La répartition des ressources en eau dans toutes les régions du pays constitue incontestablement un des grands défis environnementaux. Depuis l'indépendance du pays, l'Etat a pu assurer une mobilisation des eaux pluviales grâce à des barrages, des barrages collinaires et des lacs collinaires. Les eaux profondes et superficielles ont contribué, elles aussi, à répondre aux besoins des agriculteurs en eau pour l'irrigation. L'agriculture, l'industrie et le tourisme sont considérés comme de gros consommateurs d'eau. Nos ressources en eau dépendent donc dans une certaine mesure de la pluviométrie. Durant la saison agricole 2008-2009, à titre d'exemple, toutes les régions ont enregistré un excédent pour ce qui des quantités de pluie, sauf le Sud-Est (essentiellement les gouvernorats de Gabès et de Tataouine) qui ont connu un déficit de 8%. La mobilisation des ressources hydriques a atteint près de 95%, mais beaucoup de régions souffrent encore d'un manque d'eau potable dans les zones rurales et les habitants doivent parcourir parfois de longues distances pour s'approvisionner. En outre, la qualité de l'eau provenant des puits et des sources n'est pas toujours garantie. Manque d'eau déjà perceptible Comme le dit un expert en environnement : «Les projections sont pessimistes puisque, selon les prévisions, au-delà de 2025, les pays à climat aride seraient en situation de pénurie d'eau (moins de 500 m3/habitant/an). Cette situation est d'autant plus alarmante pour la Tunisie qu'elle dispose des ressources en eau les plus faibles dans la région et qu'elle est déjà très proche de la moyenne fatidique, avec moins de 1.000 m3/habitant/an, sachant que le volume a été de 2.528 m3/habitant pour l'année 1995.» Des précautions doivent donc être prises dès à présent afin de faire face au manque d'eau. Des études ont été élaborées par le passé pour le moyen et le long terme. Des scénarios ont été conçus se basant sur des années faiblement, moyennement ou fortement pluvieuses, avec une rationalisation de la consommation dans les secteurs agricoles, industriels, touristiques et domestiques et une économie d'eau. En plus des ressources de surface et celles des nappes aquatiques, il conviendra d'agir au niveau de l'économie de l'eau. C'est ce qui a été fait par le passé, mais ces dispositions n'ont pas permis d'atteindre les objectifs escomptés, puisque le manque d'eau est déjà perceptible dans certaines zones. Un responsable au ministère de l'Agriculture et de l'Environnement reconnaît d'ailleurs que «la politique tracée par le passé n'a pas donné assez d'importance à la répartition équitable de l'eau. De ce fait, on a constaté que certaines régions, notamment celles du littoral et des grandes villes, sont bien approvisionnées, alors que d'autres, situées à l'Ouest, manquent d'eau malgré la présence des associations de gestion collective de l'eau. Celles-ci sont chargées de fournir l'eau dans les zones rurales où le réseau de la Sonede n'est pas encore installé». Moyens d'économie d'eau Et dire que l'édification de plusieurs barrages avait été programmé — d'une capacité totale de 300 millions de m3 — pour la mobilisation de l'eau comme, à titre d'exemple, El Kébir et El Moula dans le gouvernorat de Jendouba, Ezzayatine, El Kamkoum et El Harka, El Maleh, Ettine et Edouamis dans le gouvernorat de Bizerte et Srat dans celui du Kef. Cela devrait renforcer l'apport des barrages déjà existants. Durant l'année 2008-2009, aucun nouveau grand barrage n'est entré en exploitation, mais les travaux de construction desdits barrages se sont poursuivis. Pour ce qui est des eaux profondes, il s'agit de procéder au forage de puits. On en a compté 771 nouveaux en 2009. Parmi ces puits, 55 font l'objet d'une exploitation publique, alors que 709 relèvent des privés et 7 sont classés comme puits de prospection. En 2007, les eaux profondes ont été exploitées à travers les différents secteurs: domestique, avec 19.2% ; irrigation avec 75.6%, industrie avec 4.9% et touristisme avec seulement 0.3%. S'agissant d'économie d'eau dans le secteur agricole, on sait que l'Etat sous l'ancien régime a accordé des encouragements et des incitations aux agriculteurs, et ce, pour équiper les superficies agricoles en moyens d'économie d'eau. Des investissements importants ont été consentis dans ce cadre. L'Etat post-révolutionnaire aura à poursuivre cette politique moyennant les corrections qui pourraient se révéler nécessaires. L'autre volet adopté concerne les eaux usées traitées, dont l'exploitation dans le secteur agricole devrait augmenter, moyennant une amélioration constante de la qualité des eaux offertes. Les autres alternatives sur lesquelles l'Etat a commencé déjà à travailler concernent le dessalement des eaux saumâtres et l'amélioration de la qualité de l'eau dans le Sud en réduisant leur taux de salinité.