La Tunisie a réussi ce qu'elle est allé chercher au Gabon: passer le premier tour. Elle n'a pas démérité mais elle devra, maintenant que s'ouvre le tournoi à élimination directe, se montrer solide sur les plans physique et mental face au Ghana, l'une des meilleures formations en lice par son jeu dynamique. Il faut d'abord rappeler d'où est venue cette équipe de Tunisie. De nulle part! Jusqu'à la dernière journée des qualifications pour la CAN 2012, elle était éliminée, n'eût été le miracle de N'Djamena. A la veille de cette 28e édition de la CAN, la Tunisie ne figurait même pas sur les papiers des pronostiqueurs qui donnaient le Maroc et le Gabon, comme favoris logiques du groupe. Msakni et ses coéquipiers vont tout de même arracher cette qualification inespérée mais que de souffrance ! Les Tunisiens avaient sans doute envie de se surpasser et n'ont pas raté l'occasion, la baraka aidant, mais pour la manière, il faudra repasser. Ce n'est toutefois pas un grand problème au vu des perturbations fréquentes dans la vie de la sélection ces cinq dernières années. La Tunisie présente tout de même une sélection fidèle à son traditionnel hermétisme. Anonymat fracassant La marque de fabrique tunisienne, qu'il s'agisse des clubs ou de la sélection nationale, ne se situe donc pas aux avant-postes, mais bien derrière. Le socle de la sélection s'articule actuellement autour d'un bloc assez solide, derrière cinq demis récupérateurs (Chedli évincé). Sur leurs quatre derniers matches de préparation (face aux sélections du Pays Basque, de Catalogne, du Soudan et de Côte d'Ivoire), les hommes de Trabelsi n'ont pris que deux buts. Contre la même équipe, la Côte d'Ivoire. Au premier tour de cette CAN, ils en ont concédé 3 en 3 matches. Ce n'est pas mal mais il faut redoubler de rigueur et de concentration, notamment sur le repli défensif qui semble être une lacune persistante. Rien n'est parfait en fait ! Sur un autre plan, l'équipe de Tunisie a nourri des doutes sur sa capacité à élever son niveau de jeu dès le second match contre le Niger. A cela une ébauche d'explication. Au départ de la CAN, d'aucuns s'attendaient à ce que Yassine Chikhaoui booste le rendement de l'ensemble. Mais alors que le sociétaire du FC Zurich s'enfonçait dans un anonymat fracassant, et que Darragi, qui pouvait constituer le maillon fort de ce secteur plutôt faiblard, tarde à retrouver son meilleur niveau et occupe désormais le rang de réserviste, comme dans son club, (ils ne devaient même pas être sélectionnés vu leur état de forme), Jemaa ( longtemps blessé) et Allagui sont moins fringants, et Chermiti peine à concrétiser les espoirs placés en lui. Seul Msakni, Dhaouadi et Saber Khlifa rendent de précieux services. En fait, trop peu pour imposer un quelconque ascendant. Aller au charbon Pour prendre la mesure de ses deux premiers adversaires, la Tunisie a utilisé la même recette. Elle s'est attelée à bien entamer ses matches. Pour ce choc contre le Ghana, Sami Trabelsi pourra compter sur un bloc défensif compact (arrières et pivots) et les précieuses flèches, les audacieux Youssef Msakni Zouhaïer Dhaouadi comme deux excellents joueurs de couloirs et Saber Khlifa, l'un des éléments en grande forme à l'heure actuelle. Ce trio sera très important pour démobiliser l'arrière-garde ghanéenne. Avec l'appui de bons pivots-relayeurs que sont Saïhi, Traoui, Ragued et Ben Yahia. Il faut dire aussi que deux paramètres sont désormais déterminants pendant cette seconde phase de la compétition : la fraîcheur (heureusement qu'on joue en soirée) et le métier. Indispensables pour tenir la comparaison avec des Ghanéens qui, arrivés à maturité, impressionnent par leur explosivité et leur vitesse, même si leur réussite est en deçà de leur volume de jeu. Si le Ghana a géré son potentiel dans la perspective de la seconde phase du tournoi, la Tunisie a obtenu le maximum avec le minimum. Cela arrive de gagner en jouant mal mais il faut maintenant aller au charbon car il n'y a plus de repêchage. Et qui sait ce que cette équipe pourrait révéler comme ressources insoupçonnables. Tout comme la phase éliminatoire, le premier tour de la CAN a apporté son lot de surprises. Le Sénégal, la Guinée et le Maroc sont rentrés chez eux. Le Soudan est passé entre les mailles et la Libye a failli l'imiter... Dans une compétition où les favoris n'ont pas encore démontré qu'ils avaient l'étoffe d'un champion, tout est possible et la bataille s'annonce plus incertaine que jamais.