• L'Institut culturel italien organise au Centre d'art vivant du Belvédère une exposition d'envergure intitulée Le Palais Farnesina et sa collection. Immersion dans une architecture singulière qui a fait longtemps débat en Italie. Tunis est la première escale de cette exposition itinérante, annonce Luigi Merola, directeur du Centre culturel italien, c'est notamment grâce à Franco Frattini, ex-ministre des Affaires étrangères italien qu'elle a été montée. Sana Tamzini, directrice du Centre d'art vivant, ne fait pas les choses à moitié. En plus des habitués du lieu, elle a invité des groupes d'étudiants en architecture et en design. C'est, d'ailleurs, une foule des grands jours, qui est venue découvrir l'exposition, intéressante tant au plan historique, documentaire qu'esthétique. Le Palais est une ancienne propriété des Farnese, appelé communément Farnesina , il appartenait à une ancienne famille noble qui a donné parmi d'autres le Pape Paul III (1534-1549), situé à l'intérieur du complexe Foro Italico à Rome, et a été érigé pour abriter le siège du parti fasciste et ses différentes annexes. En 1932, Mussolini est au sommet de sa gloire, il fête le 10e anniversaire de la naissance de son parti, date historique qu'il voulait couronner par la construction d'un siège à la mesure de son prestige, l'idée d'ériger ce bâtiment est revendiquée par Guiseppe Bottai et Pier Maria Bardi et du Duce lui-même. Bref, l'endroit du siège central du parti appelé Palazzo di Littorio à Rome est choisi. Les appels d'offres et les concours se suivent, le débat architectural est passionné, d'un côté ceux qui approuvent le choix de l'emplacement du Palais au centre historique, face à l'amphithéâtre Flavien et aux forums impériaux de César, d'Auguste et de Trajan, des lieux historiques cultes, de l'autre côté, ceux qui souhaitaient un emplacement moins contraignant. «Ces événements de nature logistique, écrit Roberto Luciano dans l'utile catalogue de l'exposition, ne sont pas sans importance, car les deux concours pour le Palazzo ont été sans aucun doute, vu l'engagement des participants et la qualité des projets, parmi les plus importants dans les vingt années du fascisme en Italie». Plusieurs photos illustrent la construction du Palais, depuis la pose de la première pierre par Mussolini, jusqu'à l'ouverture de la rue Emporio qui abrite le Farnesina, les plans des concours, les belles façades, les murs extérieurs qui donnent sur le Stadio Olimpico, la fontaine monumentale, les détails des plafonds, les salles de réunion, etc. Le visiteur aura une idée précise et fouillée sur l'austère architecture rationaliste en général et sur le Palais qui en est le dernier témoignage. La collection du Palais Le Duce a forcément vu grand, aussi, en plus des matériaux utilisés (marbre et travertin), ses architectes ont conçu de vastes pièces froides à l'intérieur de l'édifice pour les réunions et autres assemblées du parti. Ces énormes espaces architecturaux se prêtaient indéniablement à accueillir des créations d'artistes et des expositions de prestige, un concours public pour l'achat d'œuvres d'art est lancé dans les années soixante, une collection d'œuvres d'artistes italiens du siècle dernier a été créée, elle constitue un panorama significatif de l'art italien du XXe siècle. En 2000, le Palais accueille une riche collection «Artistes italiens du XXe siècle à la Farnesina», l'exposition est un succès éclatant, le ministère des Affaires étrangères a acquis plusieurs pièces de Pommodoro (La Grande sphère), de Cascella (les deux Porta bandiera), de Consagra (la Fontaine et Reflet) et des artistes contemporains trans-avant-garde, Chia, Paladino, Clemente, Pistoletto etc. Les expériences se succèdent, le design italien prend une ampleur impressionnante dans le monde, l'exposition historique de 1972 au MoMA, à New York, en atteste, des figures qui occupent la scène internationale: Mario Bellini, Alberto Rosselli, Ettore Sottsass, Zanuso, Colombo, etc. sont reconnues comme grands créateurs designers, l'héritage du Futurisme n'y est pas étranger. Deux voitures de marque Fiat (forcément) sont exposées à l'entrée du Centre d'art vivant, à l'intérieur plusieurs objets, beaux comme l'Italie, sans faste apparent, signés par de grands designers, sont exposés, des chaises aux lignes épurées, des lampes aux courbes onctueuses, des sièges amples, sans angles, une machine à glace aux volumes ronds, des sculptures sont mis en scène (Francesco Guiliani), des photos contemporaines reproduites (Vitaliano Lopez) et une dizaine de tableaux sur papier de Domingo Notaro sont présentés. Les amateurs de design sont ravis par la richesse des œuvres exposées, Luigi Merolla ne l'est pas moins, il a fièrement annoncé que l'Institut culturel a octroyé deux bourses à des étudiants en design et deux autres à de futurs architectes, un petit geste qui accompagne une admirable exposition.