Cet été, malgré la conjoncture morose, " il ne faut jamais lâcher du lest ", préviennent plusieurs candidats aux vacances dans les hôtels. "Ce n'est pas parce que les touristes étrangers ne courent pas les réceptions que l'on risque de brader les normes essentielles. La qualité des services, la propreté, la restauration, l'animation, l'environnement et la sécurité doivent rester le souci quotidien". Le tourisme intérieur, dont on veut bien s'occuper en fin de compte après avoir joué toutes les cartes, doit en effet bénéficier de normes de séjour impeccables tout comme d'une information crédible et continue, surtout pour ce qui est des tarifs, des prestations et de l'accès aux établissements touristiques. Cette recommandation est également valable pour la clientèle algérienne qui devrait bénéficier elle aussi de facilités de passage aux postes frontières terrestres. Les commissaires régionaux, ont eu pour instructions de "faire de la qualité des prestations une préoccupation quotidienne, particulièrement pour ce qui est des conditions d'hygiène et de la sécurité". On vérifiera de visu ! Le progrès social, c'est beau, mais ! En attendant, c'est l'été, les vacances et bientôt la ruée vers les plages. Les vacances, quelle chance que de se payer une ou deux semaines à l'hôtel, via les Amicales. Le progrès social, c'est beau ! Mais combien sont-ils ces "amicalistes" : 5% des Tunisiens actifs, voire moins ? Trop peu pour rendre l'image réelle du vacancier tunisien au pouvoir d'achat très moyen. Celui-ci se rend un jour en semaine ou un dimanche sur une plage aménagée de banlieue, avec femme, enfants, parasol et la fameuse glacière! Il loue table avec chaises. Mais trop peu se permettent une journée au bord de la piscine d'un hôtel vu les tarifs rébarbatifs. "Personnellement je trouve insupportable le fait de payer 20 D par tête juste l'accès à la piscine. Je ne vous dis pas les tarifs à la consommation. C'est de l'escroquerie caractérisée du citoyen", s'indigne Fethi H., père de trois enfants. Ainsi la majorité des vacanciers se rabattent sur les plages publiques qui sont pour plusieurs d'entre elles mal entretenues comme à la banlieue sud de la capitale. Certes, la classification "préliminaire" de "l'état d'hygiène" des plages tunisiennes pour le mois de mai publiée récemment sur la base des critères de l'Organisation mondiale de santé (analyses géo-biologiques des différents échantillons d'eau collectés) nous dit que 87% de nos plages sont propres à la baignade et 13 % sont polluées, donc "nécessitant le suivi". Encore que parmi ces 87%, il y a une forte proportion de plages ou de cotes inaccessibles ou ne disposant pas des commodités suffisantes pour attirer les vacanciers. Plages classées, plages interdites Le secrétariat d'Etat à l'environnement a décerné récemment son label "Pavillon Bleu" à quelques municipalités et hôtels et à un port de plaisance. Les villes ayant reçu ce label sont Tabarka, Korba, Dar Alouch, Kélibia (2), Menzel Hor, Chebba, Djerba, Midoun et Menzel Témime. Bekalta et Hammam-Ghezaz ont, par ailleurs, reçu des certificats de bonne gestion de l'environnement. L'octroi de ce label repose sur quatre paramètres : l'information, la sensibilisation à l'environnement, l'installation d'équipements de sécurité et de services, la gestion de l'environnement et le contrôle des eaux de mer. D'un autre côté, le ministère de la Santé publique a interdit la baignade dans les plages du port de pêche à Menzel Bourguiba, de Raoued (cité des Juges), le sud de Oued Meliane, l'embouchure de la vallée "El Mghirat" au niveau de la plage d'Ezzahra et Radès, la plage d'Essouessi (Mahdia) et la plage en face de la foire internationale de Sousse. La plage d'Hammam-Lif ne figure pas sur cette liste très restreinte en fait ! Alors que le front de mer des zones huppées est bien protégé, les côtes de la banlieue sud de Tunis sont devenues " infréquentables ". Les choses se sont aggravées, récemment, en particulier sur la côte hammam-lifoise. A l'origine du problème, l'Office national de l'assainissement des eaux (l'ONAS) déverse depuis des années les eaux usées insuffisamment traitées dans la mer. Quelques opérations d'entretien ont été menées par la mairie, mais elles sont peu efficaces. La banlieue sud de Tunis, réputée "populaire", est négligée au profit de la banlieue nord, de plus en plus huppée et touristique, et dont on soigne par conséquent les côtes. Pourtant, nos plages sont notre richesse. Voir des plages sales et abandonnées n'est plus admissible. Mais pourquoi on ne rappelle pas à l'ordre tous ces tenanciers de buvettes, qui arnaquent les vacanciers, ne font pas assez d'effort pour protéger les sites de leurs activités et amènent des assistants qui ne savent même pas s'adresser aux clients ? Espérons que la sécurisation des plages sera accompagnée par un contrôle de rigueur de ces tenanciers voraces. Pourquoi enfin ne pas encourager nos enfants à consacrer une journée de leurs vacances pour nettoyer les plages ensemble avec leurs maîtres, les scouts, les volontaires de la région, la société civile…? Les grandes théories sont inefficaces sans une action sur le terrain pour développer esprit de groupe et envie de participation chez les jeunes.