Plébiscité depuis des années comme première destination préférée des Français, la Tunisie ne semble plus à même d'exercer le même attrait que par le passé sur les clients français. En effet, au grand dam des opérateurs touristiques français et tunisiens, la révolution tunisienne est venue contrecarrer les pronostics positifs établis au titre de l'année 2011. Cependant, loin de baisser les bras, la destination part en campagne pour consolider sa position et trouve dans ses partenaires classiques un soutien total. En effet, pour que la Tunisie reste la destination préférée des Français, les responsables de Thomas Cook France ne se reposent pas sur leurs lauriers. Certes, la Tunisie est pour Thomas Cook, comme pour les Français, la première destination touristique. Avec 150.000 à 200.000 clients par an, Thomas Cook y est un acteur majeur du tourisme. C'est d'ailleurs dans ce cadre que le TO français a réuni à son Club Eldorador Salambô à Hammamet en conclave son management de Tc France avec 60 cadres du groupe qui s'impliquent directement dans la relance de cette destination. «C'est pour voir comment relancer la saison que Thomas Cook se réunit deux à trois fois par an avec son management pour faire l'état des lieux et des actions à mener» a déclaré Denis Wathier. Mais c'est aussi «une action symbolique que de venir en aide à la Tunisie après la révolution pour montrer notre attachement à la destination. Car, nous pensons que la situation est injuste. Il n'y a pas de troubles particuliers mais les clients ne veulent pas venir. Donc il faut multiplier ce genre d'actions et les gestes commerciaux pour arriver à convaincre les clients», ajoute-t-il. En effet, pour le T.O français la situation est loin d'être reluisante. «A partir du marché français nous avons sur la destination un recul de 45 à 55%», révèle M.Wathier. Cependant pour remonter le moral en berne des institutionnels tunisiens, il a souligné qu'en Egypte la situation est pire avec des baisses de l'ordre -55 à -65%. Le Maroc est aussi touché de plein fouet par l'attentat de Marrakech. Conjuguées aux autres facteurs exogènes tels que la crise de la Libye, l'effet de contagion dans la région ne favorise guère une reprise immédiate. Il n'empêche, «l'on se bat pour la Tunisie», a affirmé M.Wathier qui fait état des actions commerciales et des offres promotionnelles engagées sur la destination. Ainsi, un plan de relance et des actions ont été proposés à l'Ontt dès le mois de mars. Parmi lesquels figure notamment un plan d' aide à la gestion des risques aériens qui permettrait de réduire les annulations de vols charters vers la destination. Sur un autre plan, deux éductours ont été organisés au printemps (à Djerba avec 60 agents de voyage et 30 décideurs groupe) et au Club Eldorado Salambo d'Hammamet avec 80 Agv et 30 décideurs groupe au mois de mai. Pour stimuler les clients, Thomas Cook a, par ailleurs, multiplié les opérations promotionnelles tels que l'offre un voyage acheté = 1 voyage gratuit sur la Tunisie qui a connu un réel succès et a permis d'éviter le pire. En cours, d'autres actions mettent l'eau à la bouche des clients, en l'occurrence l'offre : 1er enfant 100% gratuit sur des départs «vacances scolaires» (juillet et août) , 2e semaine à -50% pour les vacances d'été; en outre des offres pack &go sur la Tunisie, le Maroc et la mer Rouge et l'action «Printemps des prix fous» avec des prix exceptionnels entre le 14 mai et le 3 juillet 2011 vers 4 destinations proches (Tunisie, Maroc, Sénégal et Turquie). Autant d'actions qui montrent «notre volonté de regagner la confiance des clients. Par le biais de ces offres, nous rassurons sur la réalité de la situation de la destination auprès des vendeurs et des prescripteurs», assure M.Wathier. Cependant, il recommande ne pas juger trop vite ces actions car la confiance se reconstruit sur le temps. Dans le même sillage, le Pdg de Thomas Cook France réfute l'idée du bradage des prix. «On peut vendre la Tunisie à 300 ou à 350 euros mais ce sera catastrophique pour la destination et pour le groupe». M.Wathier, qui reconnaît quand même que malgré ces efforts il y a encore des difficultés, affirme qu'il n'arrive pas à trouver les volumes nécessaires en ce temps de crise. Mais loin de survoler d'un œil morne la situation sur le moyen terme, M.Wathier déclare «rester optimiste pour l'avenir». «Il va falloir être un peu patient, penser à l'avenir et reconstruire la confiance», souligne-t-il. Il a par ailleurs estimé à 2 ans le temps nécessaire au rétablissement de la confiance avec la destination. C'est que la campagne d'image se construit sur le moyen terme, selon le même interlocuteur. «En période de crise les messages changent : on ne peut pas jeter le bébé avec l'eau de bain. La Tunisie est une destination balnéaire avec un tourisme de masse mais pas dans le sens péjoratif. A l'avenir, Tunis devrait être une capitale branchée comme Marrakech. Certes, il faudra du temps, mais il faut surtout garder la richesse et le fondement positif de cette industrie et aller chercher dans les niches, qui sont un complément, un nouveau tourisme tunisien», conseille-t-il. Evoquant la révolution, TO français n'a pas manqué de dire que c'est «une bonne chose pour le pays et je suis sûr qu'elle aura des retombées positives sur le tourisme à partir de l'année prochaine», a-t-il renchéri. «On fait confiance au pays pour réunir les conditions de réussite de son nouveau tourisme. C'est un gage de confiance envers la destination et malgré la situation qui y prévaut on n'est pas près de sortir de la Tunisie», a-t-il assuré. Mais réalisme oblige «on sera plus raisonnable pour faire face à la viabilité du marché en révisant un peu notre concept (le T.O est en train de monter en gamme) et en adaptant les capacités aériennes en fonction des volumes». En effet, le TO, qui d'habitude réalise un volume sur la Tunisie de l'ordre de 150 à 200 mille clients, a indiqué que le groupe a enregistré plus de 168.000 annulations sur la Tunisie et à l'échelle de tous les marchés confondus au plan du groupe. «C'est l'effet boomerang» indique-t-il. «On n'arrivera pas à faire des miracles, les stocks à commercialiser sont encore phénoménaux», a-t-il ajouté. Certes, sur l'année «on garde une croissance sur l'Espagne, la Grèce, la Crête et la Turquie.»