Les grandes manœuvres ont commencé. Certains y vont en rangs serrés; d'autres en rangs dispersés. Et ils ont tort! L'un des grands drames de notre sport, c'est qu'il est depuis 50 ans sous la coupe de personnes qui n'ont rien à voir avec celui-ci. Certains ont appris sur le tas, d'autres sont honnêtes (de moins en moins ces deux ou trois décennies); certains, enfin, le sont moins ou pas du tout. Mais une chose est sûre‑: notre sport n'a jamais vraiment appartenu aux sportifs. Pour compenser leur déficit de savoir, les patrons de notre sport usent et abusent de méthodes et de subterfuges qui ne sont pas destinés à accroître les performances, mais à prolonger au maximum leur permanence à la tête de fédérations et même de ministères ou de grandes directions au sein de ceux-ci. Certains plus honnêtes que d'autres, disions-nous, mais ce n'est pas suffisant en sport où on doit prendre des décisions stratégiques et très pointues à court, à moyen et à long terme. La logique veut que dans le cas où le ministre, ou alors les présidents des fédérations ne soient pas vraiment des spécialistes du domaine, ces décisions stratégiques soient justement prises par des références dans le monde du sport. Malheureusement, dans un jeu de pouvoir, même les spécialistes deviennent des outils aux mains de ceux dont les objectifs ne sont pas forcément sportifs. La démarche devient alors à la fois simple et suicidaire (essentiellement pour le sport et les sportifs) : diviser pour régner, manipuler pour se maintenir, écraser pour imposer son autorité… Cette politisation exacerbée du sport, cette bureaucratisation ont fait naître une race de dirigeants sportifs qui ont réussi à avoir une mainmise presque totale sur le sport, les sportifs, et qui ont investi toutes ses structures : ministère, Cnot, fédérations, clubs, causant une paralysie presque totale du système, un dysfonctionnement et une inertie qui sonnèrent le glas de générations de champions, privant le pays de performances et de médailles. Et pour se maintenir, ces personnages incontournables font appel à deux stratagèmes. En se jetant d'abord dans les bras des politiques et du RCD (quand ils n'en font carrément pas partie), puis en masquant les échecs de notre sport dans les compétitions qui comptent (Jeux olympiques et championnats du monde) par de menues satisfactions dans des épreuves mineures, tels les jeux méditerranéens, les championnats arabes et ceux africains. A tel point que nous ne sommes même plus performants dans ces dernières joutes! Et pour bien verrouiller le système, on a ultérieurement instauré deux garde-fous : les conditions d'éligibilité à des instances sportives, puis les pompeuses commissions de réflexion. Subterfuges Procédons par ordre. Bac+2; 5 ans de «dirigeanat» dans un club et d'autres subterfuges qui n'ont pour but que d'exclure les sportifs des postes de responsabilité. Et voilà, le tour est joué et ces messieurs occupent la place.Puis, il y a toutes ces commissions de réflexion sur le sport présidées par le ministre, Abdelhamid Slama, Slim Chiboub. Grandes messes qui n'aboutissent à rien où sportifs, spécialistes et journalistes sont les dindons de la farce. Des commissions, des réflexions et des conclusions destinées à la consommation grand public et à mettre en porte-à-faux les principaux concernés «dont on a pris soin de consulter et d'écouter l'avis». Quel est l'état des lieux actuellement? Surpris par la dernière décision ministérielle d'accélérer la tenue des assemblées générales, les présidents en place s'organisent, se redéploient, manipulent et se débattent pour remettre cela à défaut d'une décision qui leur interdit de se représenter. Fût-ce pour le prochain mandat ! Nous avons, d'ailleurs, une petite idée qui les empêcherait de se représenter : veiller scrupuleusement à ce que les assemblées générales électives présentent des bilans réels et précis sur la gestion sportive et financière des fédérations par ces personnes. Des bilans qui devraient automatiquement les éliminer. L'autre état des lieux, ce sont les profondes divisions au sein des sportifs eux-mêmes. Divisions qui ont permis la prise de pouvoir de ces personnes. Or, si l'on veut sauver aujourd'hui notre sport et ouvrir une nouvelle page, c'est aux sportifs eux-mêmes de le faire, de s'unir et de mettre de côté leurs egos surdimensionnés. L'heure est grave, décisive. Footballeurs, handballeurs, nageurs, tennismen, athlètes, boxeurs, etc. unissez-vous, soyez solidaires et comme un seul homme pour couper l'herbe sous les pieds des usurpateurs! Allahomma inni ballaght !