L'ancien palais beylical à Hammam-Lif connaît une déchéance épouvantable à vous crever le cœur et un état de délabrement indigne du tort fait au patrimoine des Husseïnites. Non pas qu'il soit un chef-d'œuvre en matière de style architectural, mais sa gloire, il la tire de son prestigieux passé d'une dynastie qui a cessé d'être. Dans un passé récent, le palais a reçu en audience de grands hommes d'Etat: Roosevelt, le Général de Gaulle et le Maréchal Juin. C'était sous le règne du bey Moncef et de son successeur Amine Pacha Bey. Pour peu qu'on ait les moyens, sa restauration exigerait des sommes colossales. Il fut un temps où il était envisagé d'y exposer les trésors de la couronne beylicale et d'en faire un musée après les avoir retiré de la Trésorerie générale. Hélas, le projet est tombé à l'eau, au grand désespoir des banlieusards. Aujourd'hui, son sort peu envié inspire la pitié. Son état de décomposition est fort avancé, si l'on ose s'exprimer ainsi. Une véritable Cour des Miracles où se rassemble une faune de malfaiteurs à la mine patibulaire. Des rebuts de la société vivant en marge de la loi, des voyous se livrant à la débauche, des ivrognes et des demoiselles de petite vertu peuplent un monde parallèle qui, la nuit venue, et tels des zombies ou des ombres, sortent de leur tombeau pour exercer leurs basses œuvres. De ce fait, ils constituent une grave menace pour la sécurité du voisinage qui vit dans une proximité immédiate du palais beylical. Dès la nuit tombée, ils n'osent plus mettre le nez dehors. La municipalité, sollicitée, s'est dérobée jusqu'ici pour mettre le holà à cette situation ubuesque sous prétexte qu'en ce moment précisément, elle a d'autres chats à fouetter, confrontée qu'elle est à des problèmes autrement plus sérieux. Un état de dégradation qui n'a que trop duré et qui a fini par nous écorcher le cœur et blesser les yeux. Une solution urgente s'impose parce qu'il y va de la mémoire des Tunisiens.