La grève de l'entraînement passe aujourd'hui pour le plus simple moyen d'exprimer ses revendications Le plus simple et le plus accessible mais certainement pas le moins controversé et dangereux pour les intérêts du club, d'autant qu'il est généralement suivi de grosses difficultés physiques et techniques rencontrées par les joueurs. A un mois de la reprise de la compétition nationale, les joueurs d'au moins trois clubs ont sacrifié à cette mode, un peu dans l'air du temps : l'Olympique de Béja, l'Espoir Sportif de Hammam-Sousse et, lundi dernier, le Club Africain. Dans ce dernier cas, une distinction a été établie entre «meneurs» et «suiveurs», ce qui peut réduire de la dimension du mouvement. Le quintette des «agitateurs» devait comparaître hier devant la commission de discipline du club de Bab Jedid. A l'avant-veille du départ pour Akur au Nigeria pour un match crucial des demi-finales de la coupe de la CAF (excusez du peu!), ce n'est pas là à coup sûr le meilleur moyen de se préparer. Les joueurs réclament des arriérés (trois salaires et une prime de qualification au dernier carré continental). Le porte-parole clubiste, lui, évoque un retard de paiement du seul salaire du mois de septembre. Affaire à suivre… A Béja et à Hammam-Sousse, le retard accusé est on ne peut plus pénalisant, presque une semaine d'arrêt de travail. Retard de versement des salaires et de certaines tranches des fameuses primes de rendement : voilà le motif de ces «mouvements sociaux» qui ont dû nécessiter plusieurs rounds de négociations entre les bureaux de Ali Bornaz et Ahmed Jegham et les joueurs qui s'exprimaient d'une même voix. Contrairement au cas du CA où l'isolement de cinq joueurs aura permis de parler de «meneurs» incitant au boycott des entraînements. Le nœud gordien de cette vague à laquelle El Gawafel Sport de Gafsa passait la saison dernière pour un abonné s'appelle l'argent, le tourmentant nerf de la guerre, lequel manque cruellement aux clubs de l'élite en cette phase d'arrêt des compétitions. Pas de recettes au guichet, pas plus de droits TV, de rentrées assurées par Promosport… Même les providentielles subventions des autorités régionales viennent aujourd'hui à manquer, alors qu'elles représentent 25% par exemple dans le cas du budget des Cigognes. La Fédération nationale ne fait, pendant ce temps, l'économie d'aucune occasion d'étaler ses dissensions sur la place publique. Ce serait exagérément prétentieux d'attendre qu'elle vole au secours des clubs, empêtrée dans un déficit financier chronique. Mais il y a à croire que d'ici le 4 novembre et les trois coups de Ligue 1, la quasi-totalité des clubs peuvent craindre à tout moment que les feux des grèves des joueurs embrasent l'équilibre précaire d'associations confinées à un jeu de funambules.