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Observer le passé avec le regard du présent
Conférence sur «la deuxième discorde» ou la relation entre le religieux et le politique en Islam
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 11 - 2011

La chercheuse et historienne Boutheina Ben Hassine a été, vendredi après-midi, l'invitée de l'association «ConsciencePo » pour l'éducation politique des jeunes, lors d'une conférence basée sur son ouvrage «La deuxième discorde», édité par la maison Amal en 2010. Cet ouvrage, comme l'a expliqué son auteure en début de conférence, est un travail de recherche sur une période à la fois sensible et occultée de l'histoire islamique. En effet, le règne des Omeyyades est sujet à toutes les controverses et les chercheurs dans le monde arabe ont jusque-là tourné le dos à ce thème, ce qui a poussé Boutheina Ben Hassine à s'y aventurer. Elève de l'islamologue Hichem Djaït, à qui l'on doit entre autres un livre sur «La grande discorde. Religion et politique dans l'Islam des origines», elle s'attaque à un conflit non moins important, où la relation entre le religieux et le politique prend diverses formes.
Un épisode sanglant
Avant de passer au débat, Boutheina Ben Hassine a exposé les principaux éléments contenus dans son ouvrage, présenté par Sabrine Ben Abdelfattah. L'élément déclencheur de la deuxième discorde survient avec le décès, en 60 de l'Hégire, du calife Mouaaouia. Son fils Yazid lui succède mais les descendants des compagnons du Prophète — Abdallah fils de Zoubair et de Asma Bint Abi Bakr et El Hassan et El Hussein, fils d'Ali et de Fatima Azzahra la fille du Prophète — refusent de lui accorder leur allégeance. Ces derniers, étant de la lignée du Prophète, se considèrent plus légitimes pour le pouvoir. En second lieu, les habitants de Médine se rebellent à leur tour contre Yazid, vu leur rôle historique dans le renforcement de l'Islam, alors que le nouveau calife vient d'une famille qui s'est convertie tardivement. Commence alors un épisode sanglant, où les Omeyyades n'hésitent pas à commettre les pires sacrilèges, tout en instrumentalisant le Coran, la Sunnah et des notions comme le Djihad pour justifier leurs actes. El Hussein Ibn Ali avait pour obsession de rétablir le règne de la lignée du Prophète qu'il voyait constamment en rêve. Il était porté par son sentiment de légitimité religieuse et familiale. Selon Boutheina Ben Hassine, El Hussein est resté prisonnier d'une vision dépassée par les événements et par la réalité politique. Sa révolte contre Yazid a été qualifiée par la chercheuse de «suicidaire», puisqu'il a affronté avec une centaine de ses hommes, à Koufa, une armée omeyyade de
10 000 guerriers. Le petit-fils du Prophète a donc été considéré par Yazid comme un opposant à abattre, malgré leurs liens tribaux. Yazid a même procédé à l'élimination de tous les fils de Hassan et de Hussein pour mettre fin à leur descendance. Leurs têtes lui ont été envoyées à son palais, mais, comble de la contradiction, ils ont été pleurés par les femmes du calife, sous ses ordres. Un deuil a même été annoncé. Les rebelles de Médine n'ont pas eu un meilleur sort. Pendant trois jours, ses habitants ont été tués, volés, violés comme s'ils étaient des impies. Et la Kaâba catapultée... Les manœuvres politiques de Yazid ont continué, aux dépens de toute légitimité religieuse, jusqu'à son décès puis la disparition de l'empire omeyyade en 744, et la relève des Abassides.
Une discorde, des enseignements
Le règne de Yazid se trouve donc comme un cas d'étude pour le conflit entre le religieux et le politique en Islam, qui a commencé avec la grande discorde. Yazid ne voyait rien de plus important que le maintien de la dynastie de son père Muaaouia, quitte à écraser la légitimité religieuse et historique de ses opposants, les descendants du Prophète et de ses compagnons, une légitimité qui lui manquait. Mais Yazid était un homme d'Etat et un politicien redoutable, ce qui manquait à El Hassan et El Hussein, habités par leur volonté de rétablir une injustice, et à moindre échelle, par le pouvoir politique. Ce sentiment d'injustice sera accentué par la mort de Hussein et restera dans le patrimoine des chiites, jusqu'à nos jours où l'image de Yazid est salie par ses actes, comme l'image de Ali le fut à l'époque de Yazid, autre manœuvre politique du calife omeyyade pour contourner son manque de légitimité historique et religieuse. Pourtant, l'Etat islamique a connu une période prospère grâce à Yazid. L'organisation des affaires intérieures, le renforcement de l'armée et les principales conquêtes islamiques, qui ont atteint Poitiers et l'Andalousie ont eu lieu sous son règne. Les Abbassides ont par conséquent hérité d'un Etat fort.
Le manque de références, évoqué par Boutheina Ben Hassine, sur la deuxième discorde, à part les écrits des contemporains de l'époque, Tabari et Baladhiri, relève un autre point, celui de l'écriture de l'histoire, puisque les interprétations et la citation des faits diffèrent selon que l'auteur est sunnite ou chiite. Le débat a également révélé, par la divergence des interventions, ce manque d'objectivité dont souffre l'écriture de l'histoire islamique, autre raison qui a poussé la chercheuse à l'élaboration de «La deuxième discorde», que tout musulman ou intéressé par l'Islam devrait lire. En attendant le jour où d'autres, dans le monde arabe et ailleurs, prendront l'initiative de percer, par la recherche, des tabous de pareille envergure, afin que la réconciliation avec l'Histoire ait enfin lieu et que le monde arabe puisse avancer, avec une vision claire du passé, ô combien nécessaire pour éclairer l'avenir.


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