Cette saison est exceptionnelle, la révolution et ses conséquences ont fait trembler les TO traditionnels: frissons et froid en Europe, fébrilité chez les professionnels en Tunisie, illustrée par une campagne promotionnelle mettant en scène, non plus les fastes et la somptuosité des hôtels, mais le quotidien des travailleurs. Des personnages anonymes posent devant un paysage qui figure leur métier, exemple : sur le magazine Marianne de cette semaine, pleine page couleur «Venez à notre rencontre. Habib, plagiste à Mahdia»; celui-ci est grand, souriant, accoudé à un mât, au fond, la mer bleue azur et un galion. Le concept est pointu, en phase avec la nouvelle étape du pays. Une campagne de circonstance pour rassurer les esprits, mais le client est hors du coup et cela ne suffit pas à attirer les TO. Les prévisions annoncées, hélas, sont décevantes, très en deca des attentes, plus de 50% de baisse. Conséquences, les Tunisiens habitués à des vacances en hôtels ou non, débattent sur les baisses des prix et les attitudes des professionnels. Les plateaux télé sur le sujet se multiplient, M. Belaâjouza, président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie est assailli de questions, égratigné, parfois attaqué par les journalistes. Les journaux annoncent des prix attractifs, des promos, des services sans supplément, les hôteliers sont torturés, ils sont bombardés de coups de fil à propos des conditions de séjours et forcément des prix. Hammamet reste l'une des régions les plus courues par les Tunisiens, examens des enfants en juin, Ramadan en août, cette année, il reste le mois de juillet, le mercure monte, le rush est annoncé, dans peu de jours, c'est la grande migration vers les plages et les hôtels. L'homme qui répond à nos questions est né dans le chaudron du secteur, sa famille est pionnière du tourisme : les Fourati. Kamel Fourati tient les rênes de l'établissement du même nom à Hammamet, de main de maître, été comme hiver, il dirige personnellement ses équipes, veillant à la bonne conduite de l'établissement. Face à la situation, il ne montre pas de panique : «Il va de soi que tout le monde doit payer, les hôteliers n'en sont pas exempts, aussi, il faut compter sur les années à venir, soyons optimistes», commente-t-il. La chanson revient chaque année à la même saison, elle prend plus de virulence, les paroles disent qu'à chaque fois que les étrangers font défaut, les professionnels se rabattent sur la clientèle locale, votre avis là-dessus? «Evidemment, je vous réponds sur ce que je sais de mieux, c'est-à-dire sur mon établissement. Depuis l'existence du Fourati, l'une des premières unités a plus de 50 ans d'âge, entretenue chaque année et rénovée à grands frais en 2010, nous accueillons une clientèle d'abord à majorité allemande et anglaise qui s'est diversifiée au fil des années; nous avons gardé nos marchés avec les TO traditionnel , mais de tout temps, j'ai réservé 10% des chambres à nos clients tunisiens. Les autres chambres sont généralement commercialisées, donc pour mon cas la question ne se pose pas dans les mêmes termes qu'ailleurs». Il faut signaler que l'hôtel, d'une capacité de 800 lits, est doté d'espaces calmes, un immense jardin au charme cajoleur, qui exhale un parfum d'ambroisie, un bar-restaurant-plage unique du point de vue emplacement, qui ne désemplit pas les week-end, des clients tunisiens fidèles. On y rencontre inévitablement une connaissance, des amis, des voisins, des cousins, les copains, des voisins, la nièce du copain, etc. ça n'est pas le microcosme mais l'ambiance est rassurante, on retrouve des familles et des enfants. Comment se présente la saison actuelle ? «Les marchés traditionnels (Allemagne, Italie, France, Grande- Bretagne) ont réagi, timidement bien sûr, curieusement les marchés des pays de l'Est (Russie, Pologne, etc) se montrent frileux, ils ont réagi tardivement; j'ai commencé les réservations presque à fin mai». Tout de même, le tableau est rose, au juste la décroissance est estimée à combien ? «Rose certainement pas, il y a une baisse qui atteint 50% et des miettes, mais nous faisons que nos clients soient accueillis comme d'habitude et même mieux.».Donc vous avez entamé une campagne à l'adresse des Tunisiens‑? «La campagne a commencé il y a des mois, exemple : nous avons fait un bon taux de remplissage pendant les vacances du printemps, nous continuons nos efforts dans ce sens et comptons également sur notre marché classique pour août et l'arrière-saison». Des baisses de prix conséquents ? «Oui, et d'autres avantages».