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«Je ne choisis jamais...Je me laisse porter»
L'entretien du lundi : Zoubeïda Chamari Daghfous (artiste plasticienne)
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 06 - 2012

Femmes je vous aime. C'est le chant d'amour lancé par l'artiste peintre Zoubeïda Chamari Daghfous, dans une exposition personnelle à la galerie Bel Art chez Donia Bouattour. Hymne aux femmes est, en effet, le titre de cette exposition déclinant un florilège de portraits où le pinceau tel une caméra zoome sur des visages ou des bustes, occupant toute la surface de la toile : un effet de cinéma comme pour mieux sonder les caractères et faire émerger les sentiments et les émotions. Les tableaux forment un diptyque, si l'on peut dire, avec ce poème de la poétesse Malika Golcem Ben Rejeb, Hymne à la Tunisienne, qui, tel une peinture ouvre l'exposition dans un chant éloquent à la gloire des femmes battantes et engagées qui ont marqué de leur empreinte indélébile l'histoire de la Tunisie. Ces Didon, Sophonisbe, El Kahena et autres anonymes, paysannes, ouvrières, médecins, avocates, artistes, poétesses, auteures, peintres... qui, aux yeux de la poétesse, sont des «femmes assoiffées d'amour, de savoir et d'ultime perfection... Des femmes indomptables, éprises de liberté, défiant les tabous sombres, les tourments, les orages et la haine toute nouvelle sous leurs pas édifiés».
Ce qui frappe dans ces portraits de groupe avec dames, où se déclinent tous les profils et caractères, entre la jalouse, la diablesse, la rêveuse, l'amoureuse, la pondérée, l'émancipée, la délurée, la protectrice, la maternelle, l'indécise, la mondaine, la soumise, la gardienne de la cité et autres, c'est la clarté et la liberté figuratives avec lesquelles s'affichent les sujets ou les personnages. De son côté, la palette et la composition des couleurs, à la fois vives et chaudes, gaies et joyeuses, tels ces tons bleu, rouge, jaune, orange, s'harmonisent dans un même objectif : irradier de la lumière et de l'énergie, voire. L'épaisseur insufflée à ces peintures acryliques sur toiles et sur bois, grâce à l'empâtement et à l'incrustation de collage de papier journal, favorise, outre les effets que génère cette technique mixte, l'émergence du sens. Comme pour nous dire, puisqu'il s'agit aussi de poésie, que la femme n'est pas seulement l'avenir de l'homme, mais de la poésie aussi.
Par cet hommage à la femme, et en particulier à sa mère, la regrettée Jalila Chamari, militante de la première heure, notre plasticienne célèbre, en fait, la vie. Cela au temps où les adeptes de l'obscurité et de l'obscurantisme tentent de semer la mort et de répandre le néant.
Quoi de plus normal, donc, qu'une femme peintre, animée de ce qui lui reste d'optimisme, fête la vie ! L'art, la peinture ici, ne représente-t-il pas, la célébration de la vie ?
Ainsi, après plus d'une vingtaine d'expositions collectives et perso-collectives ainsi qu'une participation au festival du Printemps des arts à la Marsa, en mai 2011, Zoubeïda Chamari Daghfous trace son sillon sur la voie de la création. Pour en savoir plus sur ses credo et partis pris artistiques, nous l'avons sollicitée pour être l'invitée du lundi. Ecoutons-là.
Comment est née votre vocation pour la peinture et pourquoi sur le tard, si l'on peut dire ?
Le déclic a eu lieu à l'orée des années 1980 quand une amie et collègue, Essia Hamdi, comme moi professeur de français, a ouvert sa première galerie d'art «Atika» à Sidi Bou Saïd.
J'ai alors entamé une longue période où je courais les expositions, achetais des tableaux et des livres d'art.Ensuite, je suis passée à la pratique sur le tard, c'est-à-dire il y a une dizaine d'années, mais de manière naturelle comme si c'était l'évidence même, comme si j'avais toujours pratiqué. Mon apprentissage a été mené méthodiquement, de façon quasi académique : j'ai suivi une formation durant deux ans au Centre culturel d'El Menzah, puis dans différents ateliers chez de grands peintres pour ne citer que le regretté M'hamed Mtimet, Khaled Turki,Sylvain Monteleone, Hatem El Gharbi et d'autres.
Dans cette exposition personnelle, vous avez choisi de peindre la femme dans tous ses états, la rêveuse, la délurée, la battante, la soumise, l'indécise, la gardienne de la cité... chaque visage «croqué» déclinant son propre caractère, ses propres expressions et émotions. Quelles sont les raisons de ce choix et de cet hymne aux Tunisiennes ?
Je n'ai pas vraiment choisi ce thème, mais c'est lui qui s'est imposé à moi vu l'actualité et la conjoncture sociopolitique. De plus, avant même la révolution, j'ai toujours été interpellée par la condition de la femme et les injustices qu'elle vit et subit. Enfin, j'ai, de tout temps, si je puis dire, peint des femmes. Elles sont omniprésentes dans mon œuvre.
Quel est le lien entre la thématique de votre exposition Hymne aux femmes et le poème de la poétesse Malika Golcem Ben Rejeb Hymne à la Tunisienne ?
La poétesse et amie Malika Golcem Ben Redjeb et moi-même avions remarqué, depuis quelque temps, que ses poèmes et mes tableaux brossaient la même actualité dans une sorte de feeling évident. Ayant appris que j'organisais une exposition sur le thème de la femme, elle a sitôt écrit un poème : Hymne à la Tunisienne qui a trouvé tout naturellement une place de choix dans l'exposition.
Quelles sont vos sources d'inspiration ?
Tout peut m'inspirer une situation, un état d'âme, une actualité ...l'artiste étant une véritable éponge qui absorbe tout, transforme, transfigure, crée enfin.
Vos toiles expriment, visiblement, une idée illustrée, peut-on dire qu'à vos yeux la peinture est avant tout la reproduction du visible ?
Loin de moi l'idée ou même le désir de reproduire la réalité. Bien sûr, il semble que cette exposition ait pris le parti de montrer une certaine réalité. Mais si on regarde de près, nous sommes très loin de la figuration au vrai sens du mot. Celle-ci est informelle, c'est de la figuration libre. Il n'y a pas de profondeur, pas de perspective. La palette est tout à fait personnelle, c'est un parti pris de couleurs fortes qui claquent, qui s'imposent...
Vos sujets, essentiellement des femmes, occupent dans la majorité des cas toute la surface de la toile, façon gros plan ou plan moyen au cinéma, peut-on en conclure qu'il s'agit là d'une référence à la photographie, au cinéma et à leur technique ?
Il est vrai que cette manière de peindre se rapproche des plans rapprochés au cinéma, mais disons qu'on ne peut pas toujours expliquer ce que fait l'artiste. Cela peut être une influence inconsciente mais positive, il est sûr.
Que représente pour vous la couleur ?
La couleur, la superposition et l'exploitation de l'accident sont les éléments essentiels et présents dans la totalité de mes œuvres qu'elles soient résolument abstraites, comme dans l'exposition La Tunisie en éclats ... pour en avenir en fleurs, qui s'est tenue en mai 2011 à la galerie Semia Achour, ou alors en figuration libre comme dans la présente exposition.
Vous avez choisi des couleurs vives, chaudes et joyeuses, est-ce là une manière de peindre votre propre optimisme concernant l'avenir de la femme sous nos cieux ?
Je n'ai pas choisi ...je ne choisis jamais, je me laisse porter, comme je le dis souvent : «j'exploite l'accident », cela s'impose à moi. Je peins par superposition jusqu'à ce que cela me semble cohérent et parlant...
Pourquoi le figuratif, comptez-vous pratiquer l'abstrait ?
Je ne pratique pas la figuration comme on l'entend habituellement, mais la figuration libre ou alors l'abstraction, comme lors de ma participation à l'exposition annuelle de l'Union des plasticiens, en cours au Palais kheirredine.
Après les femmes, allez-vous, enfin, peindre les hommes ?
(Rires). Bonne question à laquelle vous me permettrez de ne pas répondre. On laissera l'avenir décider de la réponse à apporter.


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