La crise financière qui a frappé de plein fouet l'économie ultralibérale de la planète bleue, ces dernières années, a eu des répercussions directes sur le pouvoir d'achat du simple citoyen du monde et un impact direct sur ses dépenses au quotidien. Malheureusement et contrairement à ce que disaient les conseillers et les analystes économiques sous nos cieux à l'époque de ZABA, notre chère patrie a subi aussi la loi de cette débâcle économique et l'effet papillon des fameuses subprimes US. Mais pour des pays comme la Tunisie, avec l'absence de chaînes de magasins hard discount ou maxidiscount (magasin libre-service à prédominance alimentaire qui se caractérise par des prix en dessous de la moyenne, une petite surface de vente et un assortiment de produits restreint), la vie a été dure pour le père de famille qui avait à sa charge produits alimentaires (lait, autres condiments, et couches de rechange pour bébés, etc.) sans parler des autres charges (électricité, gaz naturel, eau et frais de scolarité, etc.). Parallèlement, au pays de sa Majesté, les Britanniques jouissent d'un modèle de harddiscount unique de son genre offrant le tout à un prix symbolique : 1 Pound* (livre sterling) britannique. Selon David, gérant du magasin Poundland situé à Queen Street (l'artère huppée du shopping) au cœur de la ville de Cardiff, la capitale du Pays de Galles, Poundland est une chaîne de magasins de variété basé au Royaume-Uni (Irlande du Nord, Ecosse, Angleterre et Pays de Galles). Cette chaîne de magasins a été créée en avril 1990 par Dave Dodd et Stephen Smith. Il ajoute : «Le stock de Poundland offre une variété avoisinante les 300 produits (vaisselle, cadeaux, produits de soins de santé et d'autres produits) répartis dans 16 catégories dont beaucoup sont des produits de marque». Stratégie de vente : «Yes, Everything's 1 Pound!» Comme beaucoup de ses concurrents, Poundland exploite une ligne de produits constamment en rotation avec des produits vendus à seulement 1 livre sterling. Bien que la vente au détail «prix-ponctuel» a été inventée aux Etats-Unis durant les années 1870, la chaîne affirme avoir introduit ce concept en Europe et être le plus important détaillant discount à prix unique en Europe. Le principal avantage de vente de la chaîne Poundland réside dans la cohérence proposée sur ses étalages. Alors que d'autres détaillants doivent se prononcer sur le prix de chaque produit, Poundland offre le tout à 1 Pound et a toujours fait la promotion de cette stratégie à travers son slogan: «Yes, Everything's 1 Pound!» (Oui, tout est à 1 livre sterling!»). Bien que le détaillant ait rencontré dans ses débuts le scepticisme initial de certains fournisseurs qui se sont inquiétés de la perspective de vendre leurs marques dans un environnement réduit, cela a été vite dissipé et les fournisseurs de grandes marques désormais traitent directement avec ce genre de détaillant. En outre, les fournisseurs ont pu déceler concrètement les avantages de cette stratégie : surtout que les produits sont plus rapidement écoulés que chez les grands distributeurs avec une marge de bénéfice qui se base sur le volume de la quantité vendue. Par exemple : mieux vaut vendre un million d'articles avec des bénéfices pour la pièce à 5 de nos millimes que de vendre 300 articles avec un bénéfice à la pièce de 10 de nos millimes. Un rapport qualité/prix nettement meilleur De son côté, Steve Liland, un habitué du magasin, affirme que certains produits de marque sont proposés moins cher ou avec une meilleure valeur que celles proposées dans les grandes chaînes de supermarchés. Ainsi, le prix unique appliqué dans toutes les gammes de produits de Poundland crée la perception du client de négoce. Par exemple, deux reporters du journal Daily Mirror ont comparé en novembre 2009 les prix des produits de marque vendus à Poundland avec les mêmes produits dans les magasins et les hypermarchés de la grande distribution, il s'est avéré que le rapport qualité / prix était nettement meilleur à Poundland. Il ajoute : «Les superviseurs de la qualité des produits proposés chez Poundland ont tendance à parler positivement de la chaîne sur de nombreux sites en ligne d'examen, mais certains ont tendance à critiquer l'agencement des magasins pauvres, la conception et la surpopulation, ainsi que le service à la clientèle et l'insuffisance des connaissances du personnel. Malgré cela, dans une enquête menée chez le détaillant en juillet 2007, 99% des répondants ont dit qu'ils recommanderaient la chaîne». Selon les flyers distribués dans le magasin, la société revendique le fait que son magasin à Croydon (une ville de la banlieue sud de Londres) est le débouché le plus achalandé en prix unique dans le monde, générant plus de 9 millions de livres sterling de revenus par an avec 30.000 clients par semaine; la société estime qu'elle dessert 2,75 millions de clients en moyenne par semaine. La chaîne emploie 7.000 agents (selon les statistiques de 2010) et leur syndicat d'entreprise est Union of Shop Distributive and Allied Workers (USDAW). Leur plus proche concurrent sur le marché est 99p Stores, qui propose des prix inférieurs d'un sou à ceux de Poundland. Lors de son adhésion en tant que P.-dg de Poundland en 2006, James McCarthy avait des plans pour élargir l'offre de prix et d'augmenter la marge, en envisageant des articles à 2 livres sterling, une section pour les produits à 50 sous, une zone d'actualisation, et ainsi de suite. Un profit de 11,8 millions de livres sterling en 2009 Toujours selon David, malgré l'inflation croissante dans tout le royaume et la cure d'austérité instaurée par le gouvernement conservateur de David Cameron, les magasins Poundland ont connu ces dernières années une forte croissance des ventes et ont maintenu aussi une croissance constante des bénéfices. En effet, Poundland, contrairement à beaucoup de ses concurrents, a été l'un des rares à faire état de fortes ventes dans une période de crise économique, avec des recettes 2008-2009 d'un peu moins de 400 millions de livres sterling en hausse à partir de 330 millions de livres sterling pour l'année 2007-2008. D'autre part, en 2008, la chaîne a enregistré comme bénéfice d'exploitation 16 millions de livres sterling, des revenus estimés à 396 millions de livres sterling en 2009 et un profit de 11,8 millions de livres sterling en 2009. Cela, entre autres facteurs, a été facilité par une solide base de clientèle des acheteurs à prédominance féminine chaque semaine dans les catégories C1, C2, D et E (un système de classification démographique utilisé au Royaume-Uni définissant la classe ouvrière). Malgré cela, Poundland n'a pas été totalement à l'abri de la récession. Le détaillant a été contraint de fermer les magasins qui ne sont pas financièrement viables, même s'ils étaient bien placés. Cela a été le cas avec leur magasin à West Ealing, où les coûts élevés de location ont été l'une des raisons pour lesquelles la société a été contrainte de fermer ses portes. En revanche, malgré que la chaîne a connu la plus forte croissance et des ventes pendant la récession, le manager du magasin affirme que ce genre d'entreprises offre l'avantage d'être plus robuste en temps de crise et plus facile à gérer malgré l'état de l'économie actuelle au royaume. Alors on se demande : à quand de telles initiatives dans nos contrées ? Espérons que ça ne sera pas quand les poules auront des dents ! A.A.H. * 1 Pound (livre sterling): 2,245 dinars tunisiens Ils ont dit : Sue McBride (32 ans, au chômage): «Poundland et 99p Stores représentent une bénédiction du bon Dieu en ces temps de crise. Il faut dire que le Pays de Galles connaissait jadis une activité minière prospère. Mais avec le déclin de cette activité, plusieurs Gallois ont perdu leur job. Le pays souffre d'un taux de chômage avoisinant les 12%. Ainsi, de tels magasins représentent une bonne bouffée d'oxygène pour la classe ouvrière et les chômeurs». Mary Thunder (68 ans, retraitée): «Pour nous les retraités, Poundland est le paradis sur terre. On y trouve de tout avec des prix à la portée. Certes, les gens, lors de ses débuts, ont été très septiques mais au fil des années, la majorité des Gallois ont pris l'habitude de se ravitailler chez Poundland». Stuart Savage (42 ans, avocat) : «Il faut dire que toutes les classes sociales du Pays de Galles ont pris des magasins comme Poundland et 99p Stores leurs QG. Avec la cherté de la vie au Royaume-Uni, ce genre de hard discount bon marché représente une excellente alternative pour le citoyen britannique». Pablo Sanchez (28 ans, touriste espagnol) : «Chaque fois que je viens en Grande-Bretagne, j'en profite pour passer par Poundland. Pour nous les touristes, ce genre de magasins est très adapté à nos bourses. Ça nous aide dans nos dépenses et dans notre shopping. J'espère qu'on aura de pareils magasins à Séville».