Par Wafa Kammoun* Rendre hommage à Son Excellence Monsieur l'ambassadeur d'Allemagne en Tunisie, docteur Horst-Wolfram Kerll , qui, en témoignage de sympathie, en signe de soutien, d'estime, de considération, de respect et d'amitié qu'il voue au peuple tunisien, publia un article dans notre journal préféré La Presse , en date du 3 juin 2011, intelligemment rédigé, avec le tact d'un grand diplomate, intitulé : «La seconde patrie de mes rêves». Ayant été très apprécié, et d'un effet très positif, cet article a trouvé un bon écho auprès des lecteurs. En effet, il a laissé de bonnes traces et de bonnes impressions. Il a été commenté, discuté et analysé d'une manière très constructive, et d'une façon positive…C'est un article rassurant réconfortant, et stimulant… Rassurant : afin de rendre la confiance, de redonner de l'espoir, de dissiper les craintes, de repousser et bannir la peur, d'éviter la panique, de ne plus se troubler, d'avoir confiance en l'avenir, d'être de bonne foi, chasser les mauvaises idées et opter pour ce qui est positif et constructif. Réconfortant : afin de redonner du courage, de relever le moral, de savoir patienter, de convaincre que «tout vient à point, à qui sait attendre». Avec de la patience, on réussit et on obtient ce que l'on désire. Stimulant : et c'est là ce qui caractérise le génie allemand, qui incite au travail, à la persévérance, au respect de la loi (y compris le code de la route), à la discipline, au civisme et au patriotisme… L'amour de la patrie chez les Allemands fait preuve de bonne foi et de bonne citoyenneté. Le vrai citoyen allemand est celui qui sait se donner de lui-même pour servir son pays et se mettre au service de ses concitoyens. Le vrai citoyen n'est pas égoïste, ne sait pas tricher, ni mentir, ni trahir, ni tromper, ni truquer…Le vrai citoyen allemand est correct et très discipliné. Le peuple allemand a réussi grâce à son sérieux et à sa discipline… J'aurais dû mentionner au début de ce propos que j'ai pris l'initiative de rédiger cet article pour une seule et unique raison, c'est pour exprimer toute ma gratitude aux professeurs qui ont su nous conduire et nous accompagner dans la voie de l'effort et du succès, et pour rendre également hommage à l'Université allemande à laquelle je reste toujours reconnaissante, et au sein de laquelle j'ai effectué mes études supérieures en mathématiques et en génie informatique, et ce, au cours des années 80… En plus du savoir et du savoir-faire, on nous a appris le savoir-être et le savoir-devenir. J'ai appris le goût et la valeur du travail méthodologique bien réfléchi, bien organisé, bien soigné, et bien fini. Le travail chez les Allemands est sacré. Et c'est par le travail qu'un Allemand donne un sens à sa vie. Sans travail, la vie n'a aucun sens… Les professeurs allemands s'honorent d'être les adeptes ou partisans de la doctrine pédagogique de leur grand pédagogue Kerschensteiner promoteur de «l'éducation par le travail», «Die Arbeitsschule». Parmi les phrases que ce pédagogue ne cesse de répéter : «Arbeit macht das Leben Sûß», «Par le travail, la vie devient agréable», «Wo taten sprechen, bedarf es keiner Worte», «Le travail s'exprime sans paroles» J'aimerais citer une anecdote qui reste gravée dans ma mémoire. Nous étions en classe avec le professeur de mathématiques qui nous expliquait comment le mathématicien Leibniz a découvert les principales règles du calcul infinitésimal, et comment il développa une argumentation mathématique et philosophique pour démontrer que «Dieu», l'être suprême infini, est le créateur du monde… Au cours de ce même cours, il nous parlait de l'apport indéniable des savants arabes en mathématiques, en citant notamment le célèbre El Khawarizmi.. En apercevant que je suis devenue fière de ce témoignage en faveur de la civilisation arabo-musulmane, il m'a dit : «Ces grands génies en mathématiques sont tous des hommes. Les femmes n'ont rien apporté dans ce domaine». Et louange à Allah, Seigneur de l'univers !! J'ai su lui répondre poliment : «Avec tous mes respects mon professeur, bien avant Leibniz, et bien avant El Khawarizmi, Zarka Al Yamama, qui a vécu au 6e siècle et réputée par son acuité visuelle exceptionnelle, avait établi une équation mathématique du premier degré, la première à ma connaissance dans l'histoire de l'humanité, et voilà comment». Scrutant l'horizon lointain, elle voit apparaître une troupe d'oiseaux (des colombes)…A l'instant, tout en improvisant, elle compose, sur le champ, le vers rythmé suivant, que j'avais traduit en allemand, et que je tente ici de traduire en français, d'une manière concise, d'après le sens, sans me conformer aux règles de la rythmique poétique : «Au nombre des ces colombes, si on ajoute la moitié, avec la colombe de mes parents, nous en aurons cent.» Quel est le nombre de colombes qu'a vu Zarka Al Yamama ? C'était une surprise pour toute la classe… Et le professeur gardant tout son calme et son sang-froid à l'instar des Allemands qui savent se maîtriser, me dit poliment : «Vous venez de nous apprendre quelque chose de très important dans l'histoire des mathématiques. Voyez-vous, on ne cesse d'apprendre dans sa vie». A ce propos, et dans ce même ordre d'idées, notre Prophète Mohamed, introduisant la notion de formation continue, a dit : «Eduquez-vous du berceau à la tombe». Ce Hadith constitue sans doute le véritable fondement de l'éducation permanente et de la formation continue… «Il faut se former pour évoluer», tel est le leitmotiv de l'Ecole allemande…