Les jeunes de l'intérieur du pays demandent à l'Etat d'investir dans des projets d'envergure rentables qui contribueraient à diminuer le déséquilibre régional. Il n'est pas normal, en effet, que les régions du littoral soient bien loties avec un tissu industriel et des zones touristiques bien développées alors que d'autres régions du centre, de l'ouest et du sud souffrent de la précarité et du manque d'infrastructure et d'entreprises d'envergure capables de faire travailler des milliers de jeunes diplômés de la formation professionnelle ou de l'enseignement supérieur. Mais, en fait, dans quels secteurs l'Etat peut-il investir dans une économie que l'on veut ouverte ? L'ancien régime a voulu favoriser l'économie libérale et capitaliste en encourageant l'initiative privée, la loi de l'offre et de la demande, le désengagement de l'Etat dans des secteurs qui peuvent être ouverts à la concurrence... Cette politique a montré ses limites lors de son exécution dans la mesure où le nombre de chômeurs ne cesse d'augmenter malgré les investissements privés enregistrés tout au long de l'année. De plus, les travaux agricoles n'intéressent plus les jeunes qui ne veulent pas travailler dans la terre dont ils ne sont pas propriétaires. Revaloriser le travail agricole Lors de la cueillette des olives, à titre d'exemple, on a du mal à trouver des jeunes pour effectuer ce travail qui est souvent mal payé il faut le dire. Et même ceux qui sont propriétaires de petites parcelles agricoles ne sont pas toujours attirés par le travail de leurs aïeux préférant être intégrés dans une grande entreprise dans une grande ville car leur région n'en possède pas. Leur région manque aussi d'infrastructures de base, d'équipements collectifs, de lieux de loisirs et de distraction moderne comme c'est le cas dans les régions du littoral, compte tenu de leur vocation touristique et industrielle. Depuis l'indépendance et malgré la volonté des dirigeants politiques – du moins en théorie –, on n'a pas réussi vraiment à résoudre le problème du déséquilibre régional même si des pistes et des routes ont été aménagées un peu partout sur le territoire. Une transformation radicale est donc à faire au niveau de l'infrastructure et des équipements collectifs dans les régions intérieures sans changer pour autant leur vocation économique. Ces régions doivent rester un noyau dur de l'agriculture tunisienne pour pouvoir satisfaire un tant soit peu les besoins de la population en produits agricoles à défaut d'une autosatisfaction dont on a beaucoup parlé par le passé. Il n'est pas normal que la Tunisie importe une grande partie de ses besoins alimentaires de l'étranger à coup de millions de dinars! Les entreprises de transformation des produits agricoles peuvent être une solution adéquate dans ces régions. L'Etat peut contribuer à lancer des entreprises de ce genre à forte employabilité dans le secteur de l'huile d'olive, des conserves... Pour encourager les hommes d'affaires à investir, il est nécessaire de leur fournir les facilités nécessaires en agissant au niveau de la fiscalité, des procédures administratives, des prêts et autres. En plus de l'emploi, de l'infrastructure et des équipements collectifs et de loisirs, les habitants de l'intérieur réclament aussi un pouvoir d'achat leur permettant de vivre dans des conditions confortables. Même ceux qui travaillent n'arrivent pas souvent, aujourd'hui, à joindre les deux bouts vu les multiples dépenses et la cherté de la vie. L'augmentation salariale ne doit pas être suivie, comme c'est souvent le cas, par une révision des prix des produits de consommation à la hausse comme c'est souvent le cas. De nombreux Tunisiens sont obligés de se débrouiller chaque mois pour pouvoir vivre en contractant des crédits bancaires et en exécutant des petits travaux en parallèle quand cela est possible. Les habitants de l'intérieur du pays ont certainement d'autres attentes, mais souhaitent d'abord la concrétisation des plus essentielles et qui concernent l'emploi, le pouvoir d'achat et l'infrastructure. Les ambitions sont grandes, mais cela ne doit en aucun cas porter atteinte aux équilibres financiers de l'Etat appelé toujours à maîtriser le taux d'endettement extérieur.