Par Ali CHAABANE De nouveau, nous aimerions revenir sur la question des nouveaux diplômés en pharmacie et de la fameuse liste d'attente qui s'alourdit de jour en jour sans qu'aucune mesure ne soit prise afin de remédier à cette situation chroniquement désastreuse. A titre d'exemple, à Sakiet Ezzit, qui compte 81.728 habitants, le premier sur une liste de 52 candidats est inscrit le 11/10/2000. En effet, nul doute que la procédure en vigueur actuellement, relative à la création d'une nouvelle officine, favorise d'une manière injuste voire ridicule et même bizarre ceux qui ont déjà ouvert leur pharmacie ou ceux qui exercent carrément dans la Fonction publique. Qui peut comprendre comment il se fait qu'un pharmacien fonctionnaire, travaillant dans un CHU, a le droit de s'inscrire parallèlement sur la liste des nouveaux diplômés et de concurrencer au même titre les nouveaux sortants qui sont parfois déclarés en chômage depuis plusieurs années. Bizarre encore que le métier de pharmacien soit un métier privé comme celui d'ingénieur ou celui de médecin ou d'avocat. Car, pour tous les autres métiers, aucune restriction ou presque n'est imposée par ceux qui sont en exercice, sur la liberté de choix de ceux qui viennent d'avoir leurs diplômes... Pourquoi faut-il qu'en pharmacie certains exercent et mènent la belle vie tandis que d'autres doivent attendre plusieurs années sur des listes dont on ne voit pas le bout. Il est grand temps que cette injustice soit levée et que les préoccupations et les ambitions des jeunes diplômés soient prises en considération. Grand temps aussi que les lois qui organisent le métier soient révisées de façon radicale, pour que chaque Tunisien ait le droit de travailler sans attendre que ce droit lui soit accordé par son collègue qui, pour des considérations personnelles ou égoïstes, préfère être à l'abri de toute concurrence. Plusieurs mesures s'imposent pour que de nouveaux horizons s'ouvrent devant les jeunes diplômés en pharmacie : - Faire baisser le numerus clausus (nombre d'habitants pris en considération pour l'ouverture d'une nouvelle pharmacie), surtout dans les régions où le pouvoir d'achat du citoyen est relativement élevé (villes côtières, touristiques...), les régions dotées de centres hospitalo-universitaires ou de cliniques privées. - Faire subir un examen écrit et pratique pour décider de l'octroi ou pas de l'équivalence des diplômes de pharmacien pour tout candidat ayant un diplôme délivré dans un pays de l'Europe de l'Est, notamment - Engager un débat entre les partenaires du secteur pour se décider au sujet de l'âge limite de départ à la retraite obligatoire. Atteignant cet âge, le pharmacien doit laisser aux plus jeunes la chance de prendre le relève - Rejeter toute tentative visant à créer une faculté de pharmacie privée en Tunisie, car cela ne fera qu'empirer la situation. - Enfin, il conviendrait qu'une concertation ait lieu qui implique tous les intervenants du secteur : le Conseil de l'ordre des pharmaciens, l'Association des jeunes pharmaciens, la Direction de la pharmacie et du médicament (DPM), la Ligue tunisienne pour la promotion de la pharmacie (Ltpp), les représentants des étudiants de la faculté de pharmacie ainsi que les parents. Cette concertation devrait être organisée immédiatement pour que, dans les prochains mois, le secteur «pharmacie» prenne un nouvel élan sur des bases solides, où l'intérêt du pays prévale sur l'intérêt des personnes et que l'intérêt des jeunes prédomine sur celui des profiteurs.