• Pour un fonds national de développement régional • Appel à la création d'un «capital régional» dans les régions intérieures Quatre mois après la révolution, le gouvernement provisoire a lancé samedi sa première consultation pour examiner le programme des réformes et d'appui à l'activité économique, intitulé "gouvernance et opportunités", avec la participation des différentes composantes de la société civile (partis, associations,secteur privé, universitaires et professionnels). Ce programme, qui nécessite, d'après le ministre de la Planification et de la Coopération internationale, M. Abdelhamid Triki, un budget de 2400 millions de dinars, va être cofinancé par des bailleurs de fonds régionaux et internationaux. Intervenant sur la question du développement régional,les représentants des associations de développement ont recommandé la création d'un "capital régional" dans les régions intérieures à l'instar de celui des régions côtières. Ceci passe, ont-ils dit, par l'élaboration de plans de développement et la création de fonds spécifiques à ces régions, tout en y facilitant les procédures administratives concernant la création de projets. Ils ont suggéré, aussi, la création de projets mixtes par l'Etat et les jeunes promoteurs dans les régions intérieures, optant pour un "retrait progressif" de l'Etat du capital de ces projets au profit des jeunes promoteurs. "Etant donné qu'elles sont plus proches des habitants des régions, les associations de développement devraient être associées davantage aux programmes et aux plans de développement des régions intérieures et bénéficier de lignes de crédits pour y financer des projets", ont-ils encore souligné. Les mêmes responsables ont suggéré l'amendement, sur le plan institutionnel, de la loi sur les associations dans le sens d'un renforcement de leurs activités sociales et économiques. Pour des mesures urgentes et rationnelles En ce qui concerne les partis, le représentant du MDS (Mouvement des démocrates socialistes) a appelé à la création de pôles de développement socio-économiques actifs dans les régions, la création d'un fonds national de développement régional et la réforme du régime fiscal, en vue de permettre aux régions de tirer meilleur profit des recettes fiscales. Le représentant de l'Ugtt (Union générale tunisienne du travail), a critiqué pour sa part, l'organisation de cette rencontre, relevant qu'il ne s'agit pas d'une consultation mais plutôt "de pensées". "Ni son timing, ni la méthode d'informer les parties concernées ne répondent aux critères d'une consultation", a-t-il dit, qualifiant le programme de réformes proposé par le gouvernement provisoire "d'ambigu". "Le gouvernement actuel est appelé à décider des mesures "urgentes" et "rationnelles" pour résoudre le problème du chômage", a-t-il lancé. Le représentant du mouvement "Ettajdid" , a également critiqué l'organisation de cette rencontre, considérant qu'une consultation nécessite une préparation préalable par des commissions de travail et l'examen des dossiers avant la date de son organisation. Le mouvement Ettajdid "ne peut dire, par conséquent, qu'il a été consulté mais plutôt informé", a ajouté le représentant du parti, faisant remarquer que toute consultation et tout dialogue concernant les aspects économiques et sociaux dans la conjoncture de la révolution sont "très difficiles" et presque "impossibles". Le représentant du parti " la Tunisie verte " a appelé à promouvoir l'économie verte qui est à même de contribuer à la création de 50 mille emplois. Certains économistes et juristes ont appelé à revoir certains grands projets " inefficaces " et à arrêter leur mise en oeuvre outre la révision du programme de convertibilité du dinar. Pour ces experts, la problématique posée actuellement porte sur les moyens d'impulser l'investissement et la demande intérieure, estimant que les programmes du gouvernement provisoire ne sont pas intégrés et n'obéissent pas à une stratégie préalable d'autant qu'ils sont adoptés sous la pression des revendications sociales et dans une situation d'urgence. Ils ont évoqué la nécessité de bien étudier les propositions relatives à l'accès aux documents administratifs, aux marchés publics, aux sociétés de capital risque outre l'importance de la révision du Code d'incitation à l'investissement. Des intervenants ont appelé à ne pas reporter la date des prochaines élections prévues le 24 juillet, "seule date à mêmede créer l'espoir dans toutes les régions sans exception". Ils ont souligné l'importante d'avoir des conseils régionaux élus, représentatifs dans les régions et la nécessité d'encourager davantage l'investissement dans les régions défavorisées. Indemniser les entreprises sinistrées Pour certains intervenants, il est tout d'abord nécessaire d'instaurer la confiance entre les différentes parties, d'opter pour des formules plus crédibles en matière de distribution de la richesse entre les régions, de créer des structures locales représentatives du citoyen où qu'il soit et de faire participer la société civile à la prise de décision et sa mise en oeuvre. De son côté, le représentant de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap)a indiqué que l'organisation prépare un document de synthèse portant sur les propositions des professionnels pour le développement du secteur à court et à moyen termes et ce dans le domaine de l'emploi, de l'endettement des agriculteurs et de l'amélioration de la productivité. Pour sa part, la représentante de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat a appelé à l'accélération de l'indemnisation des entreprises sinistrées, en raison des actes de déprédation et de pillage, mettant en relief l'importance de rétablir la sécurité afin de permettre aux entreprises économiques de poursuivre leurs activités. Le patronat, a-t-elle dit, mène des actions de communication à l'étranger afin de drainer l'investissement étranger, précisant que les investisseurs réclament le rétablissement de la sécurité et la fin des sit-in pour s'installer en Tunisie. D'autres participants ont évoqué la nécessité d'adopter une stratégie de communication destinée à la communauté tunisienne à l'étranger afin de mettre à profit leurs capacités pour appuyer les efforts de l'Etat dans le domaine de la recherche scientifique.