Par Hassen Chaari* «Les sociétés meurent lorsqu'elles ne rêvent plus» (Descartes) «On ne peut pas forger son avenir sans garder à l'esprit son passé» (Pierre Dac) Regardons bien dans l'immense kaléidoscope de plus de 3.000 ans d'histoire de notre pays ! L'on y trouve : - Des hommes d'Etat célèbres comme Massinissa ; - Des rois augustes à l'instar de Juba II, Tertullien, Augustin, Reine Didon et tant d'autres... - Des scientifiques distingués comme l'agronome carthaginois Magon. - De grands capitaines et guerriers carthaginois comme Hannibal, Hamilcar, Scipion l'Africain - Des navigateurs célèbres comme le Carthaginois Hannon Telle est —un peu— l'histoire de Carthage, riche, fière et glorieuse grâce à ses hommes et femmes. En effet, à l'origine de l'une des plus grandes puissances commerciales et militaires de sa région dans l'Antiquité, Carthage a réussi à prendre l'ascendant sur toutes les cités phéniciennes de la Méditerranée occidentale, avant d'essaimer à son tour et de développer sa propre civilisation. Cette grande civilisation résultait du mélange de la culture indigène des Berbères et de la civilisation qu'apportaient avec eux les colons phéniciens. Ce qui rend Carthage encore plus grande, c'est le fait que notre pays n'a pas été du tout ménagé par la géologie ni par le climat. En effet, parmi nos terres cultivables, l'on ne dispose en Tunisie que de peu de terres fertiles avec une pluviométrie minimale. Pire encore, la moitié de nos nappes contiennent de l'eau salée et une partie de notre territoire est constamment menacée par la désertification. Ajoutons à cela que notre pays n'a hélas ni mines ni ressources naturelles importantes. C'est justement pourquoi le Carthaginois ou son descendant tunisien est devenu —avec le temps et par la force des choses— créatif, débrouillard, aimant à relever les défis et à remporter les victoires. Un député fédéral allemand disait à ce propos : «Autant il est légitime de parler de relations économiques germano-tunisiennes, autant il est plus juste de parler de relations culturelles tuniso-allemandes, tellement l'histoire tunisienne pèse lourdement sur l'échiquier mondial». Autrement dit, si la Tunisie demeure un pays tant apprécié et convoité par tout le monde, c'est parce qu'elle est héritière de la grande civilisation carthaginoise et pour son histoire trois fois millénaire qui ne cesse d'imprégner l'humanité entière par une touche de tolérance, de solidarité, d'hospitalité et de respect vis-à-vis de l'autre, même s'il est différent. En effet, les Tunisiens ont toujours su cohabiter en paix et sans heurts ni confrontations avec les chrétiens (nous en étions nous-mêmes durant 7 siècles), les juifs, les noirs, les berbères, les vandales, etc. Après la révolution du 14 janvier 2011, l'avenir de la Tunisie sera certainement jalonné de nombreux défis considérables à cause du libre-échange qui sera de plus en plus mondialisé et de la compétition économique qui sera générale. Rien que le tourisme mondial, il se démocratisera énormément et touchera les cinq continents. Or, notre pays possède un avantage de poids dans sa région ; c'est qu'il était le berceau de la grande Carthage qui a vaincu l'empire romain et a dominé la Méditerranée pendant des siècles. Autrement dit, parce que la Tunisie était le berceau de l'illustre civilisation carthaginoise, elle est en droit d'occuper aujourd'hui la place privilégiée dont elle est digne. Entre autres, elle peut s'approprier le nom de «Carthage» (bien qu'il y en ait 9 dans le monde). Pour ce faire, l'on peut –à l'occasion de la rédaction de notre nouvelle Constitution— remplacer le nom de «Tunis» par «Carthage» pour en faire notre nouvelle Capitale ; l'actuelle «Carthage» deviendra alors «Carthage antique» ou «punique». Ce nouveau nom servira non seulement notre tourisme, actuellement en berne, mais aussi notre économie, notre culture, notre image de marque... Ce faisant, le monde n'oubliera plus jamais que la «petite Tunisie» a apporté «une grande pierre» dans l'édifice de la civilisation humaine. A titre d'exemple, dans les années 60, M. Chedly Klibi était en visite officielle aux Etats-Unis en sa qualité de ministre tunisien de la Culture. C'est seulement lorsqu'on a su qu'il était en même temps maire de Carthage qu'on lui a prêté plus d'attention, réservé les honneurs et déroulé le tapis rouge. Bref, Carthage est aujourd'hui et restera pour toujours un trésor national sans équivalent qu'il est temps de consacrer pour redorer l'image générale de la Tunisie, surtout après les grands dégâts en tous genres causés par l'ancien régime et qui ont tellement terni son ego. *(Universitaire et président de l'Association pour le développement de la recherche et l'innovation-ADRI)