Par Hichem SATTARI La Tunisie s'apprête à vivre les péripéties d'une campagne électorale dans une conjoncture exceptionnelle imposée par un processus révolutionnaire et dictée par cette volonté populaire de garantir une légitimité susceptible de réaliser les objectifs pour lesquels le peuple s'est révolté pour chasser non seulement un général qui a failli à ses obligations de servir l'Etat et de protéger ses acquis, mais aussi de balayer un régime politique autoritaire qui avait réussi à détruire les ambitions de son peuple et à museler la liberté d'opinion. Cette nouvelle expérience qui commence d'ailleurs de prendre de l'ampleur au fil des jours à travers l'activité des partis politiques et de certaines associations civiles s'avère décisive pour le futur du pays puisque la majorité des Tunisiens seront appelés à passer au vote tout en respectant le verdict des urnes. Je pense que cette opportunité historique est en mesure de permettre aux citoyens de se familiariser avec la diversité d'un paysage politique au profil pluraliste dont on a vraiment besoin pour compenser la marginalisation de longues années de disette inutiles provoquant de surcroît une indifférence citoyenne devenue pour la plupart en alibi supplémentaire de rester dans le camp des silencieux. Aujourd'hui, nous sommes conscients de la délicatesse d'une situation économique préoccupante puisque selon les statistiques des spécialistes le taux de croissance commence à en subir les frais de l'instabilité dans tous les secteurs actifs du pays. J'estime incontestable que les politiques et les représentants de la société civile assument pleinement cette lourde responsabilité afin de présenter d'autres possibilités plus concrètes et mettre en application les promesses annoncées la veille de cette campagne électorale. D'ailleurs, la communication de la composition des listes des partis concernés et autres indépendantes dans les différentes circonscriptions annonce l'entame du premier acte de cette étape. Dans ce contexte, il me semble qu'il serait lucide d'attirer l'attention des observateurs et des superviseurs de l'Isie et des organisations civiles de rester vigilants et très avertis quant aux possibles infiltrations de candidats parachutés volontairement et encouragés par des personnes ayant servi le régime déchu et très attachées à ses principes et agissant en toute discrétion . Je présume, que des manipulations pareilles pourraient se produire surtout depuis l'apparition de nouveaux partis financés d'une manière ou d'une autre par des intermédiaires interdits de candidature. Je suis persuadé que l'importance de l'événement permettra à toutes les forces actives de dévoiler la vérité de ces magouilles qui peuvent perturber le cours normal des élections en vue d'octroyer à ladite campagne l'intégrité et la transparence voulue pour habituer les citoyens à apprendre à respecter la règle de la concurrence saine et choisir librement leurs futurs élus. J'avoue que l'Isie a fourni des efforts notables pour assurer toutes les garanties nécessaires pour réussir ce rendez-vous et qu'elle continue d'offrir la possibilité aux électeurs de voter dans des circonstances favorables dignes d'un peuple conscient et désormais très estimé dans le monde. Néanmoins, je pense que pour justifier cette distinction, il faudrait montrer un certain dévouement au pays afin de mener à bon port la suite de l'étape. A cet égard, le comportement du citoyen lors du scrutin sera décisif puisqu'il sera confronté au nombre excessif des listes mises au vote pouvant lui créer certaines difficultés pour le choix définitif de ses prochains représentants à la Constituante. On espère, à ce propos, que les médias et surtout le secteur audiovisuel puisse venir en aide aux citoyens à travers les émissions télévisées en vue d'éclairer les possibles ambiguïtés qui persistent sans oublier le rôle que pourraient jouer les intervenants des partis politiques durant la période de sensibilisation et d'incitation à aller concrétiser ce devoir civique. Je suis convaincu que l'élection de la Constituante n'est pas une fin en soi, car elle reste toujours l'une des étapes de cette transition démocratique qui nous donnera un aperçu sur le degré de civilité atteint par la société et la conscience d'un peuple qui aura intérêt à préserver les droits de l'Homme et éterniser la liberté d'expression. Ainsi, toutes les parties prenantes auront contribué à fonder les assises de l'égalité sociale dans la nouvelle Tunisie.