La ville, plus exactement l'ancienne ville de Kébili, un véritable joyau de l'architecture oasienne, a accueilli, samedi 21 mai, une rencontre sur le thème «Le tourisme solidaire à Nefzaoua, une alternative viable». Le choix de cette localité a été dicté par sa situation au carrefour de deux préoccupations : sa réhabilitation en tant qu'espace de vie économique et social et son intégration dans un projet de développement durable basé sur la gestion intégrée des ressources des anciennes oasis de Nefzaoua. A l'invitation de l'Association de sauvegarde de l'ancienne ville de Kébili (Asak) et en collaboration avec l'ONG italienne Cospe (Coopération pour le développement des pays émergents) et le réseau Aremdt (Agir responsable en Méditerranée par le développement du tourisme solidaire) qui ont délégué des représentants à ce rendez-vous, des opérateurs de tourisme de la région, des artisans, des artistes et des animateurs de la vie culturelle ont planché une journée durant, sur les perspectives de développement d'un tourisme alternatif dans la région de Kébili. De telles rencontres s'organisent généralement en ville dans des espaces idoines, ce à quoi les organisateurs ont préféré la vieille ville située en bordure de l'ancienne oasis qui est en voie de désintégration accélérée et qu'ils s'évertuent par tous les moyens de remettre au centre des préoccupations des citoyens en tant qu'élément de base de leur identité, mais aussi en tant que facteur de développement local s'ils parviennent à en faire un pôle touristique. L'option touristique est posée de longue date. Avec elle s'est tout de suite posée la question du choix de la formule appropriée, s'agissant d'un produit spécifique (cité et oasis imbriquées, toutes deux à l'état d'abandon depuis déjà une génération, mœurs d'une population profondément conservatrice) dont l'exploitation ne saurait s'accommoder de schémas qui ont prévalu ailleurs, fût-ce à une encablure de là, à Douz, par exemple. La population a déjà décliné une offre d'exploitation émanant d'un richissime promoteur oriental qui aurait abouti à l'aménagement d'une enclave bétonnée à l'usage d'une clientèle de haut standing et qui l'aurait dépossédée de ce patrimoine. Son choix s'oriente plutôt vers une réappropriation progressive des deux espaces (urbain et oasien) et leur recyclage dans le circuit économique sur la base des savoir- faire traditionnels revisités à l'aune des exigences actuelles. Déjà, des projets Cette quête a naturellement désigné Kébili pour accueillir cet atelier sur le tourisme solidaire. L'assistance n'était certes pas massive mais elle comprenait, outre le commissaire régional au tourisme, des acteurs de la société civile de Tunisie et d'ailleurs venus familiariser les présents avec la notion de tourisme solidaire et ce qu'elle implique aussi bien pour les prestataires que pour la clientèle, et de petits opérateurs locaux dans les domaines du tourisme et de la culture, venus faire part de leur vision en matière de tourisme alternatif, de leurs difficultés et de leurs attentes. Il y avait, là aussi, de simples citoyens gagnés par la nostalgie. En dépit de la conjoncture, l'assistance a bien senti l'opportunité de mettre en place ce tourisme alternatif dans le périmètre de l'ancien Kébili. Déjà, des projets de réhabilitation de demeures ancestrales en vue de les transformer en maisons d'hôtes ou en espaces commerciaux se sont esquissés. Ils viendront se greffer à ce noyau naissant autour du siège de l'Asak qui accueille une exposition permanente de produits d'artisanat local organisé à l'initiative d'un comité d'arts plastiques , créé au mois d'avril dernier et qui regroupe 3 encadreurs (des diplômés des beaux-arts) qui ont fait du bortâl (passage voûté attenant au local) une galerie d'art de plein air, ainsi qu'une douzaine d'artisans dans des spécialités locales (menuiserie du bois de palmier, tresse du jonc, sparterie, tissage en laine, extraction d'essences odoriférantes, etc). Sans attendre la réhabilitation de tout l'ancien village, la population de Kébili-ville a déjà pris l'habitude, le week-end, de prendre le chemin de Kébili l'ancien pour y pique-niquer (au risque de mettre le feu à la baraque !) et pour profiter de l'animation qui se développe autour de l'Asak. Reste que le projet de renaissance du village ancien et de l'oasis ne doit pas reposer sur l'illusion d'une intervention extérieure providentielle, mais sur une démarche réellement solidaire, sur une mobilisation des bonnes volontés locales (les jeunes, surtout, qui ont là l'occasion de matérialiser les idéaux de la révolution qu'ils ont triomphalement conduite) en organisant des chantiers de volontariat pour restaurer, réhabiliter tout local qui pourrait accueillir une activité touristique ou para-touristique, un espace culturel ou de loisirs. Une campagne bien orchestrée (à laquelle nous pourrions participer) pourrait drainer un nombre considérable de bénévoles dans tous les domaines et de toutes parts pour avoir l'honneur de participer à la renaissance de l'ancien Kébili et pour témoigner de manière active et désintéressée l'engagement des Tunisiens et de leurs amis dans toute œuvre de sauvegarde et de réhabilitation du patrimoine.