A ces cœurs de lion qui, chaque jour, loin de nous, mais toujours en silence et souvent au péril de leur vie, veillent sur la sécurité de nos frontières, à cette «grande muette» qui sait tout et parle avec mesure, qui plus est, œuvre sans relâche à préserver l'ordre républicain, nous disons du plus profond du cœur et en toute fierté : bon anniversaire. Un 56e anniversaire pas du tout ordinaire, compte tenu du rôle de premier plan qu'a joué notre armée dans la continuité de la République et le maintien de l'ordre par les temps de rupture. Face à cette grande armée qui a su rester à l'écart des calculs politiques, refusant de se salir les mains par l'éphémère et optant pour la protection du peuple et de ses biens après une révolution populaire qui a tout bouleversé, nous n'avons qu'à nous plier en signe de respect, d'amour et de gratitude. Que peut-on dire encore en hommage à cette armée qui a refusé d'être du côté de ceux qui ont longtemps tyrannisé, réprimé et torturé un peuple pacifique ? Tout simplement, parce que les mots sont parfois impuissants à traduire les sentiments, nous lui disons : ton amour coule intarissablement dans nos veines. Cinquante-six ans durant, le dévouement de l'Armée nationale à la patrie n'a jamais battu de l'aile. Cela dit, les exploits de cette glorieuse institution ne datent pas d'aujourd'hui. Plutôt, ils remontent à l'époque coloniale où nos soldats affrontaient les armes lourdes du colonisateur à poitrine nue afin de défendre et de pérenniser l'indépendance du pays, puis, de soutenir l'Armée de libération algérienne contre l'armée française. De nos héros morts dans plusieurs batailles dont celles de l'Oued Bayech, de Djebel Ichkeul, de Djebel Gharnata, de Djebel Bargou, de Tamaghza et de Redaïef, nous gardons le souvenir et le respect transmis de génération en génération. De ces mêmes héros sont également hérités par les jeunes soldats et officiers courage, bravoure, abnégation et stoïcisme. Ce sont ces mêmes principes qui ont régi et régissent encore l'exercice de notre armée nationale pour être présente sur tous les fronts et relever d'amples défis. Toujours est-il que les interventions des forces armées ont sauvé le pays du chaos dans lequel il était plongé suite à la révolution du 14 janvier. Cela, en sécurisant les institutions de l'Etat, telles que les stations de radio et de télévision publiques, les centres d'examens et le transport des copies vers les directions générales d'enseignement, les ports et les aéroports, les gares routières et ferroviaires, les barrages, les récoltes agricoles, les centrales électriques et l'approvisionnement des marchés. S'y ajoutent consécutivement la sécurisation de l'opération électorale, l'accueil et l'assistance des réfugiés provenant de Libye et l'implantation d'hôpitaux de campagne. Innombrables sont les réalisations de l'Armée nationale. L'on se rappellera toujours, notamment, de ses interventions au profit des sinistrés du nord-ouest tunisien lors des dernières inondations. Grâce à ces interventions on a pu secourir des centaines d'hommes exposés au danger des crues des oueds provoquées par d'énormes chutes de pluie et de neige. Tout cela pour dire en réponse à ceux qui ne font que pêcher en eaux troubles que malgré les campagnes de mise en doute, ciblant la loyauté de l'Armée nationale à la patrie, cette dernière demeure une sommité, voire une ligne rouge qui, quoiqu'elle sache bien se défendre, les Tunisiens, pour leur part, défendront jusqu'au dernier souffle. Car ils ont aujourd'hui, plus que jamais, faut-il le dire, la certitude que lorsque tout va mal, seule leur armée aura le courage et la volonté de les couver comme couve la mère son bébé. De là, bon nombre de Tunisiens s'interrogeraient peut-être sur la nature du rôle que peut jouer l'Armée nationale, non seulement dans la transition démocratique et face aux profondes mutations géostratégiques marquant le monde en général et la région du Maghreb arabe en particulier. Comme l'atteste l'événement récemment survenu sur nos frontières (destruction par l'armée nationale de trois camions chargés de différentes armes lourdes dans la région de Stah Lahsan à Tataouine), les menaces sur la sécurité nationale ont pour noms : terrorisme, prolifération d'armes dans les zones frontalières, crises régionales et délitement d'un Etat voisin, pauvreté et probables futures épidémies. Toutes ces données poussent à songer aux stratégies d'adaptation aux réalités locales, régionales et mondiales que compte élaborer l'Armée nationale, pour finalement moderniser ses outils de travail et ses équipements, tout en réalisant que le pragmatisme est un outil éminemment moderne dans la gestion des relations avec autrui, dans ce monde en perpétuel mouvement. Qu'en diront les experts ?