L'enjeu majeur qui vient d'apparaître dans cette période post-révolutionnaire est notamment celui de l'inégalité de développement entre le littoral et les régions de l'intérieur. Ce qui pousse le gouvernement à entamer une série d'actions et de stratégies d'urgence ayant pour but de rééquilibrer les flux d'investissement. En effet, les bailleurs de fonds sont actuellement sollicités pour appuyer ces démarches. Mais, ces nouvelles priorités semblent incertaines. Au-delà des incertitudes sur les priorités changeantes selon les lieux et les moments d'énonciation des enjeux et des objectifs, la thématique de la durabilité semble entrer, aujourd'hui en Tunisie, dans une remise en cause plus profonde. Prenons par exemple les thématiques du développement durable dans l'aménagement du territoire urbain, des études ont été menées par des organisations étrangères, comme la Coopération allemande GTZ et par l'Observatoire tunisien de l'environnement et de développement durable. Elles ont porté sur l'évaluation de la décentralisation, notamment dans le domaine de l'action environnementale et, récemment, sur la question du genre et de la participation de la femme au développement. Au niveau du discours officiel, la Tunisie a été toujours citée en exemple dans le développement durable, et ce, par le biais de la création de diverses institutions et de la réalisation de multiples projets. Pourtant, plusieurs d'entre eux ont été manipulés par la famille du président déchu, faisant actuellement l'objet d'enquêtes (empiétements sur des terrains publics ou naturels, des procédures interrompues par les ministères de tutelle, etc.), ce qui a retardé la réalisation de plusieurs projets d'intérêt national. Maintenant, on a dépassé ce stade. Le processus de transition démocratique est porteur d'optimisme pouvant donner un nouvel élan, de l'enthousiasme et de l'espérance pour la nouvelle Tunisie en quête de développement équitable entre les régions. Une démarche qui pourrait soutenir la relance économique dans cette conjoncture assez difficile. L'accent doit être mis, à notre sens, sur le rôle stratégique des régions dans la promotion des investissements locaux et étrangers. Il s'agit de créer un équilibre territorial en fonction des potentialités et des richesses régionales et des solidarités locales pour concrétiser la croissance recherchée afin de combler le fossé entre les régions, et de satisfaire les besoins des zones les plus démunies, tout en tenant compte de leurs particularités. Cependant, la politique de l'innovation est également indispensable au développement durable et régional. Cette démarche peut et doit se renforcer mutuellement. Elle doit faire du développement durable et régional une priorité, en ayant recours à la science et à l'innovation. Les enjeux sont majeurs et c'est de leur convergence que sera faite l'économie future. Il est temps de revoir tous les modèles existants et de penser à de nouvelles approches en vue d'assurer un développement économique régional, considéré comme la pierre angulaire du développement durable. C'est pour cette raison que toutes les régions devraient coopérer entre elles, dans un esprit gagnant-gagnant pour pouvoir avancer dans une logique collective. Toutefois, la Tunisie doit continuer à être un partenaire stratégique de l'Europe qui s'engage à accompagner le pays dans cette étape de transition, notamment avec la ferme volonté de rétablir son tissu socioéconomique, dans un cadre de liberté, d'éthique et de transparence. Pour cela, il faut trouver de nouvelles idées pour une éventuelle réalisation de projets dans les régions intérieures. En dépit de l'optimisme des Tunisiens, il est constaté que les efforts déployés par les autorités concernées restent encore insuffisants pour développer un nouveau tissu économique avec des relations interrégionales importantes, compte tenu du retard que ces régions ont accusé. Cela suppose le lancement d'une réflexion pour développer les méthodes de travail, notamment au niveau de l'action régionale. Le gouvernement devrait redoubler d'efforts pour rassurer les investisseurs afin qu'ils viennent investir dans les zones jusqu'ici défavorisées. Même les partis politiques les plus en vue devraient donner des signes concernant leurs choix futurs afin que les hommes d'affaires puissent envisager des scénarios pour la future situation en Tunisie.