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Aspirent à un vote qui soit porteur d'une volonté de changement et non d'un Islam politique
Opinions : Les partisans des libertés civiles en Tunisie
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 11 - 2011


Par Mouna DAADOUCHE
Dénonçant la passivité et un ton non confrontatoire des Tunisiens anti-islamistes, des manifestants se sont rassemblés mardi 25 octobre pour clamer haut et fort leur soupçon d'une fraude électorale orchestrée par le parti islamiste Ennahdha.
Les partis politiques libéraux qui ont émergé, par un effet de surprise, parmi les finalistes des élections, se plient à l'issue des résultats et des règles du jeu politique et se rallient aux islamistes d'Ennahdha, les seuls vrais vainqueurs des premières élections démocratiques. Tandis que cette victoire incontestée servira de leçon aux partis laïcs qui ont mené une campagne anti-islamiste acharnée, le jeu des alliances est en train de se former.
Les libéraux interprètent les résultats des élections en Tunisie, historiques dans l'ère du printemps arabe, comme un appel au changement pas forcément dans la logique d'une idéologie islamiste mais d'une période de renouveau. Cependant, le constat d'un vote unanime protestataire contre le discours anti-islamiste des partis laïcs est incontestable; mener une attaque aussi radicale contre la religion a un contre-effet pour le peuple tunisien, qui considère la religion musulmane comme sacrée.
Le message qui se propage parmi les libéraux en Egypte, en Libye, ainsi dans que les autres pays de la région est le suivant : «Evitons tout conflit entre les forces laïques et le mouvement islamiste», tel que le proclame Moncef Marzouki aux médias tunisiens, un fervent défenseur des droits de l'Homme, chef du parti Congrès pour la République (CPR), et qui est arrivé en deuxième position lors de ces élections.
Le phénomène inattendu le plus significatif pour les forces libérales en Tunisie et dans la région fut la défaite du Parti progressiste démocratique (PDP), qui jusqu'au dernier moment de sa campagne, s'est positionné comme le principal rival d'Ennahdha. Tandis qu'Ennahdha a plaidé pour revendiquer sa volonté de respecter les libertés individuelles, selon la tradition et les principes démocratiques occidentaux, et même accepté une coalition avec les laïcs, le PDP continue les attaques contre les islamistes, les accusant de manipulation de l'opinion publique et de dissimuler un agenda d'islamisation radical des esprits.
Les offensives du PDP ont suscité la colère des électeurs, car les deux autres partis libéraux arrivés dans le peloton de tête se révèlent moins sceptiques vis-à-vis d'Ennahdha. Ainsi le CPR et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (aussi connu sous le nom d'Ettakatol) ont, dès l'issue des résultats, entamé un dialogue et des négociations pour former un gouvernement d'unité.
«Nous devons notre succès au fait que nous nous sommes adressés au peuple tunisien en proclamant : écoutez, nous sommes tous des citoyens avec des droits fondamentaux, veillons à ce que soient respectés les droits de l'Homme et battons-nous pour les libertés civiles. Mais ne faisons pas des islamistes nos ennemis. Nous ne voulons pas d'une guerre idéologique entre les forces laïques et les islamistes», tels furent les propos de Marzouki à la veille des élections.
Le message qu'il exprimait face aux islamistes était explicite: «Nous reconnaissons que l'Islam est la religion de l'Etat, mais soyons tout de même vigilants. Nous ne renonçons pas à notre lutte pour les libertés civiles. C'est mon intime conviction que nous pouvons prononcer les notions de droits de l'homme et de la femme sans être contraints à engager un combat idéologique avec les islamistes».
Il n'y pas de consensus entre tous les Tunisiens libéraux. Ainsi quelques centaines d'entre eux ont manifesté mardi dernier pour dénoncer des méthodes «mesquines» de la campagne électorale du parti Ennahdha, qu'ils soupçonnent d'avoir acheté des voix, les accusant de «corruption» sous diverses formes.
«Nous ne pouvons pas leur faire confiance», a ainsi déclaré Faouzia Mzabi, une jeune Tunisienne sophistiquée, issue de la bourgeoise. «Nous savons qu'ils sont financés par le Qatar», a-t-elle accusé, bien qu'Ennahdha ait refusé en bloc toutes les théories de complot l'accusant de financements occultes par des pays du Golfe.
Mais l'autre camp des libéraux (son nom!), qui sort renforcé de ces premières élections, estime quant à lui que les résultats sont légitimes et se refuse à mener une politique sur le mode de la confrontation.
Aziz Ounis, politologue tunisien et professeur à l'ENS, nous explique que le profil du sympathisant d'Ennahdha n'est pas forcément celui d'un Tunisien religieux : «Leur crédibilité se joue en tant que réel acteur du changement, qui rompe de façon radicale avec la dictature de Ben Ali. Le leader Rached Ghannouchi ainsi que les autres chefs de file du parti ont été victimes d'une chasse aux sorcières, de persécutions et de tortures... qui les rangent dans le camp de l'opposition ayant le plus souffert sous le régime de Ben Ali.
D'autant plus que l'exil politique leur confère une légitimité aux yeux des Tunisiens. Le vote est tout simplement chargé d'émotions et de compassion face aux maux qu'ils ont endurés. Cela dit, certains partis libéraux sont aussi des vétérans dans la lutte contre la dictature».
«Les Tunisiens sont déchirés entre une identité arabo-musulmane et leurs aspirations à s'identifier et imiter la culture occidentale», poursuit Aziz Ounis. «Et toucher à cette crise identitaire met en péril la balance politique. Nous avons un problème de shizophrénie en Tunisie».
En mettant en cause l'aspiration au religieux revendiquée par Ennahdha, le PDP a donné une portée identitaire aux débats, dans laquelle l'identité culturelle du citoyen tunisien devait s'ancrer dans une ligne de pensée laïque. Or, cet argumentaire a finalement produit l'effet inverse à celui que le PDP escomptait, renforçant l'appel à une identité musulmane prônée par Rached Ghannouchi.
Le parti libéral Ettakatol, sorti en troisième position des scrutins, propose, lui, un programme politique qui n'est pas obligatoirement axé sur l'identité religieuse. Une jeune candidate, Lobna Jeribi, la résume : «Nous sommes musulmans, sans avoir à le crier haut et fort. Pas plus que n'avons à mentionner que nous sommes laïcs, il est évident que nous sommes un produit des deux, et nous pouvons vivre cette double identité de façon tout à fait harmonieuse».


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