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Gouvernance
Post-scriptum
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 05 - 2012


Par Yassine ESSID
L'absence de confiance est un obstacle essentiel à la construction d'un Etat viable. Or, le problème auquel fait face actuellement le pays réside bien dans la perception de plus en plus négative que l'opinion publique se fait de la réalité politique en fait du pouvoir et de l'exercice du pouvoir. Sur quoi repose le mode de gouvernement aujourd'hui ? Pour y répondre, il faudrait saisir, au-delà de l'événementiel, le modus operandi du régime, démonter la mécanique qui enraye son fonctionnement et chercher qui parmi ses nombreux protagonistes gouverne vraiment. Le président de la République? Il est toujours dans l'euphorie de la victoire et s'amuse comme un enfant qui teste toutes les fonctionnalités du jouet qu'il vient de se faire offrir. Le Premier ministre ? Gouverne-t-il encore ? Quant à la Constituante, elle est à l'image de ses membres ; un gros mélange hétéroclite de rhéteurs vains, soumis à une majorité obéissante, disciplinée, qui se conforme docilement aux directives des instances dirigeantes de son parti.
Cette Constituante demeure pourtant le seul lieu du véritable pouvoir... mais uniquement quand le Cheikh se tait. Bien que ne gouvernant pas, R. Ghannouchi intervient en effet sur des points précis impliquant les orientations fondamentales du pays. Il énonce des principes politiques généraux, parfois sibyllins, mais qui s'imposent à tous. Ses interventions constantes vident de leur substance les débats, mettent fin aux controverses, tranchent définitivement les polémiques. Quant à la politique étrangère, si l'essentiel des compétences est en apparence du ressort du gendrissime, les orientations générales subissent l'ascendant continu du beau-père. Alors que la Constituante avait défini pour cette phase transitoire les prérogatives de chacun des pouvoirs et établi les normes de leur exercice, R. Ghannouchi s'est approprié le modèle de direction politique du pays en incarnant le pôle idéologique de son parti, donc du régime, en se plaçant derechef en gardien des idéaux de la révolution prétendant représenter la nation tout entière, non pas dans sa diversité sociale, mais dans son «âme».
Ainsi se trouvent constituées deux instances dissociées d'un même exécutif : le pouvoir politique, qui s'incarne dans l'Etat, et le parti de la majorité. Chaque instance est soumise à des impératifs propres, chacune obéissant à sa propre logique: à l'une la gestion des affaires de l'Etat, à l'autre l'obsession de la conservation du pouvoir. Certes, il y a bien un gouvernement avec à sa tête un Premier ministre, mais il est, pour ce qui est des dossiers les plus importants, totalement inopérant tant que la tutelle du pouvoir politique est assurée par le leader du parti dont pas un seul domaine n'échappe à sa mainmise : nomination des ministres, instructions au gouvernement, gestion des crises, rappels à l'ordre et messages d'avertissements et qui est à lui seul un Etat officieux disposant selon son bon plaisir de l'avenir du pays.
Ainsi, pendant cette période encore bien indéterminée de l'élaboration de la Constitution, s'impose aux institutions de l'Etat la suprématie d'un appareil politique qui se proclame dépositaire des valeurs de la révolution et qui fait tout cependant pour neutraliser les institutions démocratiques et gommer l'espace de droit fondé sur le respect de la loi en vigueur. L'existence d'un tel conflit entre deux conceptions politiques antagonistes : celle incarnée par les institutions de l'Etat, en voie de démocratisation, et celle que matérialisent les pratiques du parti au pouvoir, traduit bien le profond malaise politique que connait aujourd'hui le pays. La Nahdha semble en effet de plus en plus impuissante d'aller de l'avant dans un contexte de saine et franche démocratie tant les institutions de pluralisme politique, de liberté d'expression et d'opinion, d'Etat de droit s'avèrent difficilement compatibles avec une idéologie par essence réfractaire à concéder la moindre liberté de pensée, c'est-à-dire à reconnaître à l'individu le droit de déterminer lui-même le contenu de ses représentations intellectuelles, morales, politiques et religieuses. Ce qui est en voie de se produire, non sans violence parfois, c'est la substitution aux valeurs de la démocratie d'un esprit de solidarité, une nouvelle ‘asabiyya, cette fois fondée sur une conception de la société qui ne voit le problème que sous l'angle du «nous» et «eux», croyants et mécréants, excommunie l'Autre et considère, dans ses extrêmes, tout à fait légitime le recours à la brutalité. Autant de conditions qui mènent tout droit à la résurgence d'un nouveau totalitarisme bien plus agressif que le précédent. Ce serait alors le remplacement d'une dictature qui s'appuyait sur le parti unique, la bureaucratie étatique, le pouvoir d'un clan ou le charisme du leader, par une théocratie construite sur une forme de pensée qui envisage l'être humain comme un sujet devant se soumettre à la seule loi de Dieu et de ses représentants.
Cette question de l'exercice du pouvoir induit inévitablement l'interrogation suivante: quelle valeur accorder désormais à la démocratie si ses institutions sont de plus en plus écrasées et vidées de leur substance? Considérant qu'un des prérequis de la démocratie est l'existence d'un large consensus sur la manière dont doit être exercé le pouvoir, la question de la légitimité d'un pouvoir qui s'imposerait à tous, qui prescrit le vrai, le juste et l'admissible tel qu'il les entend, doit être posée...et rapidement réglée. En effet, ce n'est qu'à travers des pouvoirs légitimes, ou tenus comme tels par la population, que l'on pourra fonder des modes de gouvernance viables.


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