Le discours prononcé hier par le Président de la République à l'ouverture du 14e congrès de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche est un moment fort de notre vie politique. D'abord parce que le secteur de l'agriculture et de la pêche représente un pilier fondamental de notre développement intégral et, plus encore — dans le contexte géographique et climatique qui est le nôtre — un indicateur du degré atteint par notre pays en termes de progrès en général. Car, comme le souligne si bien le Président Ben Ali, les peuples avancés sont en particulier ceux qui ont su vaincre l'adversité des facteurs climatiques et naturels pour conférer à leur terre un haut niveau de fertilité. Ensuite, parce que ce discours comporte une série importante de décisions qui sont de nature à jeter les bases d'un cadre nouveau pour tous ceux de nos citoyens qui s'adonnent à l'activité agricole ou de pêche, et en particulier, il faut le souligner, pour ceux qui font preuve d'esprit d'innovation. Enfin, cette allocution marque le 60e anniversaire de cette organisation professionnelle qu'est l'Utap, dont l'engagement pour l'essor de l'agriculture et de la pêche s'est toujours mêlé étroitement à la cause de la souveraineté et de l'invulnérabilité de notre pays, à travers les grandes étapes de notre passé récent. Le présent congrès, et le Chef de l'Etat a insisté sur cela, se doit d'être une occasion privilégiée au cours de laquelle cette organisation professionnelle se rappelle son propre héritage de « militantisme et d'abnégation»: un héritage qui l'honore, bien entendu, mais qu'il convient de mobiliser à nouveau et de relancer vers l'avenir au service des défis de l'heure. Nous l'avons dit, les décisions annoncées hier sont d'une grande importance et réaffirment avec force le soutien de l'Etat aux côtés des exploitants qui sont engagés dans l'effort de modernisation des méthodes de travail et d'innovation, aussi bien dans le domaine de l'agriculture que dans celui de la pêche. Ainsi, en ce qui concerne les agriculteurs qui recourent à l'irrigation et qui ont été obligés de s'endetter pour cette raison, la possibilité leur est donnée d'obtenir un rééchelonnement de leur dette sur une période de cinq ans. D'autre part, les exploitants qui ont diversifié leurs activités pourront désormais, et jusqu'en 2014, bénéficier des crédits de campagne jusque- là réservés aux grandes cultures. En outre, la prime de 40 % au titre de l'acquisition de matériel agricole et qui est actuellement réservée au secteur des grandes cultures est également généralisée aux autres secteurs de production. Par ailleurs, et afin de dynamiser la création de projets, le plafond des investissements éligibles aux prêts et aux subventions a été relevé de moitié, avec révision des critères d'octroi pour les petits et moyens exploitants dans le sens d'une moindre sévérité. S'agissant du secteur de la pêche, il faut retenir les mesures suivantes, qui tendent à développer l'aquaculture à travers de nouvelles incitations financières tout en organisant les activités de pêche en mer de manière à ce qu'elles ne portent pas atteinte à la capacité de régénération des ressources halieutiques mais que, dans le même temps, elles permettent aux marins-pêcheurs de ne pas être pénalisés. Cela se fera notamment par le biais d'un fonds de financement du repos biologique et par l'élaboration d'une étude scientifique sur les procédés de pêche qui permettent de préserver les ressources. Ces mesures évoquées ne sont pas exhaustives. D'autres concernent les jeunes diplômés, ou encore la femme rurale, qu'il s'agit d'aider à écouler le fruit de son travail. D'autres encore se rapportent à la mise en place d'un nouveau système d'évaluation de la qualité des céréales livrées par les agriculteurs au moment de la récolte en vue d'une équité plus sûre, d'autres enfin aux structures professionnelles qui, soulignons-le, représentent un maillon essentiel du point de vue de la mise en œuvre de la politique de développement de notre agriculture nationale dans sa relation avec le secteur de la transformation et ses propres évolutions. Toutes ces décisions, dans leur diversité, restent commandées par un impératif qui, lui, demeure, et que le Chef de l'Etat n'a pas manqué de rappeler dès les premières phrases de son discours‑: réaliser notre sécurité alimentaire, assurer la pérennité de nos ressources naturelles et faire face aux changements climatiques et aux défis mondiaux. Cet objectif stratégique, sur lequel repose en grande partie la politique de consolidation de l'indépendance de notre pays sur la scène planétaire, qui ne change guère, quelles que soient les transformations qui touchent aux modes de gestion et d'exploitation, quelles que soient les innovations dans les activités de production. Mais un objectif stratégique qui engage cependant un style nouveau, celui que le Président de la République cherche désormais à imprimer dans tous les domaines de l'action collective : le renforcement du dialogue, de la coopération et du consensus entre les divers partenaires au service de l'adhésion aux orientations et programmes définis pour notre peuple et pour notre pays.