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"Il faut se dresser contre les courants obscurantistes et bannir la violence et le fanatisme"
L'opposition face aux nouveaux défis: Me Abderrahmane Kraïem ex-vice-président de la LTDH et membre du Conseil supérieur de la communication
Publié dans Le Temps le 16 - 04 - 2007

Notre invité aujourd'hui est Me Abderrahmane Kraïem ex-vice président de la Ligue Tunisienne pour la Défense du Droits de l'Homme (LTDH) et membre du Conseil Supérieur de la Communication fin observateur et fin connaisseur des rouages des composantes de la société civile et de la vie politique. Il nous parle ici du pluralisme, du rôle des partis de l'opposition, du processus démocratique et d'autres questions. Interview.
Le Temps : Quelle est la situation de l'opposition aujourd'hui ?
Me Abderrahmane Kraïem : Faisons un peu d'histoire pour comprendre. La Tunisie de l'Indépendance n'a pas consacré ses efforts au pluralisme, son objectif essentiel était la consolidation de l'unité nationale, la création des institutions républicaines et l'instauration d'un régime politique fort et stable. Le système du parti unique institué depuis 1963, la monopolisation du pouvoir et la présidence à vie ont entraîné le blocage politique et le freinage du processus démocratique durant trois décennies. Il a fallu attendre la loi organisant les partis politiques du 3/5/1988 pour que soit légalement reconnu le pluralisme politique.
• Depuis, les partis politiques de l'opposition ont-ils joué leur rôle ?
Les partis sont l'une des composantes essentielles de la société civile. Ils ont pour mission d'encadrer les citoyens et contribuer à l'éducation de leur comportement politique, organiser leur participation à la vie politique dans le cadre d'un programme et intervenir dans les élections en présentant ou en cautionnant des candidatures. Cette loi, quoique contestée par son aspect restrictif de la liberté de réunion et d'association ne prévoit des limites au droit de création d'un parti que celles relatives à l'appui fondamental dans ses principes et programme sur "une religion, une langue, une race, un sexe ou une région" ou bien en cas "de confusion dans ses principes, options ou programme avec d'autres partis légalement reconnus". Les partis politiques constituent malgré leur diversité un cadre idéal de concurrence loyale œuvrant pour la concrétisation des aspirations nationales et la réalisation du projet civilisationnel orienté vers l'édification de l'Etat moderne. Les partis constituent, au delà, des divergences, une dimension commune d'identité et de référence. Ils se doivent de défendre les acquis nationaux et le patrimoine commun, redonner l'espoir à tous les citoyens qu'une vie meilleure est possible, faire prévaloir les valeurs de liberté, de justice, d'égalité et de nationalité, se dresser contre les courants obscurantistes, bannir la violence, le fanatisme et la discrimination, s'impliquer dans une action de défense des droits de l'homme et militer pour la sauvegarde de la liberté et la dignité. Ce sont des obligations morales et nationales fondées sur le volontarisme patriotique telles que stipulées dans l'article 2 de la loi de 1988. Cette mission commune ne peut être sélective. Aucun parti ne peut se prévaloir d'un droit spécifique et de se voir confier exclusivement la tâche d'œuvrer pour le bien du pays. Il est du droit légitime et constitutionnel de tout citoyen défenseur de la patrie de mobiliser ses efforts, les conjuguer avec ceux des autres pour réaliser les ambitions nationales. Toutes les composantes de la société civile sont responsables du présent et de l'avenir du pays. Elles se doivent d'agir dans les préparatifs des grands événements et œuvrer au même titre que les autres pour les réussir.
• C'est théorique; parlons plutôt de la réalité ?
Il existe en Tunisie 9 partis politiques. Les partis de l'opposition confondus ne peuvent être comparés de par le nombre de leurs adhérents ou de leur impact politique et représentatif au Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), parti au pouvoir héritier du Néo-Destour et qui tire sa légitimité historique de sa contribution dans la lutte de libération anti-coloniale. Conscient des limites humaines, financières et sociales des partis de l'opposition, le législateur a pris une série de mesures favorisant la promotion du pluralisme. La loi du 21/7/97 prévoit le financement public octroyé aux partis politiques opéré sur le budget de l'Etat. Seulement la loi réservé cette faveur aux partis qui ont au moins un représentant élu à la Chambre des députés. Il se trouve que deux des partis de l'opposition ne sont pas représentés au parlement. Il s'agit du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) et le Parti Démocratique Progressiste (PDP).
Ces deux partis ne peuvent pas bénéficier du financement public. Il serait donc équitable d'étendre cette faveur nationale à tous les partis, abstraction faite de leur représentativité. Une telle mesure serait la bienvenue et consoliderait davantage le choix pluraliste consacré par le réferundum du 1/6/2002. En ce qui concerne la représentativité à la Chambre des députés, l'amendement du code électoral du 27/12/1999 a permis à 37 représentants des partis de l'opposition d'être élus en application de la répartition des sièges au niveau national entre les listes qui n'ont pas remportées de siège sur la base de la règle proportionnelle. Actuellement sur les 189 députés on compte 2 , du Parti Social Libéral (PSL) 3 d'Ettajdid, 7 de l'Union Démocratique Unioniste (UDU), 11 du Parti de l'Unité Populaire (PUP) et 14 du Mouvement des Démocrates Socialistes (MDS). Malgré l'importance de cette mesure la demande attendue consiste dans la représentativité de tous les partis à la Chambre des députés. Ce qui est de nature à garantir la pluralisme législatif dans sa totalité et le financement public de tous les partis légalement constitués.
• Que pensez-vous de "l'alliance" dite la Rencontre Démocratique qui a été constituée entre le parti de l'Unité Populaire (PUP), l'Union Démocratique Unioniste (UDU), le Parti Social Libéral (PSL) et le Parti des Verts pour le Progrès (PVP) ?
Ces partis malgré leurs divergences idéologiques et leurs programmes d'action différents ont constitué une sorte de forum de réflexion et de propositions. Ils se fixent ainsi le but de "renforcer la concorde et consolider la dialogue sur les questions d'intérêt public et impulser le processus pluraliste". Cette jeune relation interpartisane qui a le mérite d'être une plate -forme politique nationale et qui se veut différente de ceux qui font appel à l'étranger ainsi que de ceux qui prient pour l'échec du processus démocratique et pluraliste, mérite d'être encouragée et étendue à d'autres partis qui ont les mêmes convictions nationales afin de dynamiser le rôle des partis et les associer aux choix stratégique d'un développement intégral, équitable et durable. La passivité politique ou le refus de l'association participative constitue un phénomène inquiétant. C'est pour cette raison que les Etats Démocratique encouragent le pluralisme et incitent les partis à remplir leurs fonctions critiques. L'absence d'un contrepouvoir risque de fragiliser le pouvoir. L'idée selon laquelle le parti au pouvoir tient sa force de celle des partis de l'opposition et de leur crédibilité a été exprimée avec beaucoup de lucidité et de courage à un très haut niveau.
La participation à la vie politique active des personnalités patriotiques de valeur sûre ne peut que donner une nouvelle ampleur et renforcer la démocratie, le pluralisme et la bonne gouvernance.
• Que pensez-vous aussi de l'alliance d'Ettajdid et des personnalités indépendantes qui vont ensemble préparer et tenir le 2ème congrès d'Ettajdid ?
Le prochain congrès d'Ettajdid suscite l'intérêt et l'attention du fait de l'importance des questions débattues aussi bien par les militants fondateurs historiques que par les militants faisant partie de l'initiative démocratique. On croit savoir que les discussions portent essentiellement sur le besoin de réussir la constitution "d'un véritable parti contre pouvoir où les valeurs de gauche regroupent celles des autres sensibilités". Bien que la tâche ne sont pas facile, la discussion ne peut qu'être bénéfique et enrichissante pour une meilleure expansion du processus démocratique dans le pays.
• Le MDS est resté en dehors des alliances. Qu'en pensez-vous ?
Les choses ne sont pas claires. La cohésion et l'Union s'imposent.
• Par quels moyens les partis peuvent-ils atteindre leurs objectifs ?
Par le contact direct et par la communication. La loi relative au financement des partis prévoit dans son article 5 en plus des primes attribués aux partis, une subvention annuelle pour leurs journaux à titre de contribution à la couverture du coût du papier et de l'impression. L'importance de cette mesure ne fait aucun doute, sa généralisation à tous les journaux des partis non représentés à la Chambre des députés ne peut que confirmer le choix stratégique de l'encouragement de la presse libre et diversifiée. D'autre part le débat d'idées politiques et de programmes doit s'étendre aux différents médias.
Les chaînes nationales de télévision et de la radio doivent être porteuses des valeurs de la République, du droit à la modernité et du progrès. Elles doivent traiter des problèmes de proximité. Leur discours doit être libre et crédible. Il est grand temps de nous débarrasser des lignes rouges virtuelles tracées dans un temps révolu et qui sont de nature à faire durer la stagnation et fléchir la volonté de la réforme. La liberté d'expression et de presse constituent le fondement essentiel du droit à la citoyenneté et le succès du processus démocratique et la consolidation de la bonne gouvernance.
Nous évoquons avec fierté la nouvelle vie donnée au Conseil supérieur de la communication afin qu'il contribue à l'élaboration d'une politique communicative permettant au citoyen d'accéder à son droit à l'information libre et pluraliste. Nous espérons l'élargissement de ses prérogatives et sa consultation au sujet des textes législatifs et les décrets relatifs aux orientations générales en matière d'information et de communication.
• Et pour conclure ?
L'expérience montre que la décadence des politiques commence par leur allégeance à l'étranger. Se comporter à l'égard d'une puissance étrangère à l'image des Chalabi ne peut entraîner que la honte et le mépris. Les ambassadeurs, les politiciens, les députés, les journalistes des grandes puissance ne font que leur travail et ne défendent que les intérêts stratégiques de leurs pays, à nous de défendre le nôtre, sauvegarder son indépendance et sa souveraineté et lui rester loyal et fidèle .
Interview réalisée par
Néjib SASSI



* "Aucun parti ne peut se prévaloir d'un droit spécifique et de se voir confier exclusivement la tâche d'œuvrer pour le bien du pays".

* "Il serait équitable d'étendre la subvention du financement des partis et de leurs journaux à tous les partis légaux".

* "Se comporter à l'égard d'une puissance étrangère à l'image des Chalabi ne peut entraîner que la honte et le mépris"

* Il est grand temps de nous débarrasser des lignes rouges virtuelles tracées dans un temps révolu, et qui sont de nature à faire durer la stagnation et fléchir la volonté de la réforme.


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