De Hatem Belhaj - Selon plusieurs témoignages, certaines mauvaises habitudes, qui avaient failli pousser notre pays vers un gouffre économique, ont repris de plus belle. Le ras-le-bol populaire qui a déclenché la révolte et qui a abouti à la révolution avait ciblé les pratiques mafieuses, des caïds certes mais aussi de leurs sbires. Toutefois, il ne faut pas oublier les citoyens lambda, qui n'ont pas le profil de mafieux mais qui adoptent leurs pratiques et donc, nourrissent leurs terreaux. Ainsi, après une accalmie postrévolutionnaire, la « rachoua », ou pots-de-vin, reprend du poil de la bête. La seule différence, c'est que du temps de l'Etat mafieux, on en est arrivé à un point où cette pratique était ouverte, normale, indispensable et surtout revendiquée. Les hiérarchies n'avaient jamais lutté contre car, beaucoup de chefs partageaient l'obole et certains avaient même instauré un climat pour encourager les pourris à devenir responsables, afin de mieux les asservir et les contrôler en ayant des « dossiers » prêts à être divulgués à la moindre incartade. Un retour vers la « rachoua » attitude réinstallera l'injustice et l'émergence d'une nouvelle mafia. Les Tunisiens peuvent lutter contre ce fléau en adoptant un comportement responsable et citoyen, déjà, en s'abstenant de donner des pots-de-vin et surtout en dénonçant ceux qui en exigent. Apprenons à payer les PV au lieu de nous en sortir avec un billet glissé dans la poche d'un agent. Respectons les lois, les cahiers de charges et autres exigences administratives au lieu de nous entêter à contourner l'ordre par l'argent facile. Enfin, protégeons la santé économique de notre pays, sa réputation et l'égalité des chances de ses citoyens en restant vigilants et intransigeants. Nous sommes conscients que nous ne pourrons pas éradiquer la « rachoua » mais nous devons la combattre sans relâche.