Le tourisme tunisien ne va pas très bien ?: c'est un euphémisme. La consultation nationale sur le secteur, accouchera-t-elle des remèdes pour relancer une activité qui montre des signes d'essoufflement?.. La consultation nationale sur le secteur, qui s'est tenue le 9 octobre, à Gammarth, accouchera-t-elle des remèdes miracles pour relancer une activité qui montre des signes d'essoufflement? La consultation, a réuni tous les intervenants du secteur. Elle a examiné les résultats de l'étude stratégique du développement du tourisme à l'horizon 2016 et de la consultation régionale lancée en août dernier. La consultation, a réuni de nombreux participants représentant tous les intervenants du secteur. Elle a examiné les résultats de l'étude stratégique de développement du tourisme à l'horizon 2016 et de la consultation régionale lancée en août dernier. Dominance du produit balnéaire La stratégie du développement du secteur, élaborée par la tutelle, s'articule autour de cinq axes déclinés en 20 actions prioritaires et 160 mesures. Tout en soulignant les points forts du tourisme tunisien (savoir-faire éprouvé, proximité des principaux marchés émetteurs, richesse du patrimoine et qualité de l'infrastructure...), l'étude n'omet pas de mettre le doigt là où cela fait mal. Parmi les points faibles du secteur, l'étude souligne la dominance du produit balnéaire qui induit une forte saisonnalité, le manque de diversification de l'offre d'hébergement et son hétérogénéité, la communication décalée par rapport aux destinations concurrentes et, la commercialisation centrée sur les tours opérateurs étrangers, grands bradeurs de prix devant l'Eternel. Sortir de la dépendance aux « majors » européens Pour sortir le tourisme de sa crise de croissance actuelle, il convient d'abord d'améliorer son image, souvent associée à l'idée de produit de masse à bas prix, et l'aider à s'adapter aux mutations constantes de la profession, au profil du touriste et à ses besoins changeants. Ce n'est que grâce à des synergies public-privé que la Tunisie pourra réinventer sa stratégie de marketing et, par ricochet, dépoussiérer son image de marque… Des bilans qui sont d'autant plus au goût du jour que la haute saison qui concentre, bon an, mal an, 70% du chiffre d'affaires global du secteur est derrière nous. Et là, le constat est mitigé ! A l'heure où l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) table sur une croissance du secteur touristique de l'ordre de 3% à l'échelle internationale, la Tunisie est l'une des rares destinations mondiales qui peinent à remonter la pente. Une question d'image de marque.. Les opérateurs du secteur les plus optimistes expliqueront cette baisse des scores de la destination, à deux heures de vol des principales capitales européennes, par la concomitance du Ramadan avec la haute saison ainsi que la crise économique dans la zone Euro. Ce qui n'est pas totalement faux. Force est de remarquer, toutefois, que ces facteurs conjoncturels n'expliquent pas tout. Les observateurs avertis estiment que le déclin de l'industrie touristique tunisienne découle notamment de certains facteurs structurels sur lesquels l'étude stratégique sur le développement du tourisme tunisien a braqué un coup de projecteur. L'étude réalisée par le très sérieux cabinet Roland Berger note expressément que la Tunisie renvoie à une « une image de tourisme de masse balnéaire, en écart avec la diversité de l'offre et souffrant d'une déclinaison insuffisante des «identités» régionales. » Politique de marketing surannée Cette image « négative » n'est pas le fruit d'un pur hasard. Elle découle essentiellement d'une politique de marketing surannée dont l'illustration est visible dans tous les stands tunisiens lors des salons touristiques. Même sur Internet où les professionnels du secteur brillent d'ailleurs par leur absence, d'autres destinations concurrentes se sont approprié nos atouts naturels, culinaires et civilisationnels. Comme ses précédentes réalisées par la Banque Mondiale ou l'agence de notation Fitch Rating, l'étude stratégique sur le développement du tourisme tunisien a identifié quelques mesures susceptibles de redorer le blason de la destination à travers une communication innovante. On y évoque notamment l'organisation d'un évènement culturel de portée internationale, le renforcement de la communication sur Internet, la revalorisation du budget de promotion…. Dans ce contexte les idées ne manquent pas. Lourdeurs administratives Les pistes de réflexion énoncées par l'étude risquent de rester lettre morte face à la lourdeur des procédures administratives et à une bureaucratie tatillonne. Les expériences montrent, en effet, que les destinations qui ont réussi à se forger une bonne image de marque sont celles qui n'ont pas laissé leur politique de marketing à la machine ronronnante de l'administration. Toute politique de marketing efficace requiert en premier lieu une forte implication des professionnels du secteur. Cette implication va de la contribution de tous les acteurs au budget de promotion à l'exécution des actions de promotion. Dans le domaine de Web marketing par exemple, ce sont les hôteliers et les prestataires de services touristiques eux-mêmes qui doivent investir dans la construction de sites marchands. Partenariat public-privé En matière d'organisation de spectacles de portée internationale, il est étonnant de voir des intervenants publics (institutions, collectivités locales, ministères…) ou encore des associations agir directement en tant qu'organisateurs, voire encore en tant que producteurs de spectacles. Au Maroc, par exemple, la multiplication des festivals de portée internationale (Jazz à Tanger, Rabat et Fès, musiques urbaines à Casablanca, Artistes Amazighs et Musiques du Monde à Agadir, Arts Populaires et Cinéma à Marrakech, Musiques Sacrées à Fès …), n'a d'ailleurs été facilitée que par l'implication des professionnels. Ces derniers sont les seuls capables de favoriser l'émergence d'une véritable économie de la culture qui donne une image positive du pays.