Le Festival du film maghrébin de Nabeul (FFMN) s'est déroulé du 7 au 11 septembre «sous le signe de l'exception et sous la bonne étoile de la révolution et grandira avec le rêve d'un printemps arabe enfin accompli». Cette 3e édition a à travers une trentaine de films entre courts et longs métrages arabes «chanté la vie et célébré l'espoir d'un Maghreb meilleur». Mais ce qui a distingué cette session, en fait, c'est que le festival a, selon son directeur, le réalisateur Anis Lassoued trouvé enfin sa voie et son identité : «Au commencement en 2006 et en 2008, les deux premières éditions du festival se sont focalisées sur les cinémas arabes mais, l'expérience aidant, nous avons recadré nos objectifs et opté finalement pour une orientation maghrébine. «D'autant que le FFMN est actuellement le seul et unique festival dans la région à avoir choisi cette spécificité et le Maghreb comme espace d'expression mais aussi, nous l'espérons, dans le futur de production et de distribution cinématographique. Soulignons que deux expériences de festivals maghrébins ont vu le jour auparavant, la première en Tunisie a été initiée par le regretté Ahmed Baheddine Attia dans les années 90. La seconde est née à Oujda au Maroc à l'orée des années 2000. Mais toutes deux sont restées sans suite. Nous avons donc repris l'idée car nous nous sommes dit c'est le moment ou jamais, grâce à la révolution, d'opter pour l'identité maghrébine commune à cinq pays de la région aussi bien au plan de la langue que des coutumes, voire du regard cinématographique». Les fonds pour le cinéma : la solution est maghrébine «En recherchant les fonds pour l'organisation du FFMN, je me suis adressé au syndicat des ouvriers maghrébins j'ai eu la chance de rencontrer le premier responsable qui m'a clairement affirmé que la solution au chômage, par exemple, est maghrébine, notre Mahgreb ayant besoin de main-d'œuvre même africaine. Idem pour les fonds de production cinématographiques qu'on peut trouver également au Maghreb. Cela en favorisant les coproductions maghrébines qui peuvent résoudre la question des financements des films tunisiens, surtout si l'on sait qu'actuellement une dizaine de longsmétrages tunisiens sont en stand-by malgré l'aide à la production du ministère de la Culture. J'ai contacté plusieurs cinéastes maghrébins qui ont salué l'initiative. L'Union européenne a salué également nos efforts et a accepté de subventionner le FFMN, l'ambassadeur de l'Union a accompagné le festival ainsi que le ministère de la Culture, certains mécènes et sponsors. Nous avons réaménagé les salles du centre culturel de Nabeul et de Sidi Ali Azouz avec l'aide de la délégation régionale. La qualité de la projection et de la sono a été améliorée sans compter l'installation de la climatisation. Cette démarche a abouti à la mise sur pied d'un comité de réflexion maghrébin pour favoriser la coproduction maghrébine. Par ailleurs les invités et cinéastes maghrébins ont décidé à la fin du festival de créer des associations maghrébines de cinéma dont a été issue la caravane du film maghrébin. Cette action consiste à projeter dans les cinq pays maghrébins tous les films primés au FFMN 2011, cela outre l'échange de techniciens sur les productions filmiques et l'organisation d'ateliers de formation au niveau maghrébin avec la possibilité d'octroyer des bourses. Tout ça pour dire que nous avons enfin trouvé notre voie et que nous tâcherons comme nous l'avons fait, au cours de cette édition, de montrer tous les films maghrébins passés inaperçus ou ignorées pour une raison ou une autre tels Gharssallah, la semence de Dieu du réalisateur tunisien Kamel Laâridhi, un documentaire auréolé par le prix du public (la Tortue d'or) Pégase du Marocain Mohamed Mouftakir et bien d'autres». Bref, ce festival né de la cinéphilie de jeunes Nabeuliens qui s'activent au sein de l'association des cinéphiles de Nabeul, prônant l'importance du travail associatif et de l'éducation, à l'image en vue d'une nouvelle culture citoyenne, a trouvé son identité et sa spécificité dans son environnement maghrébin. Voilà qui est bien et qui lui permettra de se focaliser sur un but capital: valoriser les regards et les visions cinématographiques maghrébines. Et ça n'est pas peu. Loin s'en faut. ------------------------------------------------------------------------ Palmarès de la 3e édition du FFMN 1) Prix du public le « Nabeulensis d'or » (La Tortue d'or) pour le meilleur long-métrage maghrébin : «Gharsallah, la semence de Dieu» de Kamel Lâaridhi (Tunisie) Mention spéciale du Festival du film maghrébin de Nabeul : Le Nabeulensis d'or (Tortue d'or) pour le Cinéma amazigh algérien (Algérie) Prix du public le «Nabeulensis d'or» (La Tortue d'or) pour le meilleur court-métrage maghrébin: «Courte vie» de Adil Fadili (Maroc)