Les artificiers de Ligue 1 ne sont pas toujours à la fête, comme l'illustre le butin de la 9e journée. Avec seize buts en huit rencontres, à peine une moyenne de deux goals par match, loin de susciter l'enthousiasme des puristes. On est en tout cas bien loin des bilans étonnants des premières journées qui dépassaient sans coup férir la vingtaine de buts. Il y a d'abord les enjeux qui commencent à paralyser un tant soit peu les ardeurs offensives, mettant un peu plus de pression sur des joueurs de plus en plus frileux dans leur expression offensive, et sur les entraîneurs prompts à «cadenasser» et à opter pour la sécurité. Que ne ferait-on pas d'ailleurs sur l'autel du réalisme et de la logique, cynique et pernicieuse, des résultats! Mais il y a en même temps derrière cette régression la qualité médiocre des pelouses, alourdies par les pluies et dont le gazon s'est sensiblement dégradé. L'entraîneur du CAB, Maher Kanzari, va même jusqu'à exprimer son désir d'aller jouer ses matches prévus à domicile hors du stade 15-Octobre, et s'il le faut chez l'adversaire ! «Après deux mois de fermeture, notre enceinte offre toujours la même image de désolation, d'un champ de bataille où il devient miraculeux de produire un football décent», se plaignait le coach du leader de la compétition, dimanche soir. Le même constat a été établi par les protagonistes des rencontres de La Marsa, Hammam-Sousse et Kairouan. Ces enceintes avaient pourtant été fermées durant la trêve afin de subir un lifting régénérateur. Au final, leur pelouse a toujours triste mine. Pourtant, que l'on joue sur un véritable «tapis»—et cela devient de plus en plus rare, y compris dans les grands stades de Radès et d'El Menzah— ou plutôt sur des surfaces pelées, teigneuses et, pour tout dire, infâmes, les joueurs étrangers sont toujours là, prenant une part prépondérante dans le festin offensif. Le dernier week-end, cinq buts, sur un total de seize portaient la signature de footballeurs étrangers, soit le tiers, ou presque : Didier Libéré et Boubacar Toumbado (ASMarsa), Nabi Soumah (CSSfaxien), Jean-Emmanuel Assiri (ST) et Mohamed Tijani (ESBeni Khalled). D'ailleurs, quelle meilleure démonstration de la présence remarquable des étrangers que cette place sur le podium occupée par le Libyen Ahmed Zouaï, aux côtés d'un autre bomber bizertin, Nour Hadhria qui n'assure pourtant pas un poste d'attaquant. Bref, ce panachage buteurs du cru-goleadors étrangers constitue, au fond, une source d'enrichissement et un motif d'ouverture sur d'autres cultures de football. Notamment celle subsaharienne représentative de nations par lesquelles doivent passer nos sélections sur la voie de la CAN ou de la Coupe du monde.