S'agissant d'une zone de développement régional, les projets implantés à Siliana sont éligibles à plusieurs avantages fiscaux et financiers. Une aubaine pour tout investisseur. Toutefois, le rythme de création d'entreprises n'a pas atteint les objectifs escomptés. De toute évidence, les incitations fiscales, à elles seules, ne peuvent pas canaliser les investissements vers une destination déterminée. D'ailleurs, cet échec passe en arrière-plan plusieurs difficultés qui dissuadent les promoteurs à s'implanter dans la région et entrave la bonne marche de ceux déjà en activité. Dans les rues de la ville, le nombre de propriétés bâties, fermées et désertées est relativement élevé. La superficie de certaines dépasse les 1.000m2. Outre l'atteinte à l'esthétique de la ville, cela suppose une évenutelle pénurie des locaux, d'où une première difficulté de taille à tout promoteur. «Depuis janvier 2008, jusqu'à nos jours, je suis en train de chercher un lot de terrain de 500 m2, pour bâtir un local» relève M.Faouzi Rbeïhi, propriétaire d'un centre d'appel. Conscient que construire son propre local est une alternative peu réalisable, le promoteur a élargi sa recherche à la location. «Pour accommoder les locaux à l'activité d'un centre d'appel, on est obligé d'engager de grands travaux d'aménagement. Ce qui n'arrange pas les propriétaires» ajoute-t-il. En effet, la ville dispose d'un plan d'aménagement restreint. En dehors du plan, les terres sont à vocation agricole. «La reconversion est difficile, voire impossible» précie M Rbeihi. Le promoteur pense que « le local est le premier handicap à tout investisseur, excepté ceux implantés à la zone industrielle». Toutefois, avec les contraintes de l'ambiance générale du travail, ces opérateurs ne peuvent pas se juxtaposer avec une industrie bouillante. Le promoteur rappelle: «J'ai proposé à maintes fois une zone dédiée aux services». Et d'ajouter «La région dispose d'un seul Cyber parc, alors que d'autres régions comptent plusieurs». Mieux encore, Pour 220 m2 le promoteur paye environ 1.800 dinars. Une assise technologique à renforcer Compétitivité oblige, les opérateurs cherchent à se doter des technologies les plus avancées et les logiciels les plus évolués. Mais le bon fonctionnement de ces outils est tributaire de la qualité de l'infrastructure technologique disponible. A cet égard, M.Faouzi déplore les services de communication disponibles à Siliana. Il explique que «Forcément, la connexion mise en place en 2002 n'est plus compétitive en 2011. Jusqu'à maintenant, à Siliana, on utilise une logique filaire, linéaire et câblée. D'autres gouvernorats disposent d'une assise technologique plus moderne, notamment la liaison V-Sat, les fibres optiques, la voix-IP, nécessaires à toute activité à forte teneur technologique». La structure des coûts de son activité est composée principalement par les charges de la communication. Avec une enveloppe mensuelle avoisinant les cinq mille euros, la compétitivité de son centre de contacts laisse à désirer. En se référant à ces débuts, en 2004, il a rappelé les problèmes de financement que rencontre tout jeune promoteur. «Pour surmonter cet handicap on est obligé de contracter des crédits fournisseurs, très coûteux. Cette fragilité financière entrave la bonne marche des affaires. Ce qui explique notre passage tardif à l'élan international» soutient-il. La lenteur administrative «On n'a répondu à aucune de mes requêtes; ni au niveau régional, ni au niveau central» s' alarme M.Sami Ben Moussa, promoteur immobilier. Ainsi, il impute les problèmes des promoteurs de la région, à la lenteur administrative et certaines pratiques illicites. Le constat est flagrant : le seul foyer universitaire privé de la ville, n'héberge pas d'étudiants. «L'effectif des étudiants dépasse largement la capacité d'accueil du foyer universitaire public. Mais les autorités ont décidé de les accueillir dans des conditions indécentes» relève le promoteur. Face à ce blocage qui a duré plusieurs années, il a fait recours à toutes les administration et tous les bureaux. «L'un des directeurs m'a demandé de faire des acrobaties» a-t-il rappelé. Le deuxième projet de polycliniques pluridisciplinaires n'a pas encore vu le jour, malgré la satisfaction de toutes les charges et toutes les conditions. Des accords de principe des bailleurs de fonds au visa du ministère de tutelle, en passant par l'achèvement des constructions, toutes les composantes sont réunies pour démarrer la clinique. Et ce, depuis des années. Mieux encore, «Mon associé étranger s'est engagé à apporter le matériel nécessaire». Lors de la constitution, le promoteur a étoffé l'actionnariat du projet en vue d'impliquer tous les ressortissants de la région. «L'un des infirmiers a participé avec une seule action» a expliqué le promoteur. Preuves à l'appui, plus de deux millions de dinars ont été immobilisés dans ce projet, non encore productif.