• L'Etoile est au cœur d'une bataille qui n'a rien à voir avec le football! Nous ne savons pas s'il y a encore des romantiques, ou alors carrément des naïfs, pour croire encore que ce qui se passe à l'Etoile revêt un caractère sportif… Mais il ne passe pas un seul jour sans que le seuil de l'intolérable ne soit atteint, voire largement dépassé. Romantiques, naïfs mais aussi manipulables, manipulés et manipulateurs avec pour principales victimes les véritables supporters du club, l'Etoile bien sûr et, dans la peau de victimes-coupables, une tranche de journalistes (ou supposés tels) qui ont relayé d'une manière très peu professionnelle les péripéties de cette véritables guerre fratricide. Mais à quoi servent les élections? A l'origine, pourtant, l'affaire était toute simple : comme tous les clubs après la révolution, l'Etoile s'est soumise (de très mauvaise grâce) il faut bien l'avouer, et elle n'est pas la seule) au périlleux et nouvel exercice des élections. Difficile de basculer dans la démocratie quand on a été habitué, des décennies durant, aux désignations, au plébiscite et aux assemblées téléguidées. Et si nous avions dénoncé cela, nous avons préféré ne pas trop nous y attarder dans une conviction naïve que cela fait partie de l'apprentissage de la démocratie et que les choses finiront par se tasser. Que le jeu reprenne ses droits quoi, qu'on s'en tienne aux résultats des élections et que l'Etoile retrouve, enfin, sa vocation sportive. Pures illusions. Dans la réalité, la bataille tournait carrément à la guerre ouverte avec de nouveaux fronts qui s'ouvraient tous les jours, partout, pour que l'affaire s'achève au tribunal, suite à une plainte d'un groupe «qui veut du bien à l'Etoile (?!)». Nous sommes passés de la contestation à la… jurisprudence qui risque de faire tache d'huile. Aujourd'hui l'Etoile, demain le Club Africain, et après demain l'effet domino. Bonjour les dégâts ! Mais comment en est-on arrivé là ? A vrai dire, c'est une autre interrogation qu'il fallait se poser : combien devions-nous attendre pour en arriver là ? La réponse n'a pas tardé : vite, très vite. L'Etoile en otage C'est malheureux de le constater, mais ce qui arrive aujourd'hui à l'Etoile n'a rien à voir avec le sport, avec le football et avec… l'Etoile. Cela a en revanche tout à voir avec tout ce qui se passe en cette période post-révolutionnaire et cette lutte acharnée pour le pouvoir et les privilèges acquis. Avant d'être un jeu, le football et les clubs sont tout d'abord un enjeu usé et abusé par le pouvoir politique et économique qui en a fait son cheval de bataille et, pis encore, son cheval de Troie pour l'introduire au cœur de la société et dicter sa loi naturelle que les «intrus» ne soient pas accueillis dans ce monde de pouvoir, d'argent et d'influence avec les fleurs et qu'on cherche à leur briser les os. C'est en même temps un signal lancé à tous ceux qui s'aventureraient à marcher sur les plates-bandes de ceux qui ne sont pas prêts à partager le pouvoir, l'argent et l'influence. Rien que pour eux ! Messieurs dames, ne nous y trompons pas, ce qui se passe à l'Etoile est un échantillon de tout ce qui se passe dans le pays et de cette lutte incroyable entre un passé à bannir et un avenir en pointillé. Voilà l'enjeu, le vrai. Mais il n'y a pas que celui-là et celui qui nous intéresse (aussi), c'est ce football que nous voulons arracher à l'influence de la politique et que nous voulons redonner à ces millions de Tunisiens privés de spectacle et de présence dans les stades pour la simple raison que, le jour où les supporters reviendront au stade, marquera sans doute la défaite de ceux qui ont tout fait pour que cela ne se produise pas. Et si certaines personnes ou parties se sentent concernées par ce que nous écrivons là, c'est que nous avons atteint la cible voulue. Maintenant, si elles considèrent qu'elles ne le sont pas, qu'elles s'unissent pour sauver un monument en péril qu'est l'Etoile, qu'elles respectent la règle démocratique et qu'elles aient la décence d'attendre la prochaine assemblée générale élective, et non celle provoquée par eux. Quant aux manipulés de tous bords qui ont fait de leurs clubs ou de l'Etoile un fonds de commerce, qu'on pousse à déstabiliser auprès des tribunaux leur «soi-disant» équipe préférée, qu'ils sachent qu'ils seront encore les dindons de la énième farce. Pourquoi et pour qui ce pamphlet? Tout simplement pour l'Etoile de Habib Mougou, Lamine, Gnaba, Mahfoudh, Rouatbi, Zouaoui, Chetali, Akid, Kedadi, Habacha, Menzeli, Jenayah, Adhouma, Ben Amor, Kanoun et d'autres. Pour eux et pour personne d'autre!