Le champion sortant a-t-il un problème d'entraîneur ? Les résultats et le jeu répondent par l'affirmative Il ne fait pas bon être journaliste par les temps qui courent. Il n'a jamais fait bon être journaliste. L'être, c'est se trouver constamment soumis à un exercice d'équilibrisme. Non pas celui que vous croyez car, le grand Albert Londy disait : «Etre journaliste, ce n'est pas faire du tort, non plus faire plaisir, c'est mettre le doigt sur la plaie». Cela pour vous dire que l'équilibrisme, c'est cette corde (raide ou pas, ce n'est pas là le problème) sur laquelle nous marchons comme des somnambules parce qu'en bas, on n'a qu'une seule envie : nous voir trébucher et tomber. De haut, de très haut de préférence. Cela fait partie de ce spectacle de cirque qu'est le football, où tout le monde guette tout le monde, où donner son avis revient à dire qu'on fait partie de l'autre camp, et où les intérêts et les polémiques (bonnes ou mauvaises) servent à tout et à tous… sauf au football. L'instant est délicat. Pour tous, comme pour l'Espérance aujourd'hui qui a, objectivement, moins de problèmes que les autres, mais qui en a au moins deux importants : la bataille qui fait rage entre Hamdi Meddeb et ses opposants, les résultats et les prestations de l'équipe seniors. Et si nous avons un avis sur le premier sujet, nous nous tiendrons bien de ne pas l'exprimer et, surtout, de ne pas prendre parti pour un camp ou pour l'autre. Pour deux raisons au moins : c'est une affaire interne au club et, avec la révolution, la question doit être réglée légalement et démocratiquement. Affaire que nous suivons avec beaucoup d'attention. Et quand la messe sera dite, nous nous exprimerons alors sur le respect ou non de la légalité et de la démocratie. Sur le plan sportif par contre, nous sommes bien intentionnés à nous mouiller. Nous sommes payés pour ça après tout, et c'est ce qu'attendent de nous les lecteurs. Du moins on le suppose. Moyens énormes, résultats modestes Le problème de l'équipe seniors de l'Espérance, parce qu'il y a problème, se pose en termes d'équations : club le plus riche — ambitionnant titres locaux et surtout trophée de la Ligue des champions africaine — effectif à faire pâlir les concurrents, intérieurement renforcé — entraîneur le mieux payé (de loin) de la Ligue I — pour résultats le moins qu'on puisse dire en deçà des espoirs. Récapitulons. Par ces temps de crise et de disette pour tous, l'Espérance n'a pas à se plaindre sur le plan financier. Grâce à Dieu et à… Hamdi Meddeb. L'effectif de l'Espérance est franchement impressionnant. Il a connu d'ultérieurs renforts avec Dramane Traoré, Mouelhi, Bachtobji, mais aussi la poussée des jeunes Ben Hammouda, Mhirsi, Ben Salem, Hadda et d'autres encore que nous oublions. Venons-en à présent à l'entraîneur Nabil Maâloul. Le mieux payé du lot, on ne peut pas dire qu'il fait l'unanimité et sa désignation en a étonné plus d'un. L'actuel coach de l'Espérance est certes médiatique et médiatisé (c'est son point fort) mais, le moins qu'on puisse dire, c'est que son CV d'entraîneur ne plaide pas pour lui. Le Kef, le CAB, le CA : aucun objectif atteint et de véritables catastrophes dans ces deux premiers clubs. L'équipe nationale ? Elle avait un patron du nom de Lemerre. Disons que Maâloul a été un bon adjoint, surtout dans le relationnel. Venons-en à présent à l'Espérance. Trois matches officiels : une lourde défaite face à l'Etoile par 5-0, une victoire 5-0 (5 buts lors de la première demi-heure) puis une défaite 2-0 au retour face à de très modestes Béninois. Mais en football, les résultats ne sont parfois pas significatifs. Qu'on gagne ou qu'on perde. L'essentiel c'est le jeu. Or, quatre mois après la prise en main de l'équipe par Maâloul, l'Espérance n'a pas de jeu et encore moins d'équipe-type. Le 5-0 de Sousse et le 2-0 de Cotonou (plus quelques matches amicaux) sont là pour le prouver. L'Etoile est à un point de l'Espérance et le Diaraf du Sénégal se profile à l'horizon. Le problème est posé. Hamdi Meddeb ira-t-il au bout de son choix et Maâloul au bout de ses essais ? Nous avons comme l'impression qu'on ne tardera pas à le savoir.