«Chassez le naturel, il revient au galop». Cet adage doit sonner l'alarme et éveiller davantage notre attention pour que ces pratiques nauséabondes — corruption, pots-de-vin, graissage de patte — et un tas d'autres astuces mafieuses pour soutirer de l'argent, ne se ravivent pas. Les cendres du mal d'un passé récent ne sont pas encore tout à fait éteintes. Les quémandeurs-sorciers n'ont pas complètement perdu le réflexe d'encaisser illicitement, et les payeurs forcés, pensant que les choses n'ont guère changé, sont demeurés conditionnés dans leur rôle de vache à lait dont ils ont pris le statut un quart de siècle durant ! - Des dizaines de dinars reçus sous cape pour fermer les yeux sur une infraction et faire sauter amendes et contraventions. - Des centaines de dinars, passés de main en main, dans la pénombre d'une ruelle ou les tréfonds d'un café, pour l'obtention d'un permis de construire illégal ou encore un permis de conduire non mérité. - Des milliers de dinars qui transitent par l'intermédiaire d'une tierce personne malhonnête et qui finissent dans les poches d'une grosse «huile», pour l'obtention frauduleuse d'une embauche ou une tricherie dans un concours d'admission. Si on faisait le tour de tous les gouvernorats du Nord au Sud et d'Est en Ouest, nous reléverions un tas d'opérations semblables et d'anecdotes vraies et vécues qui nous feraient beaucoup plus pleurer que rire. En effet, derrière ces sinistres tableaux d'arnaque, de corruption, de vices et un tas d'autres comportements crapuleux, des drames ont éclaté, plongeant dans le calvaire du désespoir les citoyens qui n'avaient pas les moyens de régler ces dizaines, centaines, milliers de dinars et qui, de ce fait, ont tout raté. Après cette révolution, il est impératif, voire urgent, de changer la donne pour sinon éradiquer complètement ce fléau (ce qui est humainement impossible), du moins diminuer ces pratiques douteuses et malsaines. Des commissions régionales sont à créer afin de réfléchir profondément aux moyens préventifs et punitifs en vue de faire face à ce banditisme administratif : en améliorant les prestations de services administratives, en instituant des paramètres fixes et bien définis, en plaçant des vérificateurs efficaces, en modérant les amendes et pénalités, en allégeant réglementairement les redressements fiscaux pour les rendre plus réalistes… et beaucoup d'autres procédures à concevoir par ces commissions. On pourrait alors barrer la route à ces renards humains qui infestent l'ensemble du pays pour voler le fromage-nourricier de ces autres corbeaux-humains que sont ces pauvres gens du peuple. Je vais terminer par ce proverbe enrichissant : «L'habitude est une seconde nature». Tâchons de ne pas l'oublier !…