L'Espérance est au sommet de la plus haute montagne d'Afrique Stade de Radès : EST - Wac 1-0 (score acquis à la mi-temps). Public très nombreux. Pelouse en bon état. Arbitrage de Doue Noumandiez. But marqué par Afful à la 21'. Expulsion de Massane (WAC) EST : Ben Chrifia, Afful, Chammam, Hichri, Banana, Korbi, Traoui, M'sakni (Coulibaly), Darragi (Mouelhi) N'djeng, Bouazzi. WAC : Bounou, El Massane, Msassi, Drissi, Ajeddou, Yassine, Berrbah, Youssef, Rami, Ondama, Saïd. Il fallait avoir l'estomac solide pour suivre de bout en bout cet EST-WAC. L'estomac, les nerfs et tout le reste, comme s'il était écrit quelque part qu'il faut des larmes, de la souffrance et une infinie patience pour réussir le bis. Pour l'Espérance, pour les clubs tunisiens, cette coupe des champions était devenue le Kilimandjaro, sommet tant rêvé, tant désiré, si inaccessible. Une histoire d'amour inaccomplie parce que trop rare, vécue comme un mirage. Une fois, une seule fois. Frustrant ! Il fallait un autre rendez-vous, une autre rencontre, un autre baiser, un retour de flamme. Voilà qui est fait et l'Espérance peut à présent laisser exploser sa joie et rêver du pays du Soleil Levant, de Barcelone, de Messi et de reconnaissance… planétaire. Mais Dieu, ce que cela a été dur ! Un non-match pour une victoire vraie, des sueurs froides, des jambes en plomb, des idées courtes, des passes longues et, surtout, cette peur omniprésente qui a paralysé des «Sang et Or» qui étaient pourtant prêts à tout. A tout sauf à perdre, un but d'anthologie d'Afful, le grand absent de Casa pour des stars étrangement absentes. Mais où sont donc passés les Msakni, Darragi, Bouazzi et Traoui ? Banana, par contre, était bel et bien là, comme ce diable d'Afful qui joue juste comme une horloge suisse et qui se permet de crocheter de la droite et d'envoyer d'un pied rentrant gauche le ballon hors de portée d'un gardien marocain qui a pourtant fait oublier Limiaghri. Plus rien n'est important Dans la foulée, c'est Darragi qui rate le K.-O. (27') puis Omdama l'égalisation (31'). Deux rares occasions dans un match bizarre où l'Espérance a défendu bas, joué long, raisonné peu et oublié son football. Contre un Widad qui a cru en ses chances mais qui n'avait pas les moyens, faute de soutien et de percussion. Pourquoi le cacher, les «Sang et Or» ont joué la peur au ventre, ils étaient très loin les uns des autres et n'ont, pour la seconde fois de suite, pas su meubler la partie gauche de leur attaque avec Darragi et Msakni qui collaient un peu l'un à l'autre, alors que Bouazzi avait retrouvé ses réflexes d'ailier un peu fou. Le long de la gauche, on avait comme l'impression que Maâloul ne contrôlait plus la situation. Pouvait-il le faire quand on sait que tout se jouait dans la tête des joueurs. Sinon comment expliquer que l'Espérance ne réussissait du coup plus à aligner trois passes de suite, à poser le jeu, à raisonner. Réflexions inutiles après coup, mais qui vous donnent une idée précise de la peur qui habitait les joueurs. Une peur qui a fait que, même avec un WAC à dix, l'Espérance a failli passer à la trappe. Et ç'aurait été le drame, heureusement évité par un remarquable Afful. Voilà pour une finale mal jouée mais victorieuse. Car, pour le reste du parcours, l'Espérance mérite amplement ce sacre. Elle aura à peine le temps de le fêter qu'elle plongera de nouveau dans le championnat, la Coupe du monde des clubs champions et la CAN pour les internationaux. Mais avant, place à la fête !