Le tourisme tunisien se trouve aujourd'hui dans l'obligation de réamorcer sa pompe d'abord, et de revisiter son modèle de développement ensuite. Tel est le double défi qui interpelle tous ses acteurs, administration de tutelle comme profession. L'embellie des mois de janvier et de février est, certes, porteuse d'optimisme, mais peu significative car intervenant en basse saison. C'est plutôt la haute saison 2012 qui se doit d'être mise en point de mire d'autant plus que les prévisions de l'Organisation mondiale du tourisme tablent sur une croissance de plus de 4% pour l'année 2012. De ce fait, les touristes internationaux continueront à voyager pour, raisons budgétaires obligent, privilégier les destinations proches et les produits compétitifs. Les professionnels du secteur sont ainsi dans l'obligation d'être inventifs et performants afin d'aller les chercher. Le premier trimestre est, habituellement, déterminant pour le bon déroulement de la saison 2012 dans la mesure où 70% des ventes en early booking seront déjà faites au terme de cette période. C'est dire qu'il faudrait agir avec la célérité requise dans le lancement des campagnes de promotion à une large échelle en vue de conférer à la relance du secteur les meilleures conditions à travers des messages qui rassurent sur la nouvelle réalité dans le pays. Mais au-delà de la gestion conjoncturelle des défis, d'une portée stratégique, ces derniers ne cessent de se profiler pour s'ériger en chantiers prioritaires. Le secteur touristique ne peut continuer à fonctionner avec un modèle qui a déjà donné des signes évidents d'essoufflement et plus encore avec des maux d'ordre structurel. L'endettement du secteur est une question épineuse et un lourd héritage. Les multiples tentatives de lui trouver des solutions radicales ont toutes échoué. Il a causé d'énormes dégâts pour le secteur parce que tirant vers le bas la qualité de l'offre et a porté préjudice au système de financement, dont la frilosité à l'égard du secteur a pris, au cours des dernières années, des proportions inquiétantes vis-à-vis même des projets rentables et porteurs dont le secteur a tant besoin dans sa quête d'un positionnement meilleur. Cela, sans parler de ses impacts négatifs sur l'image même de l'hôtellerie aussi bien à l'intérieur qu'auprès des partenaires étrangers du tourisme tunisien qui constatent de plus en plus la dégradation de la qualité des prestations dans plusieurs hôtels, évoquant souvent la qualité peu reluisante du management tunisien. Indigne pour une destination dont l'expérience touristique est vieille de plus 50 ans d'histoire. La récente démarche initiée par la BCT et la Banque mondiale en vue de solutionner cette question est porteuse d'espoirs. Sera-t-elle la bonne? L'urgence est signalée et pas uniquement au niveau de cette problématique. Le tourisme tunisien souffre d'un autre mal : celui de la qualité des services. On s'accorde à dire, à juste titre d'ailleurs, que celle-ci est largement tributaire d'un dispositif de formation dont la performance n'est pas encore au rendez-vous. De plus si la tendance de la demande a mis en relief la qualité, elle a, par ailleurs, donné lieu à de nouvelles motivations dont précisément la diversification de l'offre. La composante balnéaire, à elle seule, ne peut satisfaire les nouvelles exigences de la clientèle. D'où la nécessité d'explorer d'autres sentiers à même d'apporter des réponses adaptées à l'évolution des valeurs de consommation dont, notamment, en direction des produits à haute valeur ajoutée tels que la culture, la thalassothérapie, le golf, la plaisance et le tourisme de croisières... Autant de chantiers synonymes de réformes dont l'engagement est aussi important que la relance elle-même.