Mlle Hayet Ben Zarrouk est sous machine depuis huit ans. Cette jeune fille âgée de 27 ans a dû quitter son boulot car ne pouvant plus adapter son horaire de vendeuse dans une librairie avec les horaires propres aux séances de dialyse. Sa maladie l'a contrainte à rester au foyer alors qu'elle est en âge de s'intégrer dans la vie professionnelle. Mais le problème ne se limite pas à cela. Pour elle, se sont les conditions lamentables dans lesquelles elle se fait faire l'épuration sanguine qui la tourmentent. «Je suis originaire de Médenine, et dans notre région, nous ne disposons, nous les insuffisants rénaux, que d'un seul centre privé d'hémodialyse. Ledit centre a été créé en tant que projet rentable et non en tant qu'établissement à même de répondre à un besoin de santé publique. La liste interminable des dépassements en est la preuve», indique Mlle Ben Zarrouk. Les conditions défavorables touchent à tous les niveaux. Notre interlocutrice évoque, en premier lieu, les équipements désuets qui continuent, un tant soit peu, à servir de machines vitales pour bon nombre de patients. «Les machines sont trop dépassées. Elles n'ont pas été rénovées depuis des lustres. Or, l'état de santé des insuffisants est tellement critique qu'il nécessite le recours à des machines de pointe pour atténuer au maximum les risques de complications ou d'éventuelles pannes. Pis encore: malgré l'état détérioré des équipements, le responsable ne cesse, à chaque fois, d'accueillir un plus grand nombre de malades. Manifestement, l'avidité matérielle prend le dessus sur la déontologie médicale», souligne notre interlocutrice. Elle ne manque pas d'insister sur le manque flagrant des conditions d'hygiène et l'état délabré de la salle d'eau. Outre les conditions matérielles, cette patiente met le doigt sur l'aspect lunatique de l'unique médecin hémodialyseur du centre qui n'hésite pas à quitter la séance en cas d'un éventuel accrochage avec le patient. «En novembre 2011, j'ai adressé une plainte au ministère de la Santé publique pour attirer l'attention des responsables sur les conditions dans lesquelles nous sommes pris en charge. Mais le médecin traitant a pris connaissance de mon acte et s'est vengé sur moi en m'adressant les pires injures. Une autre occasion lui a permis de me maltraiter: c'est le jour où il m'a demandé de venir à 9h00 pour une séance de dialyse. Or, cet horaire ne me convenait pas car je travaillais encore à la librairie. Ce n'est qu'à 13h00 que je me suis rendue au centre. Et là, j'ai dû supporter une violence verbale dont je me souviendrai toujours», ajoute la patiente. Aujourd'hui, Mlle Ben Zarrouk est sans emploi. Malgré la possibilité de se soumettre à des séances de nuit, elle n'a pas jugé bon de courir le risque. En effet, ces séances qui commencent à 3h00 du matin ne sont assurées que par un simple infirmier. Le médecin, lui, ne prend la responsabilité qu'à partir de 8h30.