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La charia ou la guerre des mots
Commentaire
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 03 - 2012


Par Foued ALLANI
Depuis les premières croisades de l'Occident catholique dans le monde musulman (XIe siècle), la guerre des mots n'a connu aucune trêve entre ces deux entités.
Contrairement à ce dernier, qui s'est généralement contenté de subir et d'essayer tant bien que mal de se défendre, le premier a su répandre depuis l'idée que «la religion mahométane» et ses adeptes sont synonymes de barbarie, de régression, d'ignorance, d'intolérance, de despotisme, d'escalavagisme, de concupiscence, etc. Aidés en cela par la majorité des musulmans eux-mêmes qui ne ratent hélas aucune occasion pour mériter ces accusations.
Cette guerre est devenue, il faut le reconnaître, beaucoup plus sournoise, soutenue et mieux ciblée de la part de l'Occident, jusqu'à causer auprès des musulmans un vrai repli identitaire que nous pouvons qualifier d'illusoire et qui a eu entre autres conséquences de pousser les musulmans à s'approprier d'une manière plus rigide et plus réfractaire les croyances, idées, attitudes et comportements qui ne font que renforcer ces accusations.
Au bonheur de l'Occident et de ceux qui s'y reconnaissent qui ont su exploiter à fond dans cette guerre clichés et stéréotypes, fruit de traditions héritées surtout des siècles de la décadence que de l'Islam lui-même, religion tolérante par essence qui prône l'évolution, l'ouverture, la liberté et la justice.
C'est la charia, agitée comme un épouvantail, qui a remporté la médaille suprême de cette guerre insensée et qui, hélas, ne semble pas vouloir se terminer, et ce, à côté de ce qu'on appelle à tort «voile islamique» ou encore «étendard de l'Islam».
Réduite à deux «phobies» des temps modernes que sont les châtiments corporels, et la polygamie auxquels vient s'ajouter l'abattage rituel par égorgement, et l'interdiction de l'alcool, la charia est devenue un mot, un concept, une image provoquant des allergies, pire, la répulsion, à l'instar des pratiques moyennageuses baignant dans l'obscurantisme, la violence et la culture inquisitoire.
La charia, qui veut dire littéralement «La voie» et dans son contexte usuel «La voie de Dieu», est donc le chemin à suivre par le croyant pour favoriser la victoire du bien sur le mal et faire régner ici-bas justice, liberté, et prospérité. Sachant que la sagesse est le but ultime que doit rechercher le croyant comme le recommande le Prophète et que là où il y a un bienfait pour les humains c'est là la charia de Dieu (char'ou Allah).
Il s'agit en fait d'une direction à prendre assez souple pour permettre à l'homme de réaliser ce but sans se perdre en empruntant les sentiers qu'il juge lui convenir le mieux, et ce, grâce à des balises bien ancrées et qui sont, et là il ne faut pas l'oublier, universelles. Telles que l'interdiction de porter préjudice à soi ou à autrui et même à la nature ou l'obligation de secourir autrui sans discrimination aucune.
Constitué essentiellement de règles d'éthique universelles et de recommandations morales largement partagées par les humains, et non d'un corpus exclusivement juridique comme le croient certains, la charia ne comprend qu'une infime partie consacrée à ces balises («houdoud» ou limites rattachées en référence au Coran, à Dieu) dont certaines sont de grands péchés liés aux droits d'autrui et qui, pour être pardonnés, nécessitent une «purification» en plus de la sincère repentance. Ce sont des crimes comme ceux consistant à tuer, voler, spolier les orphelins, violer, établir des relations sexuelles illicites, accuser une femme mariée d'adultère, commettre des actes de brigandage, etc. C'est-à-dire des crimes qui menacent la paix sociale et qui peuvent marquer à jamais les victimes et les détruire. La charia doit donc être une arme dans la guerre contre les maux et non entrant dans la guerre des mots.
Le reste, soit la majorité de la partie normative de la charia est composée de la jurisprudence applicable à la situation de son époque et dont certaines (de plus en plus nombreuses) sont devenues anachroniques et obsolètes.
L'interdiction de la polygamie (la polygamie étant une dérogation et non une obligation, répondant à des conditions impossibles à satisfaire) a été ainsi une décision complètement construite à partir de la charia elle-même. Idem pour la légalisation de l'avortement (interruption volontaire de la grossesse) avant la fin du troisième mois de la conception. Décisions totalement basées sur les deux premiers fondements de la charia qui sont le Coran et la Sunna (faits et dires du Prophète) que la Tunisie a adoptée sans hésitation.
L'innovation (Ijtihed) ou effort d'interprétation a été recommandée par le Prophète lui-même. Et certains aspects de la vie sociale, économique et politique n'ont pas été abordés par le Coran, ni par la Sunna car faisant partie de l'évolution normale et souhaitée de la vie des humains.
Les sciences juridiques islamiques ont elles aussi avancé de façon à privilégier l'école des «maqacid» (les buts ultimes) donc l'esprit et l'essence de l'Islam sur l'école des «oussoul» (les fondements) portée sur le texte.
Mais ce que musulmans et autres oublient ou ne savent pas, c'est que les châtiments corporels se réclament d'une philosophie propre. Elles sont d'abord tributaires de conditions drastiques car l'obligation d'éradiquer la pauvreté, mère de tous les vices, grâce entre autres à la «zakat» (l'aumône obligatoire) vient de loin avant le fait de couper la main du voleur ou la flagellation du débauché. L'intérêt est donc porté par la charia à la lutte contre les causes du mal bien avant celui consacré aux punitions. Sinon l'application de ces châtiments devient une injustice flagrante donc interdite. C'est ce qui avait poussé le Calife Omar à suspendre certaines punitions au cours des années de disette. Ce sont donc les causes premières qui sont à combattre avant l'application des peines.
L'histoire nous apprend aussi que jamais la société humaine, à des exceptions près, n'a pu répondre à tous les besoins fondamentaux de ses membres de façon à ce que ces causes s'estompent.
Mais la pierre angulaire des châtiments corporels reste la nécessité de l'aveu de l'accusé lui-même et sa volonté de subir le châtiment d'ici-bas à la place du châtiment divin suite au Jugement dernier. Et l'histoire nous apprend que certains fautifs que personne n'a vu commettre leur forfait sont venus supplier les autorités pour qu'elles appliquent à leur encontre la punition requise.
La société possède donc le pouvoir de juger que les conditions générales peu propices à l'application de ces peines telles que l'existence de la pauvreté et de l'ignorance et de décider ainsi de les suspendre, ce qui a été fait depuis des siècles en Tunisie et dans plusieurs pays musulmans.
Disons pour conclure qu'en Tunisie, la charia telle que nous venons de la présenter est restée la source principale de la législation du pays, car nos savants et jurisconsultes ont su la faire évoluer avec le temps et ont même émis des édits avant-gardistes tels que l'instauration dès le premier siècle de l'Hégire du mariage dit kairouanais (l'épouse interdit à son mari de secondes noces) ou l'abolition de l'esclavage en 1848 soit plusieurs années avant les Etats-Unis. Cela en plus de l'interdiction de la polygamie (1956) ou de la légalisation de l'avortement (depuis 1963 et plus clairement en 1971).


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