Le football national est traversé par plusieurs courants et tendances rendant plus hasardeuse une lecture objective de la situation. Au sein même de l'Amicale des présidents des clubs «pro», réunie mardi soir pour examiner un retrait de confiance au bureau fédéral, le divorce avec l'instance présidée par Anouar Haddad passe au vrai par plusieurs degrés de rupture. Si, par exemple, le président du CS Hammam-Lif, Mongi Bhar, décrit «un bras de fer» entre la plus haute instance gérant le sport-roi et ses affiliés, appelant à la tenue d'une assemblée générale extraordinaire au nom de ce qu'il estime être «la majorité écrasante des clubs», aucune preuve n'était venue étayer ses dires, d'autant qu'au bout de trois heures de débats, les congressistes ne sont pas passés au vote. Celui-ci reste pourtant le seul moyen de dresser l'état des lieux et de savoir si vraiment une claire majorité rejette aujourd'hui toute idée de poursuivre la route en compagnie du bureau fédéral actuel. Concrètement, quatre clubs ont exprimé leur retrait de confiance (ESS, CA, CSS et CSHL). Trop peu pour déclencher un véritable processus d'apostasie et mettre en danger un président fédéral qui observait avant-hier devant les médias qu'il «en faudrait beaucoup plus pour inquiéter véritablement l'exécutif en charge du foot tunisien. La fédé compte plus de deux cents clubs affiliés. Le petit carré de dissidents n'ébranlera pas la solidarité de notre équipe», a-t-il assuré. Le front de refus qui mène aujourd'hui la rébellion au sein de l'Amicale des présidents manque peut-être aujourd'hui des arguments nécessaires pour parvenir à ses fins. L'accumulation des déboires des instances n'a pas été perçue d'un même œil, d'autant que la suspension de la relégation n'a pas uniquement eu pour conséquence de soulever un tollé, mais aussi de gagner la sympathie des bénéficiaires de cette mesure. La fameuse bande des quatre Le danger pour Anouar Haddad, qui crie sur tous les toits que son staff allait rester en place jusqu'en 2014, soit jusqu'au terme du mandat confié à l'origine à Ali Hafsi Jeddi, démissionnaire au mois de mars dernier, se trouve pour ainsi dire davantage au sein même de son propre bureau que parmi les rangs hétérogènes des patrons des clubs, dont les intérêts ne convergent pas systématiquement. La fameuse bande des quatre a, sans doute, lâché le patron de la FTF sans néanmoins afficher ostensiblement la rupture. Ce n'est plus un secret pour personne que Chihab Belkhiria, Mounira Ben Fadhloun, Tahar Khantech et Jalel Ben Tekaya ne sont plus en odeur de saintenté avec le successeur de Ali Hafsi. A plusieurs reprises, les plus «médiatisés» d'entre eux (Belkhiria et Ben Tekaya) ont appelé à la convocation d'une assemblée élective afin «d'apporter un sang neuf à la FTF». Chihab Belkhiria se trouve même en porte-à-faux par rapport à un club, l'Etoile du Sahel, le sien, et celui au nom duquel il s'était présenté aux élections, qui s'avère le plus touché par la décision de suspendre la relégation à deux journées de la fin. M. Haddad a beau prendre en grippe le comité d'appel qu'il accuse de tous les maux, depuis le verdict rendu dans l'affaire du match OB-ASM.Il a beau se protéger sous le parapluie de la fédération internationale qui lui garantirait de rester jusqu'en 2014, à partir de l'argument de la séparation entre sport et politique et de l'interdiction du second d'interférer dans l'autre. Il n'en reste pas moins vrai que la tutelle ne va pas assister sans réagir à la déliquescence de l'autorité fédérale avec les risques qui en découlent. Autrement, ce serait tout simplement se dérober à ses devoirs envers le sport-roi, ses centaines de clubs affiliés et les dizaines de milliers de pratiquants. Pour certains, la course électorale a bel et bien commencé. La campagne, sans avouer son nom, en est aux manœuvres d'approche, de sondage des intentions et de marquage du territoire. L'été n'apportera point de répit, puisque le 12 août se tiendra l'assemblée générale extraordinaire et évaluative. Et il n'y a point de trêve à espérer dans ce bras-de-fer.