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Les valeurs de la République : acquis et perspectives
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 07 - 2011


Par Jamil SAYAH*
L'incertitude que manifeste la chute de la dictature, la fin des illusions de la stabilité politique, peut inspirer un discours défaitiste et de résignation devant le spectre de la décadence. Notre nation doit trouver en elle-même les raisons d'entreprendre résolument la grande relève, puisque les difficultés naissent de la lutte entre les choses qui ne savent pas mourir et les choses qui ne peuvent pas encore vivre. Dans ce sursaut, la République, comme ensemble de valeurs, a la mission sacrée d'aider la nation à orienter l'esprit public vers une vision commune du nouveau monde, à découvrir les chemins de la convergence dans l'action, à favoriser la cohésion que seul peut produire un Etat de droit. Voilà comment les acquis de la République sont invités à servir d'assise pour une société des libertés.
Le discernement devient un sens précieux pour percevoir les marques de l'avenir dans un présent trompeur. Il ne faut pas s'arrêter aux mouvements de surface car seule la raison rythme la réflexion et prospecte l'avenir. A cet égard, notre temps a besoin de référents. Or on constate que quand un phénomène va profondément modifier la situation présente à un moment donné, certaines idées forces qui mettent longtemps à s'affirmer s'imposent tout à coup dans une irruption évidente. Pour pressentir le modernisme de demain au lieu de revendiquer celui d'aujourd'hui, les Tunisiens ont vocation à s'abstraire de l'agitation bruyante entretenue par les tenants de l'intérêt immédiat et du court terme et à se consacrer à l'avenir de la nation.
On assiste aujourd'hui à une véritable métamorphose d'une société en travail : la démocratie recherche la liberté en relation avec la participation électorale, l'opinion publique est avide de cohésion, de solidarité, de développement, d'activités, de transparence, bref d'un nouveau modèle de gouvernance. L'ambition nationale dépend de la stratégie politique que les pouvoirs publics sauront imprimer aux affaires du pays. Gouverner consiste, d'une part, à pressentir, à prévoir, à prévenir et, d'autre part, à éveiller les consciences, à accoucher l'avenir, exclusivement selon les besoins et les orientations parfois confusément exprimées par le peuple ou retenues dans son inconscient.
Les acquis de la République sont autant de leviers utilisables pour hâter la naissance d'une nouvelle société, par-delà les scories résultant de la décomposition de l'ancien. Toute réforme est une ressource qui fait appel à un dépassement en profondeur. Quelles sont alors ces forces des profondeurs qui doivent remonter aujourd'hui à la surface afin de mieux construire l'avenir?
1- Les valeurs acquises de la République
Dans cette période de transition et de mise en cause généralisée, le primat républicain constitue un point fixe dans le mouvement de turbulence. La référence à la sécularisation du pouvoir, à l'émancipation de la femme, à la modernité des mœurs, à l'égalité des chances et à l'unité nationale demeure un moyen de dépollution de la vie politique en rassemblant les énergies d'un civisme renouvelé par la convergence des actions. En effet, conformément aux orientations de Bourguiba, «quand on veut changer les mœurs et les manières, il ne faut pas les imposer par la force; il vaut mieux les changer par d'autres mœurs et par d'autres manières».
2- La République des libertés
«La synergie des forces peut renverser le sens des pentes les plus défavorables». La démocratie, comme la liberté, n'existent pas à l'état naturel, car la réalité du groupe social est traversée de forces de division ou de domination. Pour exister, la démocratie a besoin d'institutions, de cadre, de force. Il faut lui donner toutes les chances en l'organisant.
D'autre part, les idées-forces de la démocratie, lorsqu'elle est livrée à elle-même, peuvent se pervertir dans l'anarchie : la libre expression des opinions conduit au tumulte des idées, au choc des intolérances et la participation dégénère dans le bouillonnement des intérêts contradictoires. C'est donc le rôle de la République, avec le concours de l'Etat, d'organiser le cadre de la démocratie, de faire respecter la volonté et la priorité de l'intérêt général, de donner vie à la liberté en garantissant les libertés, de mettre de l'ordre et de la cohésion dans l'expression fragile et spontanée du peuple. La République, c'est l'armature de l'Etat de droit.
3- La République des citoyens
L'harmonie de la convivialité complète nécessairement le consensus (comprendre ensemble) et la convergence (travailler ensemble) en permettant de vivre ensemble dans l'intelligence de la chose publique. Dans le cadre d'un Etat de droit, le citoyen est titulaire d'une parcelle de souveraineté nationale. Ainsi, la citoyenneté désigne ici un agir politique lié à l'implication des citoyens particulièrement concernés par les affaires publiques. Elle reste, pour la Tunisie, la pierre angulaire d'un projet proprement politique qui ne vise pas seulement à changer le centre du pouvoir, mais l'anatomie de son exercice. Dans une démocratie, le citoyen idéal est avant tout acteur : il prend part régulièrement à l'élaboration des décisions politiques, que ce soit au plan local ou national, et pas seulement le jour des élections.
Aujourd'hui plus que jamais, dans notre pays, le citoyen est un homme libre de ses idées et de ses mouvements. Il peut créer sa famille (politique) ou son entreprise et maîtriser en partie les risques qu'il prend, ouvert aux évolutions, il doit s'entraîner à la souplesse de l'adaptation permanente. Si ce comportement se limite à un repli sur soi, notre société subira le sort de Carthage, dont les citoyens avaient perdu en partie l'envie de défendre les valeurs et le sol sacré de la patrie. Pour un (bon) citoyen de notre temps, il faut donc reconstituer l'enracinement dans la chose publique, en particulier en donnant à la participation la priorité.
Ainsi, paraît se renouveler la notion de citoyen actif que la Révolution a associée à la chute de la dictature. Aujourd'hui, la résistance ne doit plus s'exercer contre l'Etat, mais contre les forces rétrogrades qui menacent notre République moderne. Pour la défendre, il faut décréter la mobilisation citoyenne : «ceux qui veulent» aux côtés de «ceux qui peuvent» et qui œuvrant sur le terrain. C'est peut-être le moment de citer les meilleurs citoyens à l'ordre de la Nation.
4 - La République solidaire
La solidarité républicaine peut revêtir une triple acception. D'abord, elle peut s'exprimer à travers la fonction de redistribution de richesse en faveur de la population la plus nécessiteuse. Elle peut, ensuite, prendre la forme d'une recherche de cohésion pour réduire les déséquilibres économiques et sociaux entre les différentes catégories de la Nation.
Enfin, elle peut servir de base à une politique publique : l'aménagement du territoire. En effet, dans sa mission de cohésion et d'unité nationale, la République solidaire a l'ardente obligation de réduire les risques de fracture pouvant se produire entre régions évoluant selon des rythmes économiques contrastés. Il est donc nécessaire d'harmoniser les politiques régionales décentralisées et la stratégie nationale (globale) du développement. On assiste à une répartition des charges entre le niveau de solidarité nationale qui relève de l'Etat et celui des solidarités locales qui sont concertées avec les collectivités territoriales. D'où la nécessité de décentraliser l'organisation territoriale de l'Etat.
5- Pour une éthique républicaine
Après un exercice du pouvoir d'une manière dictatoriale, sans valeurs et sans éthique, la République se doit de s'imposer une morale publique. C'est d'abord de façon permanente une double exigence de dignité pour le peuple qui vit en République : la liberté car aucune aliénation des choix de conscience n'est tolérable, ni justifiable par une quelconque autorité, et par la participation aux affaires publiques qui exprime le comportement normal du citoyen.
En effet, la dignité républicaine s'exprime dans cet exercice que les Grecs appelaient «ascèse» qui se traduit par l'engagement des gouvernants en faveur de l'intérêt général et en faveur de la transparence dans leur modèle de gouvernance.
Ainsi donc, le souffle de la République place le débat sur le terrain de l'idéal de la vie en communauté, donnant un sens nouveau à l'action publique et à la participation civique, et peut-être apporter une réponse tonique à nos interrogations post-révolutionnaires. Cette énergie revigorante peut nous aider à redresser la tête, et nous encourager à «faire ensemble» une société nouvelle.


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