, trouvera avec du recul inexistant. Tout le monde a, du reste, pu mesurer la colère du clan des Cigognes non seulement contre cette décision, mais également contre d'autres : un carton jaune infligé à Boulaâbi, au lieu d'un rouge, sur le penalty accordé à Missaoui (encore un penalty inexistant). Un deuxième but étoilé entaché au début de l'action d'une «tricherie» de Akaïchi, lequel a feint de chercher le ballon de la main. Aux dernières nouvelles, le président de l'OB, Mokhtar Nefzi, devait remettre hier soir sa démission au bureau directeur. Pour ne pas faire de jaloux, Adel Sghaïer a cru bon épouser l'air du temps en validant un but du CSSfaxien — celui de l'égalisation — entaché d'une charge évidente sur le gardien de l'Espérance de Zarzis. Le club noir et blanc revenait de loin… Nous voudrions bien croire à une simple coïncidence pour autant de décisions favorables à la «noblesse» du foot national. Pourtant, le malaise est là : Younès Selmi, revenu à la barre de la direction nationale d'arbitrage, a tout intérêt à rappeler à l'ordre ses protégés qui n'ont assurément pas réussi leur reprise. Car cela fait jaser. Les grands clubs seraient-ils protégés en cette phase cruciale de la compétition ? Jouiraient-ils des largesses des referees, ce qui enfreindrait la règle la plus élémentaire de l'esprit de la compétition‑? Hier soir, la réunion du bureau fédéral avec l'amicale des présidents des clubs n'est pas passée sans qu'on évoque cet aspect et sans qu'on attire l'attention de qui de droit sur cette dérive qui, nous l'espérons, sera reléguée aux oubliettes. D'autant que ces mêmes arbitres, objet de contestation, ont reconnu par la suite leurs fautes.