Décidément, la valse des chiffres se poursuit. Après la révolution du 14 janvier 2011, comme avant. C'est le cas, aujourd'hui, du taux de pauvreté qui se trouve au cœur d'une polémique. Le taux de 24,7% annoncé à la fin de la semaine dernière par M. Mohamed Ennaceur, ministre des Affaires sociales, devant les membres de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution a fait, hier, l'objet de rectification, de recentrage et d'éclaircissements. L'occasion: la rencontre bi-hebdomadaire pilotée par la cellule de communication relevant du Premier ministère. Les auteurs des rectifications ayant essayé de remettre les pendules à l'heure: MM. Tarek Ben Youssef, directeur de l'informatique et des méthodes au ministère des Affaires sociales, et Yassine Jmel, directeur adjoint des enquêtes sociales à l'Institut national de la statistique. M. Ben Youssef souligne que, dans le monde, il existe plusieurs méthodologies en vue de la définition du seuil de pauvreté dont les plus importantes sont celles pratiquées par la Banque mondiale, l'Union européenne et les Nations unies. «Au ministère des Affaires sociales, nous sommes partis des dossiers que nous avons à notre disposition. Il s'agit du registre de la pauvreté qui englobe 700.000 citoyens, du registre des familles bénéficiant de soins gratuits dont le nombre s'élève à 559.000 auxquelles nous avons ajouté le nombre des veuves bénéficiaires de pensions familiales et nous sommes parvenus au taux de 24,7% révélé par M. Mohamed Ennaceur», a-t-il précisé. M. Ben Youssef précise qu'il y a d'autres indicateurs tels que la qualité de la vie ou la santé qui peuvent être exploités et aboutir à d'autres taux. «Cependant, le ministère des Affaires sociales ne met pas en doute le professionnalisme des agents qui exercent au sein de l'Institut national de la statistique qui peuvent soumettre à l'opinion publique d'autres chiffres», indique-t-il en conclusion. Avis partagé par M. Yassine Jmel, qui apporte une rectification d'une importance majeure en soulignant qu'à la base de la méthodologie retenue par la Banque mondiale et pratiquée par l'Institut national de la statistique depuis 2005, le taux de pauvreté officiel est de 11,5%. «Ce chiffre a été révélé au public en 2005 et a été même publié par un journal de la place mais, depuis, l'Institut a fait l'objet de pressions sur la méthodologie à choisir (entre le seuil de pauvreté maximale ou minimale) pour fixer le taux officiel». «Avec le taux de 11,5% révélé en 2005, le nombre des pauvres serait de 1.200.000 citoyens dont 29,4% vivaient dans les gouvernorats du Centre-Ouest, 5% dans celui de Sousse et 13% dans les régions du Sud», confie encore M. Jmel. Il souligne qu'il n'y a jamais eu, à l'époque déchue, de trafic ou de fabrication de statistiques, «seulement, les responsables de l'ancien régime pratiquaient la censure et sélectionnaient les chiffres qu'ils estimaient répondre le mieux à leur propagande». Comment l'INS a-t-il réagi au chiffre annoncé par le ministère des Affaires sociales ? «Nous considérons que le taux de 24,7% arrêté sur la base des registres à la disposition du ministère ne peut être considéré comme un taux scientifique. D'ailleurs, l'institut tiendra la semaine prochaine une conférence de presse au cours de laquelle des éclaircissements seront fournis sur les indicateurs sociaux et sur la valse des chiffres qui diffèrent d'une source à l'autre et ne font qu'accentuer l'inquiétude et les soupçons des uns et des autres», tient à préciser M. Yassine Jmel. Tunisie Télécom : une solution dans les prochains jours Evoquant la crise qui secoue depuis près d'un mois Tunisie Télécom, M. Moëz Ben Mahmoud Hassen, représentant de la société, a annoncé que des négociations tripartites (Tunisie Télécom, syndicat et le partenaire stratégique émirati) ont démarré et l'on s'attend à une solution définitive du problème des contractuels dans les jours à venir. Quant à M. Kadhem Zine El Abidine, représentant du ministère de la Justice, il a annoncé que 28 affaires parmi les 88 dans lesquelles sont impliqués le président déchu, son épouse et les membres de leurs familles ont été déférées au tribunal militaire. «Les tribunaux de première instance de Tunis, Sfax, Kasserine, Sidi Bouzid et de l'Ariana statueront sur ces affaires», ajoute-t-il. Deux autres affaires sont prêtes : l'affaire du palais de Sidi Dhrif et l'affaire relative au palais de Carthage. Les délits reprochés au président déchu et à son épouse : la détention de stupéfiants et d'armes et la détention de sommes faramineuses d'argent et de devises. Quant à Imed Trabelsi, il est poursuivi jusqu'à maintenant dans huit affaires : malversation financière et immobilière, agression contre autrui, affaire relative aux visas de pèlerinage avec la complicité d'un ancien ministre des Affaires religieuses, affaire de la réalisation du réseau ferroviaire rapide de Tunis, etc. «54 commissions rogatoires ont été réparties sur 25 pays à propos des affaires concernant les crimes reprochés au président déchu, à son épouse, aux membres de leurs familles et à leurs proches», a-t-il indiqué. A propos de l'avocat libanais qui s'est proposé pour défendre le président déchu, il a relevé que la loi tunisienne lui interdit de plaider tant que son client est en fuite. «L'arrestation de Najet Ben Ali est intervenue à la suite d'une plainte déposée contre elle par un homme d'affaires à Sfax l'accusant d'être à l'origine de l'incendie de ses dépôts dans la même ville. La prévenue a été arrêtée dans un appartement à Sousse et a été mise à la disposition du juge d'instruction du tribunal de première instance à Sfax», conclut M. Khadem Zine El Abidine, en réponse aux interrogations des journalistes. Les représentants des ministères de l'Intérieur, de la Défense nationale et de l'Agriculture ont apporté des éclaircissements sur la baisse des accidents de la circulation et le plan de prévention préparé à l'occasion des vacances estivales, l'installation des représentations municipales qui ont atteint 35 municipalités dont 26 sont déjà opérationnelles, alors que 148 seront désignées incessamment, le naufrage du bateau libyen au large de Kerkennah, et le déplacement du bétail à travers le poste frontalier de Ras Jedir. Le capitaine de vaisseau, Kamel Akrout, a, notamment, souligné que le naufrage du bateau libyen sur les côtes de Kerkennah a causé deux morts uniquement. Contrairement aux informations qui parlaient jeudi de 200 morts alors que le nombre des personnes sauvées a atteint 583 dont 87 femmes et 20 enfants.