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Non-monnaie, monnaie informelle et parasitisme de l'élite possédante
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 01 - 2012


Par Khaled El Manoubi
Evacuons d'emblée la question de l'origine de la croissance assimilée ici à un jeu à somme positive. Cette croissance a une double origine selon qu'il s'agisse de l'ordre interne ou de l'externe ; l'interne provient exclusivement de la mobilisation des facteurs : d'une part le travail obtenu par le recrutement non renouvelable des femmes et par le croît démographique lui-même décroissant et, d'autre part, la mobilisation du capital pouvant être ramenée, comme nous le verrons, à l'impôt et à l'inflation. Comme il apparaît déjà, ce jeu a tendance à être à somme négative puisqu'au fur et à mesure qu'on mobilise le travail on le ponctionne relativement davantage précisément par la fiscalité et la hausse des prix – en particulier – ne serait-ce que pour accumuler le capital.
L'origine externe dérive de l'innovation générée par les véritables marchés de l'étranger grâce notamment à l'importation de machines constamment perfectionnées : les engins permettent maintenant de faire en quelques jours le terrassement d'une route, terrassement qui nécessitait plusieurs mois et un coût multiple de l'actuel il y a seulement une génération. D'où, sauf circonstances spéciales, un jeu gagnant-gagnant qui contre-balance la somme négative du jeu interne et au-delà, de sorte que la croissance peut être souvent positive.
On s'est donc installé, au lendemain de l'indépendance et jusqu'à la cessation de paiement de 1986, dans une situation économique absurde en termes capitalistes. En effet, la majorité des nouveaux investisseurs n'avaient pas de capital initial – celui-ci étant intégralement issu de crédits bancaires ou étatiques remboursés seulement en partie étant donné que le taux de l'intérêt nominal était inférieur à celui de la hausse des prix – et vendaient des produits de mauvaise qualité à des prix supérieurs à ceux du marché international moyennant une protection douanière ou administrative systématique. C'est donc le consommateur et le contribuable qui supportent les frais de ce jeu à somme négative. C'est d'autant plus mal vécu que le déséquilibre régional a été systématiquement recherché: tout le monde paye les mêmes prix et les mêmes impôts mais le taux de chômage des jeunes a fini par être trois fois plus élevé dans les régions non côtières par rapport au centre-est. Et l'absurde en termes économiques tient en ceci :si le capitalisme a la vie dure par le fait même qu'il implique le profit et est parfois décrié pour cette implication, encore ne s'agit-il que d'un taux de profit fini, ce taux étant le rapport du profit glané au capital avancé non nul ; mais que ce capital avancé par l'investisseur tunisien soit nul et le taux en question devient infini !
Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, appelés à la rescousse suite à la cessation de paiement de 1986, ont préconisé, d'une part, l'abandon du protectionnisme associé au financement facile lui-même couplé à l'inflation et, d'autre part, la dévaluation récurrente du dinar afin de favoriser les exportations et de contenir les importations. Le taux de profit infini se trouve ainsi démonté comme pièce maîtresse du système en même temps qu'une autre absurdité en termes capitalistes s'en est trouvée abandonnée, celle d'un taux d'intérêt réel - égal à la différence entre le taux d'intérêt nominal et le taux de la hausse générale des prix — négatif. Cependant, le glissement continuel à la baisse du dinar occasionne deux inconvénients frôlant l'absurde en termes capitalistes : d'une part, un taux d'intérêt réel ou même parfois nominal exprimé en devises souvent négatif et, d'autre part, le déchargement des employeurs de toutes les augmentations salariales par le jeu de la dévaluation propre à reporter ces dernières sur tous ceux qui achètent des biens et services importés. De la sorte, les capitalistes locaux continuent à faire supporter à l'économie du pays dans son ensemble une part du coût du capital et ne donnent rien aux travailleurs lors même que les salaires de ces derniers sont augmentés. Le jeu interne à somme négative continue. Mais ce n'est pas tout.
Le renchérissement du taux de l'intérêt réel exclut du crédit un pan considérable d'entreprises et rend par ailleurs plus onéreux l'endettement public. L'Etat s'endette alors davantage et concurrence par conséquent les privés pour l'obtention des liquidités non sans exercer par la même un effet croissant d'éviction de l'investissement privé. Aussi, et à partir de 1986, note-t-on une envolée spectaculaire de la monnaie informelle : faute de crédit disponible, les délais des crédits fournisseurs et des crédits clients s'allongent considérablement de moins de deux semaines en 1986 à plusieurs mois aujourd'hui ; et cette monnaie informelle est de nos jours du même ordre de grandeur que la masse monétaire brassée par le système bancaire. Autant dire que la Banque centrale ne maîtrise nullement cette part de la monnaie. Le règne de Ben Ali a, au surplus, considérablement noirci ce tableau déjà peu reluisant : si l'argent est devenu plus cher pour ceux qui peuvent obtenir des crédits, de gros emprunteurs ont purement et simplement annihilé cette cherté en ne remboursant rien, ni l'intérêt ni même le principal. Retour donc à la case départ du jeu interne à somme négative puisqu'il faudra bien que ceux qui remboursent leurs crédits – notamment – payent pour les récalcitrants. A cela se sont ajoutés de gros détournements de fonds publics ainsi que l'expropriation des affaires les plus juteuses, qu'elles soient publiques ou privées. Jeu à somme négative vous dit-on.
Toutes ces absurdités sont strictement conditionnées par l'absence de démocratie et le recours systématique à la répression. Absence et recours qui condamnent sans appel la liberté du contractant individuel pris en tant que tel. Celui-ci peine à garantir quoi que ce soit si bien que sa signature apposée au bas d'une reconnaissance de dette a une valeur systémique nulle. Comme de nos jours la contrepartie de la monnaie n'est plus l'or mais la créance correspondant au crédit bancaire formel, le dinar, au moins jusqu'à la veille du 23 octobre, est la non monnaie correspondant à la non créance. Et qu'a fait la Banque centrale de puis le 14 janvier 2011 ? Elle a d'abord épuisé les taux de réserves obligatoires des Banques sauf que celles-ci n'ont pas augmenté leur concours à l'économie malgré la baisse du taux de l'intérêt : ces réserves ont servi à renflouer le poste des créances douteuses, cet euphémisme employé pour désigner des actifs souvent vains en pratique. Elle a, ensuite, outre la baisse déjà évoquée du taux de l'intérêt, accru les liquidités des banques par injection d'argent contribuant ainsi à la hausse des prix et aboutissant de nouveau à cette absurdité d'un taux d'intérêt réel négatif : inflation supérieure à 4% et taux du marché monétaire inférieur à 4%. Tout se passe comme si la Banque centrale a cherché à indemniser les banques lésées par les emprunteurs récalcitrants de la dictature, enfouissant par la même l'arme des crimes financiers. Mais cet enfouissement s'est fait au détriment des consommateurs – de par l'inflation -, des épargnants – rémunérés à un taux inférieur à la moitié de celui de l'inflation – et des investisseurs – exclus du bénéfice de l'accroissement des liquidités bancaires et de la baisse du taux de l'intérêt. Un peuple qui a osé faire sa révolution se trouve ainsi bel et bien puni. Ce peuple aurait même été pénalisé par une inflation encore plus grande en l'absence de la monnaie informelle. En effet, lorsque vous différez le payement au comptant de votre client, vous n'avez pas intérêt à augmenter vos prix car, ce faisant, vous augmentez également les risques de non payement. C'est donc l'inanité de la Banque centrale en particulier et des banques en général qui a réduit la facture payée par le peuple de par l'inflation ainsi évitée. Une autre politique est-elle possible ? Probablement. Mais pour le savoir il faut rompre avec le défaut de transparence devenu systématique du temps de la dictature. La transparence n'est toujours pas totale : en particulier, quelle est la situation véritable des banques du fait notamment du non remboursement des prêts ? Et les montants en devises correspondant aux privatisations ont-ils été reçus par les firmes cédées et, d'abord, par la Banque centrale elle-même ? Si en 2011 la croissance est en panne ce n'est pas, principalement, du fait des révolutionnaires. Les sit-in et les grèves, souvent fomentés par les faux démocrates que sont les contre-révolutionnaires, dans le secteur réel sont ainsi le pendant du retour à l'absurde dans le secteur monétaire lequel est déjà largement délabré par l'absence de démocratie.


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