Le coup d'envoi de la première édition "d'Art TunisParis 2011" a été donné, le 24 septembre dernier, à l'Espace d'art Mille Feuilles de La Marsa, qui a fêté, à l'occasion, ses 20 ans, pour se poursuivre (le même jour) par un parcours scénographique en son et lumière dans les jardins de la Résidence de France à La Marsa. Un rendez-vous exceptionnel, autour de l'art contemporain, entre Tunis et Paris, organisé par l'Institut Français de Tunisie, en partenariat avec l'Espace d'art Mille Feuilles de La Marsa, le Musée du Montparnasse, la foire d'art contemporain Cutlog, avec le soutien de l'Institut Français et du ministère de la Culture et de la Communication à Paris. Trente jeunes artistes tunisiens, peintres, sculpteurs, graphistes, performers, vidéastes, photographes, artistes numériques ont ainsi l'occasion d'explorer et d'investir des lieux d'art et de culture dans les deux capitales. A Paris, ces artistes (s') exposeront, en octobre, au Musée du Montparnasse et dans deux galeries privées, la galerie Sponte et Les Singuliers, et participeront également à la foire d'art contemporain Cutlog. " Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie", avait dit Lautréamont, ouvrant ainsi grandes les portes des combinaisons. Ces propos (entre autres) sont vite récupérés par les surréalistes et DuChamp, qui grâce à Cézanne et Kandinsky avant eux, ont préparé le terrain à l'émergence de ce qu'on appelle l'art contemporain. Commençons par apporter des petites explications à cette notion qui reste, pour ainsi dire, difficile à définir. La notion de l'art contemporain reste liée à une sphère historique et communément, on s'arrange pour dire que la pratique contemporaine a succédé à la Seconde Guerre mondiale. Est contemporain ce qui veut s'affranchir du passé (de l'art moderne surtout) mais aussi ce qui s'inscrit dans le même temps que le sujet. " L'art contemporain serait donc l'art qui se fait aujourd'hui. Mais, appliquée à l'art, cette notion, sans perdre son caractère historique, revêt, de surcroît, un caractère esthétique. La désignation “art contemporain” ne doit donc pas uniquement être prise au sens chronologique, car toutes les productions contemporaines n'appartiennent pas à l'art contemporain, ni ne se revendiquent de l'art contemporain." (*) En Tunisie, au Maghreb et en Afrique en général, la pratique contemporaine (dans sa notion esthétique et historique) n'est pas, tout à fait, récente comme on le croirait mais plutôt "dubitative" car, suite aux différentes crises connues par ces pays (colonisation, dictatures…), cette pratique a été comme en suspens. En Tunisie, le secteur de la culture et les arts plastiques plus précisément ont été délaissés, voire malmenés, des années durant (absence de liberté d'expression, absence de structures et de vrais financements). Des artistes ont réussi, quand même, à mener leurs bouts de chemin et une jeune génération a pu germer, prête à imploser et à montrer, au monde, ce dont elle est capable. Aidés par une volonté tenace, par des galeristes ou encore par des organismes et des institutions, ces artistes ont pu, ainsi, explorer, expérimenter, évoluer et tout simplement exister. Permettant, un tant soit peu, à la pratique artistique contemporaine en Tunisie de s'inscrire dans le temps et de ne pas se contenter de rattraper le train en marche. Les publics tunisiens et français auront ainsi l'occasion, à travers cet événement inédit, de s'ouvrir sur les démarches artistiques de ces jeunes artistes tunisiens émergents qui ont eu la chance de bien se faire entourer, à l'instar de Ali Tnani, Daly Belkhadhi, Ymen Berhouma, Hela Briki, Ghazi Frini, Khaoula Dridi et Tarek Khalladi, et d'autres plus confirmés comme Halim Karabibene, Omar Bey, Mohamed Ben Slama, Karim Ben Amor, Mohamed Ali Belkhadhi, Adel Akremy, Samir Makhlouf, Mohsen Jeliti, et d'autres encore. Premières rencontres en Tunisie à l'Espace d'Art Mille Feuilles (jusqu'au 30 septembre 2011) avec, entre autres, Ali Tnani qui nous présente son diptyque, où ses collages d'éléments urbains se fondent dans une surface anarchique faite d'un tohu bohu de couleurs brumeuses ; avec Samir Makhlouf, fidèle à lui-même, qui nous raconte tout en poésie (et dans la prose et dans le geste) avec ses figures et ses corps distordus, difformes qui semblent n'obéir à aucunes loi, " Le voyage intrépide de l'éphémère " et rend " Hommage à l'esprit "…Au rendez-vous également Omar Bey qui s'est détaché un peu de la toile pour nous offrir son " mur " d'agora faite de fil de fer. Rachida Amara est présente avec trois " eaux fortes " (gravure) à l'univers " surréaliste " où elle se joue des figures et des mots avec save soul, mariage con-temporel et bain mort. Du côté des jardins de la Résidence de France à la Marsa, on s'est libéré du " chassie " pour explorer (jusqu'au 7octobre 2011) d'autres supports et d'autres outils (son, lumière…).