La finale de la Coupe de Tunisie, EST-ESS, lundi prochain à Radès, cristallise la rivalité très tendue entre les deux équipes reines de la saison. Forcément, dans ce climat crispé de la fin d'une interminable année sportive, il faut vraiment prier afin que l'arbitre auquel reviendra l'honneur, mais surtout l'écrasante charge de diriger le match de l'apothéose tire son épingle du jeu. Les noms de Youssef Sraïri (le plus utilisé cette saison : 14 matches) et de Mohamed Saïd El Kordi sont avancés pour officier la finale. Mais c'est surtout le second qui part avec les faveurs du pronostic. On lui souhaite bien du courage dans cet exercice de bravoure requérant des nerfs solides, beaucoup de sang-froid et de poigne. Certains évoquent une exception à laquelle serait contrainte de sacrifier la fédération en invitant un trio arbitral étranger. Chose qu'elle s'était refusée à faire tout au long de la saison malgré les nombreuses demandes exprimées régulièrement par les clubs. Pourtant, cette première finale de l'après-révolution mérite qu'elle soit une fête cent pour cent tunisienne sans que n'interfère aucune «assistance» ou «expertise» étrangère. Il y a un autre volet qui mérite la plus grande attention : celui de l'application du huis clos. Le match ESS-EGSG a démontré les périls et les dérapages que peut entraîner une application dite «souple» d'un huis clos marron. Forcément, l'exacerbation des passions sur la durée d'une saison de treize mois (un record) entre les deux galeries ne va pas aider à maîtriser la situation dans les tribunes, où ce ne sont pas toujours les fans les moins turbulents qui prennent place parmi le quota toléré de spectateurs admis en temps de H.C. Cette finale doit être une fête du sport. En attendant des jours meilleurs, elle se fera sans public. Toutes les parties prenantes doivent s'impliquer dans cette occasion idéale de sublimer le fair-play et l'esprit de la compétition et de s'imprégner des valeurs de la révolution et du sacrifice de ses martyrs. Une vitale dynamique de compétition Ce sera donc la cinquième finale entre l'EST et l'ESS. Depuis 1956-57, les «Sang et Or» l'emportèrent à trois reprises par un même score (2-1). Pour assurer leur unique succès dans ces confrontations, les Etoilés ont dû recourir à deux matches‑: 2-2, puis 3-2, les règlements de l'époque (saison 1958-59) imposant de rejouer la partie en cas de match nul. Les deux équipes seront, lundi prochain au grand complet puisqu'on ne déplore aucun suspendu ou blessé grave. Tout au plus retiendra-t-on la défection de Ghazi Abderrazak, expulsé au retour des vestiaires, mais qui n'a joué que rarement cette saison. Le coach Mondher Kebaier devrait pouvoir récupérer Lamjed Chehoudi et Lassaâd Jaziri, blessés à l'occasion de la demi-finale. Il devrait en être de même côté «sang et or». Exit Dramane (résiliation de contrat), N'djeng (non qualifié) et Yaya Banana (parti pour disputer avec le Cameroun le Mondial juniors). En revanche, Traoui, Chammam et Ben Mansour devraient être disponibles. Il a été démontré jeudi — et c'est là le plus grand enseignement — que l'on ne se porte jamais mieux qu'en restant dans une dynamique de compétition. La douzaine de jours d'inactivité du Stade Tunisien a totalement liquéfié les muscles et paralysé les organismes. Cet avantage en faveur du club tunisois n'est pas inintéressant dans la gestion d'un match qui ne ressemblera pas à ceux du championnat. La saison commence à devenir trop longue pour les Etoilés. Kebaier n'a toujours pas retrouvé l'équipe saignante et pleine de panache de décembre-janvier derniers. L'EST retrouve comme par enchantement son rythme de croisière en plein été. Peut-être bien par à-coups et de façon irrégulière, mais c'est déjà cela de gagné. En tout cas, la qualité des individualités dans les deux camps garantit une intense confrontation à l'issue incertaine, les valeurs techniques étant très proches.