C'est à la lumière des trois premières rencontres que le sélectionneur national, Sami Trabelsi, alignera demain son meilleur onze possible. A un élément près, la sélection nationale, qui affrontera dimanche (20h00) le Ghana, au stade de la Rénovation de Franceville en quarts de finale de la 28e Coupe d'Afrique des nations, sera composée comme suit: Mathlouthi, Ifa, Chammam, Abdennour, Haggui, Ragued, Traoui, Saïhi, Dhaouadi, Msakni et Khelifa. Disposée en 4-3-2-1, cette formation constitue tout à la fois une synthèse des sorties de la première phase et une recherche du meilleur équilibre possible. Une synthèse en ce sens où le staff technique a procédé en quelque sorte par élimination. Par rapport au onze qui avait débuté la Coupe, le 23 janvier contre le Maroc (victoire 2-1 du team national), les changements paraissent importants : Chammam relève Jemal côté gauche de la défense, Korbi perd sa place au bénéfice de Ragued et Saïhi qui viennent tous les deux compléter un trident de demis récupérateurs, aux côtés de Traoui. Dans le secteur offensif, Chikhaoui, qui n'a pas tenu les grosses promesses nourries juste avant la CAN, se trouve supplanté par Msakni. Ce dernier n'a plus quitté le onze de base depuis son entrée à la 57e minute, contre le Maroc, à la place de Allagui, alignant par la suite deux rencontres entières, et deux somptueux buts, genre «enrogoals». Une recherche du meilleur équilibre, car Trabelsi et ses assistants auront énormément appris de la défaite concédée mardi dernier face aux «Panthères» du Gabon. Une défaite «fondatrice», si l'on peut s'exprimer ainsi, d'autant qu'elle avait permis de se convaincre qu'en alignant trois pivots, l'équipe atteint de meilleurs équilibres, maîtrise davantage le ballon et parvient à jouer en bloc. Soit tout à fait le contraire des limites et carences exprimées face au Niger, le 27 janvier (victoire 2-1) quand Trabelsi choisit de titulariser seulement deux médians de récupération, Korbi et Traoui que d'aucuns auraient pu croire à un certain moment indissociables. De nouvelles exigences se trouvent générées par la titularisation de Chammam côté gauche de la défense, le «Sang et Or» étant connu pour son plus grand apport rendu à l'attaque en échange d'une bien moindre rigueur défensive que le titulaire du poste aussi bien face au Maroc que devant le Niger, Ammar Jemal. Ces exigences consistent en une meilleure couverture de Chammam, laquelle commence à partir de Msakni, le demi offensif aligné sur le flanc gauche (mais cela risque de se révéler théorique puisqu'il faudra libérer le double buteur à la CAN pour les tâches offensives), et continue avec Ragued ou Traoui, capables de colmater les brèches sur la largeur du terrain. Le trident de récupération va devoir pousser ses prérogatives à un double niveau : presser, récupérer, neutraliser, anticiper et percuter, mais également relancer, construire, transmettre des ballons «propres» et chercher les espaces et la profondeur. Dans le cas contraire, l'équipe sera «coupée» en deux blocs : huit joueurs derrière, un no man's land de trente à quarante mètres où il n'y aura pas trace du moindre Aigle de Carthage au milieu, puis trois attaquants isolés et parfaitement noyés dans la toile d'araignée tissée par Mensah et consorts devant les buts ghanéens. La zone de récupération qui sera définie par Trabelsi sera-t-elle haute, basse ou plutôt médiane? Chaque choix comporte ses avantages et ses inconvénients. Mais il y a un autre contre lequel le staff national risque de se sentir impuissant et désarmé : le talent pur des solistes «black stars», les prouesses et les exploits techniques des frères Ayew (bon sang ne saurait mentir, s'agissant de la descendance d'un certain Abedi Pelé), Agyemang Badu, Gyan Hsamoah, Muntari… les qualités individuelles des Ghanéens peuvent, en effet, à tout moment, les tirer d'une mauvaise passe, à l'instar du geste technique spectaculaire de Badu sur le but inscrit contre la Guinée (coordination parfaite, frappe pure en pleine lucarne). Un axe central Ifa-Abdennour aurait constitué aux yeux de certains observateurs une meilleure garantie défensive de solidité, de qualité de jaillissement et d'impact, mais aussi de complémentarité. Seulement, cela poserait le problème du latéral droit, puisque dans ce cas précis, Trabelsi serait amené à aligner Boussaïdi. Un choix qui ne semble pas trop convaincre le staff technique. En tout cas, ce dernier peut nous réserver des surprises en fonction des dernières séances d'entraînement à Bongoville, dans la banlieue de Franceville, et de sa lecture du jeu d'un Ghana encore plus réaliste et cynique que les copains de Mathlouthi.