L'Espérance de Tunis vire en tête, puis fléchit. Part à cent à l'heure, puis piétine. Un scénario de déjà-vu en Ligue des champions Le 16 juillet dernier, pour ses débuts en phase de poule, le club «sang et or» rate le coche au stade 5-Juillet. Après avoir ouvert le score dès la 7e minute par Darragi, il se laisse rattraper dix minutes plus tard par Maghrebi et souffre après les citrons. Le 3 août, deuxième sortie africaine, cette fois dans le choc du groupe B devant Al Ahly du Caire. La nouvelle recrue, le Camerounais Yannick Ndjeng, ouvre le score dès la 14e minute. Au second half, le représentant tunisien serre les coudes pour préserver son avance. Il plie sans rompre, recule dangereusement, s'expose aux raids meurtriers conduits par un poison nommé Nagy Geddo que l'entraîneur Manuel José a choisi d'aligner à partir de la fin de la première période. Ce jour-là, avec un peu de baraka, et surtout un Moëz Ben Cherifia en état de grâce, l'Espérance réussit tant bien que mal à défendre sa courte avance et à ramener à bon port un succès fort précieux. Mais on commençait déjà à se poser des questions sur cette baisse de régime de la deuxième mi-temps que certains continuaient pourtant de mettre sur le compte d'un pur hasard. Mais aujourd'hui que la même partition a été de nouveau jouée dans le chaudron du complexe sportif Mohamed-V de Casa, peut-on vraiment invoquer la simple coïncidence ? Les hommes de Nabil Maâloul ont cette fois poussé la baisse de régime à des hauteurs alarmantes. Après avoir dominé le Wydad et pris une belle avance de deux buts (Wajdi Bouazzi 22' et Walid Hicheri 37'), le black-out allait être total, la chute brutale. Conséquence : les Marocains remontent la pente et parviennent en deux temps trois mouvements à égaliser grâce à des réalisations de Pascal Oudama 68' et Keddiani sur pénalty 78', risquant même de l'emporter sur la fin de la rencontre. Relâchement, repli et frilosité On peut fort bien concéder que parmi tous les pensionnaires de la poule «B», les «Sang et Or» auront joué depuis le printemps dernier et la reprise du championnat en Tunisie et en Egypte le plus grand nombre de rencontres. Pour leurs internationaux, la cadence se révèle infernale et cela n'est pas sans se répercuter sur des organismes très sollicités. Manque de fraîcheur au double plan physique et mental, besoin de souffler, très forte dépense d'énergie : la saison devient interminable. Malgré le travail colossal entrepris par le préparateur physique, Khalil Jebali, et par le staff médical, la récupération a sans doute des limites au-delà desquelles elle n'est plus d'aucun secours. Il se trouve néanmoins que des ressorts psychologiques font également que la Champion's League ressemble jusque-là à un exercice de relâchement et de repli une fois l'EST menant au score. Cette attitude —frileuse, certes, mais tout à fait humainement spontanée — se trouve quelquefois aggravée par quelques choix techniques donnant la part belle à la couverture et au travail de récupération. Un travail qui s'est énormément ressenti, dimanche dernier à Casa, de l'absence de Majdi Traoui, garant de l'indispensable équilibre au milieu du terrain. L'Espérance a-t-elle aujourd'hui les moyens d'éviter ces sorties à deux vitesses et tout ce qui en découle comme perte de précieux points? Peut-elle réellement gérer plus intelligemment et de façon plus rigoureuse ses rencontres sur la durée d'un match entier? Son avenir en Ligue des champions 2011 dépend, en tout cas, dans une large mesure de la réponse à cette question. Il est naturellement facile de ressortir l'arsenal des lapalissades genre «un match dure 90 minutes». Mais il est toujours compliqué de demander à un compétiteur de se mettre «dans le rouge» du point de vue effort et énergies et de se maintenir longtemps dans un régime de surchauffe.